Einstürzende Neubauten › Weingeister

Qu’est-ce que l’art est supposé exprimer ? Quel est son rôle ? Qu’est-ce que l’art ? Débat sans fin sur lequel nous n’allons pas nous pencher ici; il est cependant certain que pour appréhender ce disque, il faut être curieux ou ouvert quant aux limites de la musique. A l’image d’artistes telle que Warhol, Einmstürzende Neubauten sont capables de transformer n’importe quelle situation de la vie en oeuvre, d’autant qu’en dandys respectables, ils savent y mettre les formes. ‘Recording of the performers drinking wine together, as captured via contact microphones on their throats, their glasses, the table they were sitting at, and various other things.’. Voilà. Chaque titre correspond à une bouteille précise. Inutile de raconter des bêtises, une bonne part de ces enregistrements consiste en bruits de ‘glouglou’, de froissements étouffés, heurts des verres, d’où émergent pourtant quelques éclats de grâce à la magie fragile tels que les cristaux chantants de ‘2004 Moscato Giallo / Manincor, Alto Adige’ ou ‘1997 Cuvée Annamaria Clementi / Ca' Del Bosco, Lombardia’. Certain(e)s crieront au foutage de gueule mais l’expérience demeure piquante et intéressante, sans doute plus dans son processus que son aboutissement, encore que… Des pièces telles que ‘1995 Brunello Riserva / Col D'Orcia, Toscana’ dégagent quelque chose d’une étrange féérie hors du temps de par leurs résonances réellement jouissive sans snobisme de mauvais aloi. Inutile pourtant d’aborder ‘Weingeister’ (de même que plusieurs travaux ultra expérimentaux du groupe) comme un simple cd à acheter et à écouter, plutôt comme une oeuvre d’art (un peu répétitive malgré tout) qui à mon sens remplit parfaitement son rôle puisqu’elle nous révèle à quel point tout geste banal peut devenir spécial quant on sait utiliser son imagination et briser les cercles trop restreints des limites de la normalité.