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Kan Mikami › Bang!

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Eliphas      vendredi 1 juillet 2022 - 17:43
kranakov      jeudi 21 mars 2024 - 09:24
DukeOfPrunes      mardi 2 mars 2021 - 13:34
Dioneo      lundi 19 novembre 2018 - 17:27

lp/cd • 8 titres • 48:00 min

  • 1このレコードを私に下さい6:00
  • 2逢えてよかった3:37
  • 3華麗なる絶望5:01
  • 4Bang !7:41
  • 5密漁の夜5:54
  • 6なんてひどい唄なんだ8:41
  • 7赤い馬7:02
  • 8最後の最後の最後のサンバ4:01

informations

Enregistré les 20 et 22 novembre, et 4 et 6 décembre 1973 par Ken Sukegawa. Produit par Masaaki Hata, Rota Saiya et Yosuke Yamashita.

line up

Kan Mikami (guitare et voix), Akira Sakata (saxophone alto sur 6), Koichi Matsuda (basse, percussions et chœurs sur 2), Ryojiro Furasawa (congas sur 2 et 8, sifflet à coulisse sur 8), Masaru Watanabe (guitare [gut], orgue hammond, chœurs et arrangements sur 2, basse et slide-guitare sur 7), Shinobu Imai (guitare lead sur 2 et 7), Yumiko Takeda (piano et chœurs sur 2), Yoh Nagai (guitare électrique sur 3), Yosuke Yamashita (clavecin électrique sur 3 et 7, piano, orgue hammond et arrangements sur 7), Masaji Otsuka (guitare rythmique sur 3), Masayuki Kuniyoshi (flûte sur 7)

chronique

Un disque de… Mutation. Certainement pas « de transition » – l’expression serait trop douce, trop neutre, pour décrire ce qui se joue là. D’accord : j’avoue ne pas connaître à fond cette partie de la discographie de Mikami. C’est évident, toujours : quelque chose là-dedans cherche à muer – et violemment, sans se soucier des convenances, de l’éventuel grotesque de ce qui naîtra, de ce qui restera (le disque, la peau d’avant). La voix de Mikami, depuis les débuts, cherchait le cri sans frein, fait pour briser – raucité, expressionisme, intensité faite pour friser la rupture. Ici, elle perce carrément, renverse, harcèle. Déjà : ce désespoir qui n’abdique pas – dont il jouera si fort, plus tard, sur ses disques du « retour », plus tardifs (ceux sortis sur PSF à partir des années quatre-vingt-dix). Aussi, son jeu de guitare tout en cassures – presque un flamenco d’une autre dimension, d’un Asie délirée, d’un Japon sorti de lui, tradition macérée dans cette subjectivité-là – déraille ici au plus juste, annonce, donc, les longues suites. Seulement restent encore des traits d’époques, de production, de producteurs – séances, contextes, orchestres. L’époque aussi change et tire, veut se transformer. S’il subsiste quelque chose de la scène « enka-blues », là, de la tradition sentimentale de ce répertoire, c’est dans une version « existentialiste », obsédée par l’Europe et l’Amérique, nourrie du moins par elle, serait-ce pour s’en démarquer, s’approprier singulièrement ses moyens. Il reste donc sur ce disque des arrangements, des reliefs, traces de chansons-jazz. Des idées « baroques » qui peuvent d’ici sonner étranges mais dans cette décennie ne choquaient sans doute guère, partout – le clavecin électrique, les valses douces et profondément triste à la Tim Hardin… La guitare blues rock, soli attendus, placés. Seulement : tout est déformé, distordu. La voix pleure trop fort, trop dur. Tout est perturbé. Tout part trop loin – comme cette pochette cinglée, Kan Mikami en super-héros, qui éclate la tête, littéralement, à coup de masse à… Quoi ? L’Oppressante Mélancolie ? La Mortelle et Quotidienne Terreur ? … Les titres, en tout cas – ce que j’arrive à en saisir, traduire – parlent semble-il de « Désespoir Splendide », de « Nuit de Braconnage », d’un « Cheval Rouge » halluciné (ou bien symbole dont en l’état le sens m’échappe – et je préfère, comme ça, que rien ne soit expliqué). C’est insoutenable, parfois, tant l’émotion fait concrétion, débordement – matière extrêmement concentrée et en même temps, foison. Comme sur cette sixième piste au sax free, qui pousse, s’épuise, peine à suivre le chant, cette voix exaspérée – presque insupportable, sur celle-ci, magnifique mais éplorée jusqu’à écorcher, jetée pour cingler (ou ne se souciant pas de ce quelle va frapper – et par là, d’autant plus redoutable). Le plus beau, là-dedans, c’est que ces deux mondes – celui d’une musique de studio finement arrangée, tout à fait de son époque, au fait sans contexte de ce qui se joue ailleurs ; celui d’une expression absolue, extrême, encombrée d’aucune considération de « marché », selon toute vraisemblance – ne s’affaiblissent pas, sur ce disque. Ils se percutent, certes – font collusion par collision frontale. Et ce qui sort, ce que fixe la bande, est encore plus tranché, encore moins « compromis ». L’objet porte sa force au-delà de ses limites – les connaît, les épouse et puis les perce, aux moments choisis. Il y a bien, oui, cette piste (la septième) qui par comparaison peut sonner un peu facilement jazz-rock, blues-fusion – mais la folie du reste imprègne même celle-là, par contagion. Et l’échos persiste, tout au long, au fil des réécoutes, de ce morceau-titre dément – voix arrachée ici encore, déraisonnablement brute, honnête, chialée mais tête levée ; montage de bruits de villes, de foules, de bribes de symphonies. « Kan », sur le justaucorps pourpre ; le « M » de « Mikami » sur la coiffe. Le marteau cogne – la calotte crânienne saute, le haut de la tête. Il vous prévient, c’est entendu – mais c’est au même instant qu’il cogne, celui où vous vous dites « sous un machin pareil, gaffe où ça va partir ! ».

