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Einstürzende Neubauten › Lament

  • 2014 • Bmg music 538013752 • 1 CD digipack

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Membre Note Date
taliesin      samedi 14 mai 2022 - 10:59
Shelleyan      jeudi 12 mai 2022 - 22:05
torquemada      jeudi 12 mai 2022 - 23:39
Demonaz Vikernes      vendredi 13 mai 2022 - 11:04

cd • 12 titres

  • 1Kriegsmaschinerie
  • 2Hymen
  • 3The Willy-Nicky telegrams
  • 4In De Loopgraaf
  • 5Der 1. Weltkrieg (Percussion version)
  • 6On patrol in No Man's Land
  • 7Achterland
  • 8Lament: Lament - Abwärtsspirale - Pater Peccavi
  • 9How did I die ?
  • 10Sag mir wo die Blumen sind
  • 11Der Beginn des Weltkriegs 1914 (Dargestellt unter Zuhilfenahme eines Tierstimmenimitators)
  • 12All of No Man's Land is ours

informations

andereBaustelle Tonstudio, Berlin, Allemagne.

https://neubauten.org/

line up

Blixa Bargeld (chant, voix, piano, orgue, boîte à rythmes, clochettes, tuyaux, guitare), Alexander Hacke (guitare, percussions, mellotron, électronique, basse, tuyaux, sifflotements), Jochen Arbeit (guitare, percussions, choeurs, cymbales, tuyaux), N.U. Unruh (percussions, chant, tuyaux, harpe en fil barbelés, choeurs), Rudi Moser (percussions, cloches, électronique)

Musiciens additionnels : Alexandra Paladi, Olga Park, Leila Akhmetova, jonathan Mesonero (violon), Natalia Costiuc, Jan Tillmann Schade (violoncelle), Alexander Tarbert (contrebasse), Alexandra Marin (viole),

chronique

Certes Einstürzende Neubauten n’ont jamais fait une musique facile d’accès mais concernant ‘Lament’, je ne connais personne qui l’ait apprécié du premier coup. Impossible non plus de se faire une juste idée en grapillant des extraits, il faut l’écouter d’un tout. L’explication est que pour la première fois nos Allemands nous livrent un album concept. Etonnamment, bien qu’ils en aient le profil, ils ne s’étaient jamais réellement engagés dans le processus. Le thème ? La première Guerre Mondiale amorcée cent ans plus tôt. Si niveau rayon des horreurs elle est parfois légèrement occultée par rapport à la suivante et son abominable génocide juif, elle n’en demeure pas moins une belle boucherie absurde qui aura non seulement renversé un certaine visions de la guerre mais aussi un ordre social alors en pleine ébullition. Vaste sujet donc. L’intro est parlante puisque le disque démarre par une nappe froides constituée de grincements, frottements, raclements, d’abord imperceptible, qui enfle de plus en plus comme une bête monstrueuse s’avançant lentement. ‘Hymen’ qui reprend le ‘God save the King’ en mêlant les langues, montrant ironiquement avec quelle légèreté on a fait passer avec enthousiasme ce qui d’un exercice de style allait se transformer en une effroyable boucherie dont l’Occident ne s’est encore pas complètement remis. Plus que sur les autres travaux du groupe, les paroles vont se révéler un axe déterminent dans l’intention artistique. Gardez cela en mémoire pour savourer l’ironie de ‘The Willy-Nicky telegraphs’ qui débute pourtant comme une drôle de techno transe indus ultra dépouillée aux remugles pop. Inspirée d’échanges entre Guillaume II d’Allemagne et le tsar de Russie, elle inspire lors des premières mesures un froncement de sourcil dubitatif avant de se révéler une pièce plutôt jouissive avec un final franchement plaisant. Rythmique binaire entrecoupée de grincements sonnant comme des instruments nobles distordus. Le rythme justement; il n’est clairement pas l’élément riche (malgré un jeu de percussions développé) de ce disque (voilà peut-être ce qui le rend si peu aisé d’accès), le pouls général ne varie pas énormément. A l’image de ‘In de loopgraf’, les rythmique suggèrent, se travestissent en atmosphères, même si la suite du morceau se mue en véritable tambour de guerre lent accompagnant la récitation, rappelant à quel point la musique industrielle a su s’inspirer des musiques du monde. Idem pour ‘Der 1.Welkrieg’ consistant en une liste de pays, de régions et de villes sur fond de percussions; le ton est monocorde et pourtant le combo parvient à rendre cette liste non chiante grâce à des agencements subtils dont il a le secret. Tout de force de plus de dix minutes avec peu de variations apparemment mais tout en subtilité, hypnotique et dense à la fois. Les échanges vocaux de ‘On patrol on No Man’s Land’ surprendront, il faut les prendre comme un dialogue théâtral avec accompagnement musical, un peu comme sur ‘Die Hamlet Maschine’, en beaucoup moins ambient. L’aspect atmosphérique est pour le titre suivant qui m’évoque volontiers certaines pièces radiophoniques dans leur aspect suggestif, presque effrayant,. A ce stade du disque, ‘Lament’, un peu comme une oeuvre dans l’oeuvre, va bouleverser les codes. Première partie purement dark ambient, violemment interrompue par un lâcher de percussions, avant que la trame ne reprenne pour laisser place sur le troisième moment à des accords funèbres et mélancoliques sur fond d’ambiance religieuse. Une merveille, un monde en soi, un ‘répit’ avant la reprise de la trame narrative principale car voilà l’impression qui se dégage; celle du récit d’événements, de réflexions, de conséquences, tout dans la même platée. ‘How did I die ?’, d’ailleurs, sonne comme du cabaret blues évoquant volontiers Nick Cave (le placement vocal de Blixa Bargeld évoque à 99% celui de son pote), ce que ne démentiront pas les cordes en pleurs enrichissant progressivement la chanson, impression véhiculée encore par la composition d’après. Blixa, parlons-en justement. Pour un mec qui improvisait limite ses textes et hurlait ce qui lui passait par la tête au départ, il a aujourd’hui une diction impeccable à faire pâlir n’importe quel acteur de théâtre, ce qu’il prouve avec brio sur ‘Der Beginn des Weltkrieges’ récité manière ‘La ferme des Animaux’ avec force meuglements, bêlements, cancanements, aboiements, et une ironie de ton ultra mordante. Ironie reconduite par l’ultime pièce sonnant comme une chanson de guerre/amour à boire mais dont le vitriol des textes remplace le whisky… Un disque que je ne comptais pas acheter mais qui écouté attentivement comme un tout (à plein tubes chez le disquaire qui plus est) révèle le doigté ahurissant du groupe, sa maîtrise de son art et de la portée du thème évoqué. Long parfois sans doute, jouant avec l’absurde, à l’image du sujet traité…

note       Publiée le jeudi 12 mai 2022

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    taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

    Mon favori dans les derniers sortis - MAIS je n'ai pas encore eu la chance d'écouter Alles in Allem !

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    torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

    L’album était joué quasiment en entier, ça m’avait aidé à y accrocher.

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Pas facile d’accès mais juste pour la diction parfaite de Blixa comme tu le soulignes : ça vaut le coup. Une des meilleures choses qui aient été produites à l’occasion du centenaire. Ca avait ete mis en scène pour des concerts je crois à l’époque ?

    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Disque d'un ennui incroyable. Reste "How did I die ?", morceau magnifique mais qui ne suffira pas à couvrir les lamentations (oh oh) de l'auditeur.

    Note donnée au disque :