Si vous pensiez pouvoir vous contenter de la "Box" de 93 concernant les raretés de la galaxie Jourgensen, c'est raté. Ce "Side Trax" est tout aussi indispensable. Dans le genre témoignage du syndrome "touche-à-tout" d'oncle Al, cette compilation-synthèse se pose en atout majeur. Du post-punk de Pailhead au funk Revcoesque de PTP en passant par 1000 Homo Djs, véritable jumeau caché de Ministry, c'est un festival de groove et de beats effrénés et insolents auquel nous sommes conviés. L'improbable rencontre de Ian Mckaye et Jourgensen en 86/87 aboutira à une flopée de EPs (et un cd regroupant le tout) sous le nom de Pailhead, une incarnation très Killing Joke de Ministry accouplée au chant emblématique de Mckaye, empreint à la fois de militantisme hardcore et des prémices "emo" des futur Fugazi. Une petite poignée de tubes mémorables, "Don't Stand In Line", "Man Should Surrender" ou encore "No Bunny" qui témoigne de la superbe alchimie entre les musiciens. Autre plaisir non mineur, la totalité de l’œuvre de 1000 Homo DJs, sorte de Ministry light (mais toujours groovy !) dont le premier single "Apathy" aurait du être intégré à "Land of Rape and Honey" mais écarté car considéré trop peu agressif comparé au reste de l'album. C'est surtout "Supernaut" de qui vous savez et "Hey Asshole" qui retiendront ici l'attention. Le premier voit un Trent Reznor encore peu connu derrière le micro (cette version ne sera publiée qu'en 2003 sur la "Black Box" éditée par TVT), encore que la controverse concernant l'identité réelle du vocaliste (Trent ou Al ?) soit toujours d'actualité. On peut considérer le second titre comme du proto-Lard, non seulement parce que Biafra en assure le chant/spoken word, mais aussi et surtout en raison de l'approche rythmique caractéristique de ce génial side-project. Parmi les plus anciennes excroissances de Jourgensen on retrouve PTP (Programming the PsychoDrill), créé en 1986 avec Paul Barker et Nivek Ogre pour une contribution à la bande-son de Robocop (le titre apparaît dans le film en 1987 mais pas sur la b.o. officielle). Vu l'époque, rien d'étonnant à ce que "Show Me Your Spine" fasse penser à un hybride Revolting Cocks/Skinny Puppy sous trip funk/EBM. La carrière de PTP s'arrête cependant après un unique (et génial) single, "Rubber Glove Seduction/Favorite Things", avec l'infatigable Chris Connelly en remplacement de Ogre, et qui annonce déjà le Revolting Cocks de "Linger Ficken' Good". Enfin, les Anglais de Cabaret Voltaire collaborent avec Barker et Jourgensen (et Connelly encore une fois) sur Acid Horse pour un titre très groove, entre synthpop et new wave. Un goût de trop peu, et l'on peut spéculer indéfiniment sur les éventuels résultats d'une collaboration prolongée dans le temps. Une compilation à la qualité d'une constance rare, et puis Oncle Al le vaut bien. Incontournable.