note       Publiée le lundi 19 novembre 2018

chronique

À sa sortie, BANG! a dû surprendre plus d’un curieux. Comment déchiffrer cet album azimuté, mêlant folk, pop, jazz, musique concrète dans un foutoir d’un goût douteux, cette anomalie de parcours qui fera crier au génie ou crisser les dents, sans s’y fracasser le crâne à coups de marteau ? Il faut pour cela s’intéresser aux amitiés formées par Mikami après l’été 1971, puisque ce sont elles qui vont produire des effets musicaux à moyen terme. Parmi les compagnons de route de cette période, on trouve Fujio Akatsuka, mangaka pionnier du strip à la japonaise et apologue de la bêtise, ou encore l’indomptable pianiste jazz Yosuke Yamashita : deux grands malades qui bousculent les codes établis, et qui vont embarquer le chanteur folk dans des aventures incendiaires. Tandis que le mouvement folk se meurt à petit feu, gangréné par la New Music qui, sous prétexte de redynamiser la musique nippone, met au ban les gueux et autres marginaux, les trois zigues vont collaborer à l’occasion d’un mensuel-guérilla orienté BD (projet voué à l’échec) pour aboutir à des one-shots potaches en guise d’accompagnement sonore à la lecture. Ils donneront naissance à deux farces grandguignolesques qui auraient dû faire l’objet d’un 45-tours, mais dont il n’existera finalement qu’une poignée d’exemplaires promotionnels. L’année suivante, si Akatsuka a quitté le navire pour voguer vers d’autres horizons, la fantaisie de ces sessions reste fortement ancrée dans les cerveaux. C’est le label URC qui, avant le dépôt de bilan, va permettre l’aboutissement de cette expérience bigarrée dans un accident des plus heureux. BANG! porte le nom de Mikami parce que ce dernier chante ses propres textes, mais il aurait très bien pu être classé dans la discographie de Yamashita. Sa marque musicale est clairement posée – ne cherchez pas l’enka adultère. On trouve là derrière des compères free comme le saxophoniste Akira Sakata et Ryojiro Furusawa, batteur et ami par qui tout est arrivé. En pleine crise mentale et sociétale, Kan prend les traits d’un super-héros de la pop culture, dans la lignée des comics américains. Mais plutôt que d’analyser la pochette ou le contenu audible du disque, il faut déceler une question plus essentielle. La notion de « swing ». Avec BANG!, Mikami entame sa mue. Il reçoit une leçon de jazz qui va à jamais bouleverser sa vision de la pratique musicale ; c’est même cette découverte qui l’aidera à se renouveler et à survivre au cours des années 1980, jusqu’à sa résurrection chez P.S.F. Records.

note       Publiée le mardi 2 mars 2021

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kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Difficile de s'en défaire, tout de même. Les tout premiers ont une force qui fait peut-être défaut à celui-là, mais l'audace est telle que, que ça marche ou que ça coince, il y a toujours des choses nouvelles à retirer à chaque écoute.

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Ce disque est tellement japonais que c'en est obscène

DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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Ouais, un jour viendra où je viendrai poser mes gros sabots là-dessus !

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Oui, ne te gênes surtout pas pour y aller de la tienne, hein ! Il me semble que tu as une connaissance bien plus complète de l'oeuvre du gars, donc nos deux textes pourraient se compléter... Curieux de te lire sur celui-là et d'autres "autour", en tout cas.

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DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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Merci Dioneo pour ce point de vue inattendu, cette chronique bienvenue. J'aurais bien des choses à dire sur BANG!, mais je garde précieusement tout cela pour plus tard. Il est clair que cet album est le plus étrange, le plus barré de son début de carrière. Inégal, mais culte !

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