Peut-on imaginer véhicule plus classe et pratique qu’un corbillard ? Son coffre spacieux permet d’embarquer la sono et le matos du groupe, d’emmener aux moins six ou sept copains (copines) en vadrouille, d’y dormir lors des festivals où l’on n’avait pas envie de réserver une place au camping (évidemment y installer commodités et eau courante est peut-être moins aisé, ce n’était pas prévu pour au départ). Trop facile d’aller pécho avec ces cylindres chromés, ce châssis noir jais, ces gentes argentées et de finir le jeu de la bête à deux dos dans un intérieur confortable tendu de velours rouge…Tout est ensuite question de finition: une chauve-souris ou du flaming sur le capot, des crânes en guise de loquets, un crucifix pendu au rétroviseur, quelques gadgets tiki et une sono d’enfer. La mort est présente sous bien des aspects sur G.O.D.; dans la tribune gothabilly, on s’en amuse. A l’image de ce goth thanatopracteur texan (dans un reportage sur Arte voilà bien 16 ans) expliquant sa fascination pour le mystère de la mort et le fun qu’il y trouve. Parquant son corbillard professionnel, le mec monte dans son propre corbillard légèrement customisé pour aller retrouver ses amis, eux aussi fiers propriétaires de similaires machines et tout ce petit monde d’aller se rincer le gosier en écoutant du gothabilly à fond. Vous n’êtes pas fan de contrebasse ni de punk et les interminables bananes colorées vous effraient ? Ce sous-genre est fait pour vous. Moins rapide, plus groovy, plus sombre, il conjugue en ses lignes la fougue électrique du rockabilly et de la surf music avec un univers gothique porté spécialement sur les monstres et le macabre, avec une bonne dose d’humour en prime car la mort, ce n’est pas si sérieux. Autant la danser. Voilà ce que vous propose le premier volume de la série ‘Gothabilly’ de chez Skull Records (qui en compte trois). Sans être exhaustif, le panorama dressé est complet et varié, témoignant des différentes approches d’un même style. On retrouve le style glauque et lent de Deadbolt, version macabre du twang de la surf music, des goths qui jouent du rockabilly (Cult of the Psychic Fetus), une version country caverneuse pour Phanotm Cowboys, un zeste de sensualité féminine (Empress of fur), des trucs quasiment horrorpunk (Thee Hallowteens, The Independents), psychobilly (Barnyard Ballers), la pointe dandy de The Deep Eynde, le groove 60’s de Mr Badwrench. C’est dire si la palette est variée malgré le point de départ commun. Tout n’est pas excellent mais rien n’est mauvais, tout au plus dira-t-on que les formations plus horreur punk sont anecdotiques. On retiendra les fers de lance que sont Deep Eynde et Deadbolt mais aussi Mr Badwrentch, Empress of Fur, Phantom Cowboys et Psychonauts plus lourds, assez proches des manières de camionneurs de Psychocharger…Hop, c’est parti, creepers léopard, rimmel noir, banane jais avec mèche blanche, redingote de fossoyeur avec les pierres tombales pour dancefloor ! 4,5/6