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Kan Mikami › Kan: Kotoba, nansensu, ningen
lp • 12 titres • 38:02 min
- 1Sō sa ano niitsu no yoru wa2:57
- 2Naketekuru yo2:52
- 3Ningen to wa nani ka5:34
- 4Serifu3:08
- 5Otobai no shitsuren1:54
- 6Appare appare 〜 Ikeda Fukuo-san ni sasageru 〜2:45
- 7Mikami kōmuten ga aruku2:43
- 8Kankei2:34
- 9Hanako to Tarō no koi monogatari3:17
- 10Umi4:47
- 11Jiko ken'o no sanba2:26
- 12Sayōnara to te o futte 3:05
extraits audio
informations
line up
Kan Mikami (guitare, voix)
chronique
- samba de tsugaru
Comment concilier une ambition poétique à des rêves de gloire populaire ? Impasse de l’artiste engagé et ambitieux, problème insoluble dépassant les langues et les frontières. Dame fortune choisit ses rares élus au compte-gouttes, tandis que les prétendants laissés pour compte pleurent à chaudes larmes. Mikami, sans le vouloir et petit à petit, s’est élancé éperdument à la poursuite de cet idéal quasi-inatteignable. Lui s’en prend à des moulins à dos de bicyclette, manche de guitare pointé vers l’avant, sans jeter l’œil dans le rétroviseur. Entre 1971 et 1975, il adapte son style d’écriture et passe d’une prose influencée par la beat generation et ses clochards célestes, dealés sous le manteau par un de ses anciens professeurs de collège, à du contenu moins corrosif, plus proche des mouvements surréaliste et dada, cela, sans sacrifier la qualité pour du prêt-à-consommer. Il faut y voir l’orientation d’un poète régionaliste d’Aomori, sorte de Saint-Patron de son dialecte natal, Kyozo Takagi, vieillard que Kan aura l’occasion d’accompagner pendant plusieurs « concerts » – des récitations en public. Une pratique peu courante au Japon, mais défendue alors par quelques gaillards du tanka tels que Yasuki Fukushima. Quant à Kan, il privilégie ce médium pop par excellence qu’est le disque longue-durée pour publier ses poèmes comme des chansons. Dans sa tête, on peut dire qu’il cherche à marier le King Elvis avec André Breton. Avec pour titre son seul prénom (et pour sous-titre des indices sur sa philosophie), ce deuxième disque chez Victor est une pépite de songwriting aux antipodes des poncifs habituels. On y trouve autant le spleen mécanique d’une moto au cœur brisé, dont les râles motorisés font fuir les plus grosses cylindrées, qu’un bâtiment d’une entreprise de travaux se déplaçant sous la pluie, arborant son nom de famille, qui baptisera pour la peine l’un de ses premiers fan-clubs (le Mikami Komuten). Côté musique, la major fait appel à un arrangeur fortement influencé par la musique latino-américaine avec tout son attirail de petites percussions. Mikami s’insère dans des ambiances bossa ou samba étranges, doublement exotiques pour les oreilles occidentales, jusque dans la reprise d’un thème fameux de Gato Barbieri. Jazz-rap. Le reste navigue entre pop, folk et un enka subtil, en filigrane, presque imperceptible. Il y a là-dedans une ambiance très particulière, celle des productions grand public pas encore secouées par les synthétiseurs, qui vendent la nostalgie en petites bouteilles, et des violons pathétiques qui prennent les plus sensibles par les tripes, comme on se laisse bercer à la sortie d’un cinoche par le thème d’un héros malheureux. Faut-il être Japonais pour pleinement l’apprécier ? Peut-être. L’album KAN, qui prend à revers la pop avec des mots et des images qui pètent à la gueule, garde néanmoins cette aura de chef-d’œuvre mineur d’un art qui, pour son auteur-compositeur-interprète, ne l’est pas moins.
note Publiée le mardi 9 mars 2021
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