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Robert Wyatt › Rock Bottom
informations
The Manor, Delfina's farm et CBS Studios, Londres, Angleterre, 1974
Il s'agit du pressage cartonné japonais en série limitée
line up
Laurie Allan (batterie), Alfreda Benge (voix), Ivor Cutler (claviers, voix), Mongezi Feza (trompette), Fred Frith (piano, violon), Hugh Hopper (basse), Mike Oldfield (guitare), Richard Sinclair (basse), Gary Windo (saxophone ténor, clarinette), Robert Wyatt (guitare, batterie, claviers, chant)
chronique
Quel plus grand drame pour un musicien, et pour un batteur en l’occurrence, que de perdre l'usage de ses jambes ? Après une soirée un peu trop arrosée, Robert Wyatt est victime d'une chute qui bouleversera sa vie à tout jamais. Le raccourci facile et tellement consensuel qui voudrait que ce "Rock Bottom" soit l’œuvre résultante d'une telle crise de conscience, comme le pansement qui viendrait recouvrir la plaie, est erroné. Wyatt travaillait déjà à l'écriture de cet album avant que la catastrophe ne survienne. Mais à la lumière de cet incident, il est indéniable que le disque se nourrit d'une aura toute particulière. A l'image de sa pochette d'un blanc clinique où l'on devine les ombres d'un dessin enfantin, "Rock Bottom" est tout simplement bien plus qu'un disque. C'est un livre de chevet. L'émotion à l'état pur. Un fragment de vérité qui nous triture les tripes, à la beauté d'une profondeur abyssale. Ce "Sea Song", en ouverture, en est le parangon ; sous ses allures de chansons pop minimale douce amère, Wyatt nous relate une histoire sans queue ni tête, surréaliste, qui bascule tout à coup dans l'inconnu, qui vous agrippe et vous entraine avec elle dans son irrésistible mélancolie qu'il nous invite à partager avec lui. C'en est presque indécent d'être amené à vivre un tel degré d'intimité, dérangeant mais tellement troublant lorsque Wyatt supplie plus qu'il ne chante sur des nappes de voix angéliques qui ne viennent d'on ne sait où. Cette souffrance qui est sienne devient nôtre. La suite "Alifib/Alife" est l'autre grande pièce névrosée du disque qui s'avance vers nous dans une ambiance de folie douce où Wyatt, en susurrant sans discontinuer le nom d'Alifib, crée la rythmique même du morceau sur laquelle elle repose toute entière. Quant sa coda, "Alife", arrive, le paysage se transforme, devient carrément schizophrène, et ne résiste pas aux interventions possédées d'un monumental Gary Windo, époustouflant de rage contenue. "Rock Bottom" surplombe tous les disques pop du vingtième siècle sans partage. Il est soit adulé, soit incompris. Pas un chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre : LE chef-d’œuvre.
note Publiée le jeudi 30 mai 2002
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commentaires
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- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Un dernier pour la route…….Il faut admettre que ce disque m’éloigne des autres. Ceux qui sont insensibles à ce disque.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
"We're not alone"
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- SEN › Envoyez un message privé àSEN
Génial ! Merci pour le lien !
- Note donnée au disque :
- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
France Culture ressort une émission de 92, où ce Robert-là revient sur sa carrière, son travail, Soft Machine.... David Aellen est là, Jean-Louis Murat aussi, mais surtout la musique et la voix de Wyatt.
- Note donnée au disque :
- Dun23 › Envoyez un message privé àDun23
Tiens, je lis ton com Nicko et je te comprends totalement. Moi non plus, cela n'a pas été immédiat. La question est: combien de temps veux tu passer à écouter quelque chose qui pour toi est bof, sachant que le déclic peut ne jamais venir mais que s'il vient, ce sera juste immense?
- Note donnée au disque :