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Sonic Youth › Sonic Youth

cd • 13 titres • 57:34 min

  • Sonic Youth
  • 1The Burning Spear3:28
  • 2I Dreamed I Dream5:19
  • 3She Is Not Alone4:07
  • 4I Don’t Want To Push It3:36
  • 5The Good And The Bad7:56
  • Early Live
  • 6Hard Work3:19
  • 7Where The Red Fern Grows5:47
  • 8The Burning Spear3:23
  • 9Cosmopolitan Girl3:35
  • 10Loud And Soft6:48
  • 11Destroyer5:32
  • 12She Is Not Alone3:29
  • Early Studio Track
  • 13Where The Red Fern Grows6:45

informations

Plages 1 – 5 (12" original), enregistrées au Radio City Music Hall, N.Y.C., en décembre 1981/janvier 1982 par Don Hünerberg, produites par Sonic Youth. Plages 6 -12 enregistrées (sur cassette) par Dan Graham, le 18 septembre 1981 au Music for Millions Festival, New Pilgrim Theatre, N.Y.C. Plage 13 enregistrée aux Noise N.Y. Sessions, octobre 1981

L'édition CD ici chroniquée regroupe sur un seul disque le premier E.P./12" (homonyme) du groupe, un concert donné quelques mois plus tôt à New York et un morceau instrumental enregistré à la même époque par le groupe en studio - en fait une ébauche de ce qui deviendra I Dreamed I Dream.

line up

Richard Edson (batterie), Kim Gordon (basse, voix, guitare sur 5), Thurston Moore (guitare, voix), Lee Ranaldo (guitare)

