Neubauten brut sur scène à prix décent ? C’est là que ça se passe avec cette réédition d’une K7 produite par le label ROIR groupant 8 pistes enregistrées en divers endroits d’Europe (Belgique, Allemagne, Hollande) entre 1980 et 1983. Brut ? Animal même, au sens noble du terme. Le groupe qui en est à ses débuts paraît bannir l’idée même de mélodie pour présenter des performances aux allures de rituel tribal: tout n’est qu’incantations, déclamations, cris, coups, battements, bruits, sons… Pas aussi bordélique que ne le laisserait supposer cette succincte et trop facile description, intense plutôt. Le son n’est certes pas excellent mais il est très correct et participe à cette impression cérémonielle telle qu’on pouvait la trouver chez le Psychic TV scénique des débuts notamment. Les percussions sont bien présentes mais pas aussi martelantes qu’on pourrait le croire, sans réelle fonction rythmique, grande part étant laissée aux frottements, bruissements, textures , avec parfois de lointaines colorations ethniques ainsi l’excellent et envoûtant ‘Armenisch bitter’ ou ‘Durstige Tiere’. La basse est peu présente, la guitare encore moins malgré un deux rugissements, l’impression, du moins sur les titres sélectionnées est que les percussions dans leur diversité sont aux services du chaman Bargeld, lui-même perdu dans sa propre transe. Cette compilation permet aussi de mettre en avant un aspect très dark ambiant, rampant, de l’industriel des Allemands à leurs départs. On réalise à quelle vitesse la troupe s’est structurée, comme ses lignes de composition se sont affinées quittant le domaine de l’improvisation pour y gagner en énergie percussive. L’intérêt de ‘2X4’ (référence aux quatre morceaux par face de la K7), c’est de découvrir une facette du combo inédite en album, une forme de chamanisme urbain célébré dans le béton en ruines et les ossatures rouillées dans sa forme la plus spontanée, bestiale, avec un grain sonore idoine, sans trop de production. Bon format, pas trop long, jouissif.