Frank Zappa › Baby Snakes

Les journées sont trop longues. Elles sont devenues des mois, puis des années. Voilà des décennies maintenant que l'on nous promet, par l'entremise d'un spot publicitaire des plus aguicheurs, la sortie en vidéo du concert des Mothers au Roxy ; plus de quatre heures de musique ! La quintessence de Zappa, et la meilleure incarnation des Mothers... En ce mois d'août 2005, il n'y a toujours aucun signe d'espoir qui se dégage à l'horizon. Je fêterai peut-être bientôt mon cinquantième anniversaire sans que mon plus grand souhait ait été comblé. Ou alors aurons nous tous déjà disparu de la Terre suite à un cataclysme intergalactique... Alors pour tempérer ma colère, je compense comme je peux avec "Baby Snakes". Autre chose que sa version cd, ce concert. Je dirais même : "Baby Snakes", en image, est incontournable ! Ce pamphlet au sujet de gens qui n'agissent pas de manière ordinaire remplit parfaitement son contrat en nous proposant trois heures de folie pure, pour les yeux et les oreilles. Il y a d'abord le côté dada de Zappa qui s'exprime, avec les multiples animations en pâte à modeler de Bruce Bickford, façon "Sledgehammer", mais en beaucoup moins consensuel. C'est la grosse première partie du film qui, à ne pas en douter, va en décourager plus d'un. Inutile de chercher une logique à tout ça, il n'y en a pas. Les plans séquences se suivent, entrecoupés par des mini reportages de Zappa en tournée et des blagues de potache que peuvent se faire entre eux les musiciens. Si les plus téméraires parviennent à passer ce cap, ils seront triplement récompensés par la prestation live donnée au Palladium par Zappa en pleine période d'Halloween. Un festival, moins par le choix des titres, que par la prouesse des instrumentistes qui l'accompagnent. Il y a une effervescence sur scène et dans la salle tout simplement prodigieuse, et Zappa, en excellent entertainer, ne se fait pas prier longtemps pour en rajouter une couche. Terry Bozzio vole presque la vedette à ses autres camarades, dans son rôle absolument étourdissant de batteur/chanteur fou. Mais ce n'est pas tout ; cette édition a été soignée dans ses moindres détails, incluant un copieux faux dossier, photos, revues de presse et autres gadgets qui rendent l'objet absolument délicieux... "Baby Snakes" ; déclaré d'intérêt général.