chronique

La jeunesse versatile, toute première, encore fraiche… On y joue, de l’un à l’autre, à se jeter des bouts d’énigmes disparates, sans chercher à savoir ce que pourrait peser l’une ou l’autre réponse ; dans l’instant, on saute, on s’élance d’un monde… (Fucking Youth) Kim Gordon a la voix claire, enfantine pour de bon, pas encore infiltrée, troublée par la brume, l’angoisse attirante, l’érogène ennui qui la voileront bientôt ; quand elle se piquera de brailler ou de tomber en murmures juste à côté de la note… La seconde suivante on se reçoit, compact, dans une autre pièce ; roulé-boulé, salto, pied ferme, hop ! La tête illuminée de vertige. L’idée ne s’épand pas en œuvre étale ni phases articulées. Elle file et rebondi, tourne sur elle même pour se faire danse. De chacune des cinq plages attrapées ici en studio, en ces débuts au son efflanqué, direct – les complexes d’effets imbriqués, tuilés, maillés, surgiront plus tard, dans d’autres vies ; de chacun des bouts lancés là – ambiances débitées crues, poussées aussi fort qu’il se peut, tournoyées aussi loin mais pas encore triturées, déployées – pourrait naître un courant, une tendance, telle ou telle sous-branche d'un genre sous-terrain ; ou tout au moins : un disque entier ; chacun pourrait faire style. Ici, des guitares carillonnent, mélodies de cristal fêlé aux altérations gracieuses, déjà, encore point trop marquées de méandres inquiets ; qui se tricotent sommairement, lignes simples et tordues entre Moore et Ranaldo ; là, des stries abrasives déchirent la ritournelle, en traces rouges et dégoulinures brûlantes ; Thurston crie comme ça vient, des bouts de textes écrits pareil, sans doute ; Kim invente à l’usage de tous sa variante personnelle du martèlement déhanché avec, en sus, ce qu’il faut de rampant quand la lumière l'induit ; la batterie trébuche souvent mais ancre le mouvement, fait pivot comme elle peut, comme il faut. Et certes, de certaines des techniques - non orthodoxes, ô combien, et encore balbutiantes, c’est audible - de certains des fragments qui affleurent là, le groupe fera bientôt - ou bien plus tard - florès. Raffinées, dénudées, portées aux exactes vitesses, les guitares tintinnabulées en motifs mineurs, désaccordés, feront ossature au milieu du chaos, des minutes durant ; les houles de cordes frottées et de cymbales secouées feront trouées de lave ou d’eaux glaciales au cœur des cycles, à la saignée de l’une ou l’autre épiphanie de pop maltraitée ; les jeunes gens – seul Richard Edson, le batteur, ne serait pas de la longue aventure – allaient apprendre : à développer, à se faire insidieux, à retenir le feu jusqu’au point d’explosion ; mais pour l’instant, ils n'ont pas le temps ! Ils balancent, frontalement ou bien dans tous les sens. Ils cherchent mais ne le savent pas, peut-être, croient seulement saisir des bribes d’âge et d’atmosphères, ramasser des gravats en joyeux projectiles. (Working Youth). D’un jour sur l’autre, tout change ; d’un soir au suivant, on joue sans savoir forcément si c’est la même chose ; on prend tout ce qui fait flèche ! Le concert qui fait suite – sur l’édition CD – à ce court premier album tel que paru à l’époque en vinyle – enregistré en fait quelques mois plus tôt – en porte trace. On ne saurait dire, de ce répertoire, quelles sont les parties qui s’improvisent dans l’instant, ce qui tient de la jam torturée en répétitions plus ou moins innombrables, de l’écroulement structuré en amont, question de jours ou de mois avant de toucher la scène. Les versions des morceaux qui finiront sur l’album ne claudiquent pas tout à fait d’un mêmes pas, s’enfoncent différemment, par variation de cognées ; elles débordent, bouillonnent, font toile émeri contre la peau de qui veut s’y frotter ; l’urgence tient de la ruée ; le groupe envoie tout par paquets, en explosions d’énergie qui retombent en rafales de poix sur le public ou viennent le fouetter en gifles déferlées ; la puissance des assauts tient en leur délitement même - on en est pas encore, non-plus, aux sprints punk hardcore (même dévoyé...) qui viendront de temps à autre, ailleurs, percer les submersions. D’un ensemble à l’autre – soir de scène et course en studio – rien ne se targue de continuité. Tout bouge par secousses différenciées, vibrations qui d’un lâcher à l’autre ne cherchent pas à se faire écho. La ville aux caves de quoi se jouent les bruits, l’époque grise autour, ne seront jamais moins explicites, moins ouvertement lisibles – on ne sait rien ici de ce que veulent ces trois gars et une fille avec leurs allures désinvoltes et flippées – qu’à ces prémices en mouvement ; tout au plus, on sent que quelque chose en est de trop, qu’il est temps d’expulser au milieu de semblables, que ce moteur s’emballe pour renverser… Quoi ? Eux-même le savent-ils ? On vous l’a dit, on en fera bientôt titre : cette course là épouse la confusion. Et pourtant, rien ne lasse. Parce que dans ce foutoir instable, Sonic Youth navigue à vue, à la vélocité exacte du remous, sans jamais choir ni s’étaler ; parce qu’aux infinies possibles et variables de l’éboulis, ces quatre freluquets dont une dépenaillée empoignent toujours d’instinct – ou du moins peu s’en faut – les pierres les plus séduisantes, le contondant aux formes qui intriguent le mieux. La jeunesse, à ce point précis de sa course, ne sait rien qui ne soit l’instant et ne s’alourdit jamais d’un doute. Elle donne à corps perdus puis s’en va sans fatigue. Ça n’allait pas durer, il faudrait donner suite ; et c’est toujours ainsi que ça continue : rien ne s’emporte, rien ne se lance qui puisse en ressortir parfaitement intact. Il y aurait donc histoire. Mais pour l’heure tout est là, tel quel. Et dans l’air coupant et sale qui s’étend par dessus les têtes, sur cette photo grise aux visages encore flous, passe de corps en corps l’ivresse qu’on ne respire qu’aux tout premiers matins.

