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Rudy Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, New Jersey, USA, 9 décembre 1964
John Coltrane (saxophone ténor), Jimmy Garrison (contrebasse), Elvin Jones (batterie), Mccoy Tyner (piano)
Le disque jazz le plus célèbre de tous les temps n'est pas un album, mais un temple. Et dans ce temple résonnent encore les échos d'une prière qui a fait tourner la tête de nombreux pêcheurs et qui continue encore de nos jours à convertir un grand nombre de brebis galeuses. En grand sage, John Coltrane ne s'est jamais laissé dépasser par les événements. Souvenez-vous du sombre "Crescent". Le cri était déjà là mais la chair humaine se sentait peut-être encore trop faible que pour copuler avec l'éther. Mais pouvait-il seulement se douter que ce disque de rien allait bientôt devenir une Bible que tout un chacun serait à même de pouvoir en tourner les pages avec la plus grande des fébrilités ? L'art de Coltrane se révèle ici par sa désarmante simplicité ; techniquement toujours sur la brèche, bien décidé à tirer le meilleur parti de cette extension de lui-même qu'il tient à bout de bras, la musique de cet homme simple qui revient de nulle part s'extirpe d'un brouillard tenace érigé par quatre simples notes et devient, comme par enchantement, sous les assauts appliqués et répétés d'un groupe qui ne parle que d'une seule voix, un parterre de possibilités quasi illimitées qui va pousser la complexité harmonique dans ses derniers retranchements. Mais John Coltrane n'est pas seulement le gardien de ce temple. Il en est aussi le souffle. Avec de telles perspectives, il explose l'échelle de l'expressivité et ce sont alors Parker, Coleman et Rollins qui ne font plus qu'un, la rencontre du bop, du free et du modal dans une musique qui part du sol et qui vous tire vers le haut, inexorablement. "A Love Supreme" ne consolide pas les différences, elle les synthétise. "A Love Supreme" explose aussi l'assertion de Gary Giddins selon laquelle le jazz serait, par essence, le lieu d'un conflit permanent entre un désir de liberté jamais inassouvi et un constant besoin de discipline. "Une seule pensée peut générer des millions de vibrations et elles vont toutes à Dieu. Aucun chemin n'est facile mais tous mènent à Dieu." Amen.
note Publiée le vendredi 25 novembre 2005
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oui on pense tout de suis à Blue Note pour ses pochettes saillantes, mais Impulse... Meme aujourd'hui en CD ils sont classes. Impulse a détroné Halloween.
C'est vraiment le Kind of Blue de Coltrane (même si bon, objectivement c'est quand même un peu plus velu). Ça glisse dans le coeur, y a comme une évidence dès la première écoute, bien que ça soit quand même assez "impressionnant" (Elvin Jones est ahurissant, le super-carburant du quator) aussi, mais sans jamais être intimidant comme parfois le Trane peut l'être. Bon, puis la pochette, quoi, une des plus belles et classes tout genre confondu.
réponse à Cinabre ici, parce que je commence à avoir l'oeil pour les déviations de pages de comms : https://www.gutsofdarkness.com/god/crypte.php?new=0&forum=1#
Bah ceci-dit du Monk y'en a déjà Ici... Proggy avait commencé à en causer (Monk's Music, et l'album "partagé" avec Miles Davis à Newport, qui présente en fait deux sets distincts, où les deux ne se rencontrent pas...) et j'avais continué un peu. Et y'en aura d'autres de ma part tôt ou tard, c'est sûr.
Et oui, Monk faudrait vraiment qu’on en parle un jour.