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Vajra › Ring (金環食)
extraits audio
informations
Enregistré au studio J par Takeshi Yoshida. Produit par Hideo Ikeezumi.
line up
Keiji Haino (guitare, guitare kayagum, shamisen, tom, voix), Toshiaki Ishizuka (percussion), Kan Mikami (voix, guitare)
chronique
Une éclipse solaire, les éruptions de la couronne qui se détachent sur la profondeur des ténèbres, crachant leurs jets par milliers de kilomètres. L’image est explicite. Le cercle de flammes. Ce second rituel de Vajra se veut fusion cosmique. Sans rien lâcher en intégrité, en cohérence et azimuts – le disque est cette fois ci encore monté d’un seul tenant, les fragments soudés pour qu’on ne puisse l’embrasser que d’un bloc – la forme se fait ici encore plus subtile et plus violente dans sa manière d’amalgamer, de trancher, aussi. La puissance qui s’y consume et flambe, qui s’y coule – nuit noire céleste ; explosions d'astres aveuglantes, éblouissantes – se fait encore plus ambigüe, les courses d’un pôle à l’autre plus insaisissables. Les moyens s’y permutent et s’y fondent, des genres investis, appropriés comme voies d'accès, caractères, cosmogonies. Les déplorations, les imprécations, les prières de Mikami, dans ce qu’elles empruntent le plus explicitement aux traditions – à la chanson Enka, aux vociférant du théâtre de marionnettes Bunraku, aux psalmodies bouddhistes – épousent très exactement les syncopes et sinuées d’une guitare jazz qui cette fois ci ne verse même pas dans le free pour clamer l’échappée. Haino s’empare d’un shamisen – l'instrument par excellence dans ce théâtre d'histoires terrestres mais si souvent hantées qu’on appelle kabuki, où ses cordes scandent les scènes ; instrument de geishas, aussi, dans les quartiers spéciaux d'antan – pour en éclater l’art, lancer depuis là ses traits en trajectoires libres et sidérantes, qui pour dénuder l’œil attaquent les paupières. Et là-dessus, les voix se répondent encore dans cette panique surnaturelle, aux vibratos tellement précis, inducteur si maîtrisés de chutes et de propulsions aux voûtes. Libération, déferlement. La vie brute est seul motif, seul objet du culte, qu’elle dissout en l’absorbant, en le fondant à elle. Ishizuka – particulièrement brillant, là, sa frappe incroyablement exacte et vigoureuse tout au long de celui-ci – trouve l’élan, dans ses roulements, des festivals shinto, ceux qui saluent l’été, le solstice, en pleine rue. Les guitares des deux autres y relâchent des flots d’abrasion, à l’instant juste où les contenir serait geste contraire. Au milieu de l’espace résonnant d’un temple, à une autre adresse, s’élève et sourd une sorte de gospel inédit, prenant, poignant, vibré en fond de gorges et qui se pare de brillants, piqués à la surface, pris à la geste locale. La place est investie, quarante et une minutes et deux secondes durant. Sur un point du pourtour, une aube semble poindre. Elle s’élève devant nous, son rayonnement nous baigne et veut nous traverser. Les résistances se pulvérisent. Toute glose est futile qui croirait enserrer. L’attente flotte autour de l’instant où le coup de tambour va sonner l'éveil. Les astres, en haut, se sont remis en place. Le lieu où l’on existe, au moment écoulé, est devenu face cachée, regardé depuis le ciel.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Le passage où Haino joue du shamisen "vocalisant" pendant que Mikami s'égosille et qu'Ishizuka part en free-matsuri-bayashi est totalement ouf, quand-même, à la fois parfaitement "instinctif" et super "concentré", tenu. Bon... Tout le disque est incroyable, en fait, je ne reviens pas là-dessus. (Mais quel plaisir de le réécouter et de se manger sa consistance à nulle autre pareille, hein !)
Message édité le 18-06-2022 à 13:42 par dioneo
- Note donnée au disque :
- saïmone › Envoyez un message privé àsaïmone
Oui aux deux ! Je fais une rechute, entrainée par Micro Japon, clairement - et qui me permet d'aller creuser des trucs resté en surface. Je vous guette, tout les deux
- DukeOfPrunes › Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
Sans doute l'effet "Micro-Japon", il faut bien se mettre dans l'ambiance ? :)
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
"Presque", oui... Un "presque" très relatif, même ! C'est vrai en tout cas que des trois, c'est sans doute celui qui "change" le plus son jeu là-dedans... (Tu te fais un marathon P.S.F., sinon, Saï, ces temps ?)
- Note donnée au disque :
- saïmone › Envoyez un message privé àsaïmone
ça fait quand même bizarre d'entendre Haino jouer presque normalement de la guitare là dessus