note       Publiée le dimanche 28 août 2011

chronique

Un rythme post-punk chaloupé, une ligne de basse bien groove, quelques breaks de batterie funky… Attendez, c’est bien le premier Sonic Youth ? Oui oui, celui-là même qu’ils ont pris soin de ne pas rééditer pendant des années, laissant croire que Confusion is Sex était leur première sortie. Mais des errements, même Sonic Youth en a connu. Ce très étonnant et dansable Burning Spear, au titre inspiré par le groupe de reggae (Sonic Youth est bien la contraction de Fred Sonic Smith et de Big Youth, le reggaeman jamaïcain), est le plus black des titres d’un groupe très blanc. En toute logique, cette année là, Sonic Youth sonne comme la no-wave discoïde qui est en train de s’inventer à New York. Celle-là même qui donnera le hip-hop, ESG, Arthur Russell, Liquid Liquid, les Bush Tetras, etc… Bon, les soniques jeunots n’en sont pas seuls responsables, avouons-le : le métronome qui tombe à pic s’appelle ici Richard Hamilton. Comme pour George Hurley dans les Minutemen, ce batteur n’était venu que pour aider à boucler les sessions du premier disque, et s’est avéré largement supérieur au groupe, techniquement (étant un musicien de studio, cela n’a rien d’étonnant), apportant une vélocité dure et funky à l’ensemble. Du coup, le groupe peut se lancer dans la construction minutieuse de cathédrales de tension, une brutalité calculée comme ciment. On peut déjà voir, sous cette peau minimale, les infrastructures nerveuses qui feront tout le malaise de leurs réussites futures (I Dreamed I Dream, si transparent qu’on y perçoit le rêve dans le rêve, c'est-à-dire la voix de Ranaldo enterrée dans le mix, résonnant au fond…). Il y a même une concession à la mode des rythmes afro qui déferle alors comme la malaria sur le riche monde en ces années 79-82 (She’s not alone… Je sais pas vous, mais moi je préfère pas savoir avec qui elle est). Il faudra du temps avant que Sonic Youth puisse se repayer un aussi bon studio, avec un son aussi limpide. Le temps, et l’envie, aussi… Elle ne viendra qu’avec le contrepied de Experimental Trash Jet Set and No Star. Au passage, le live en bonus n’a qu’un bref intérêt : celui d’entendre pour une fois Sonic Youth sonner comme Teenage Jesus & The Jerks (qu’ils namedropperont encore 20 ans + tard), c'est-à-dire comme un groupe de no-wave pure, bruyant et irascible. On peut y voir la transition avec l’album suivant, mais Thurston Moore n’avait pas encore découvert la scène hardcore US, celle qui allait changer sa vision de la musique…

note       Publiée le lundi 17 octobre 2011

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ah ben cool... Puisse la suite te causer autant ! (Enfin, au moins une partie, vie la taille de ladite).

    SEN Envoyez un message privé àSEN

    La partie Live est même carrément énorme, quel prolongement ! c'est une vrai révélation pour moi !

    Message édité le 19-01-2024 à 22:29 par SEN

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    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    C’est un vrai galop d’essai. Beaucoup de CBGB encore là-dessus. La partie Live en bonus ouvre un horizon. To be continued, en somme.

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    Voilà un groupe auquel je me suis jamais intéressé.... et à la première écoute de celui ci (histoire de commencer par le début) ben ça attise carrément ma curiosité ! En réalité j'ai toujours pensé que c'était un groupe des années 90 affilié à la mouvance Nirvana ! Je suis un peu sur le cul à l'écoute de ce premier album pour tout dire !

    Message édité le 19-01-2024 à 22:09 par SEN

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Le batteur est parfait sur ce premier Sonic Youth, que ce soit des choses très rythmiques, dansantes ou répétititives,ou bien ce break avec les roulements dans the good and the bad. Il y a vraiment une ambiance sur I dreamed, sur la dernière, sur She's not alone, atmosphérique comme disait Jumbo, triste comme les premiers Cure qui etaient fraichement sortis.

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