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The Damned › Strawberries

cd • 11 titres

  • 1Ignite
  • 2Generals
  • 3Stranger on the town
  • 4Dozen girls
  • 5The dog
  • 6Gun fury
  • 7Pleasure and the pain
  • 8Life goes on
  • 9Bad time for Bonzo
  • 10Under the floor again
  • 11Don't bother me

informations

line up

Dave Vanian (chant), Captain Sensible (guitare), Rat Scabies (batterie), Paul Gray (basse), Roman Jugg (claviers)

chronique

Ne vous y fiez pas, malgré une pochette ornée du portrait du mignon Casper, 'Strawberries' n'est pas si innocent qu'il n'y paraît. Les Damned, une fois de plus, s'avancent à la croisée des chemins, jetant un oeil 'attendri' sur leurs années punk ('Ignite', 'Dozen girls', 'Gun fury'; il faut dire qu'avec les émeutes de Bixton, il y avait matière à écrire, surtout pour Sensible relativement fâché contre le gouvernement) tout en sachant s'en distancer par une touche de cabaret psychédélique ('Generals', 'Pleasure and the pain') ou d'humour noir ('Under the floor again'), exprimée notamment au niveau du jeu de clavier tantôt poignant, tantôt pompier. Si de ce point de vue, le cd se rapproche du 'Black album', le ton est moins léger, plus désenchanté. Si le très réussi 'Bad time for Bonzo' arbore les couleurs de la franche rigolade, le groupe ne parvient qu'à peine à dissimuler l'amertume qu'il couve. Mais c'est surtout l'excellent 'The dog' avec ses atmosphères lourdes et inquiétantes et sa construction en crescendo qui confirme la chose, consciemment ou non, les Damned sont en train de tourner le dos à leurs délires punk, le ton se fait plus profond, plus grave malgré tout. Pressentiment ? Toujours est-il que le groupe va vivre sa petite traversée du désert, perdre Captain Sensible attiré par les sirènes d'une carrière solo, et renaître dans des atmosphères nettement plus gothiques sur leur plus grande réussite, 'Phantasmagoria'. Alors, méfiez-vous de 'Strawberries', génial album, faussement délirant, baigné d'une noirceur latente, torve, insaisissable que seuls les auditeurs attentifs sauront discerner et qui les poussera du coup à le faire figurer en bonne place dans leur cdthèque.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le lundi 31 mai 2004

chronique

  • twilight comes and the mood's complete

Sont pas aux fraises les Damnés, non. C'est juste que les rosbiffs, ben eux, y disent "strawberries" pour "confiture", quand il s'agit d'en donner aux cochons. Voyez l'image ? Elle parle bien de l'album, et de sa notoriété. Pourtant il était loin d'appâter du truffier de seconde zone en son temps, le brigand. L'odeur de ces fraises attira dans son escarcelle, dit-on, Robert Le Frippon. "Not credited", hein. Mais ce qui se joue dépasse l'anecdote. Profitons de la trivia pour dire que ces guitares sont parmi les plus fascinantes aussi, ici, dans maintes teintes. Et ce chant... familier, singulier, possédé. D'une pâleur magnétique. Leader fantastique d'un groupe unique, qui comme les Stranglers (lesquels évoque entre autres "Stranger on the Town") est encore un peu trop traité en chien crevé, malgré un culte incontestable - ô paradoxe... On cause ici d'un album entre époques, aux saveurs subtiles de glam glauque et de pop prolo poison, le punk y est une considération somme toute secondaire sauf si on parle d'audace, le "post" a des airs de "pré", pour dire qu'on emmerde les conventions nouvelles et qu'on joue ce qu'on veut et si c'est de la musique soit-disant has been pourquoi pas... à la Stranglers en somme, décidément : les plus féroces punks sont pas ceux qui agressent le plus sauvagement en jouant salement ! Et "Ignite" est bien un des morceaux punk les plus viscéraux, chœurs hooligans et mélodie imparable, urgence carnivore, parfum de Ramones glacés et de Therapy? avant l'heure. Le son du piano et le timbre de Vanian sur les couplets de "Generals", est quant à lui un des trucs les plus toxiques que j'aie jamais entendu, ça vous fait guincher la Famille Addams en pleine Guerre Froide, et comment décrire ce saxophone ? Un truc pâle en direct des enfers. Ces airs d'hymnes viciés, vicieux, parcourt tout Strawberries, comme un venin mauvais, coulant à travers la fraîcheur insolente de leurs mélodies, comme sur la prodigieuse et roborative "Dozen Girls", qui lie garage et bubblegum, ou cette "Bad time for Bonzo" très Hüsker Dü avant l'heure, et d'autres choses cool ou moins, dans un même élan, halo. Cette évidence d'un groupe ma foi sympathique, facile d'accès, plein de faconde, et dont on sait pas trop si c'est de l'art ou du cochon comme dirait Thiéfaine, avec cet inénarrable Dave Vanian de manoir classieux en Mestre de Cérémonie. Le disque a déjà dégainé des bastos sévères, qu'il nous assène une "The Dog" d'anthologie, sorte de réminiscence des années 70 malades et grandiloquentes, glam ou prog, avec un des refrains les plus hantés jamais captés en studio, à renvoyer le Lou Reed de Berlin à l'hospice, en terme de classe absolue étincelant dans le morbide. John Cale style, avec plus de crayon noir. Dave Vanian, baron des Limbes, conteur hors-pair, maître de pathos sans larmes. Tout se perd dans un capharnaüm organisé de bruits onirico-domestiques, avant de renvoyer ces "Clau-di-a, better stay away from Clau-di-a" au parfum de maléfice, référence directe au personnage tragique d'Entretien avec un Vampire. Et de finir sur les grognements du chien des Baskerville, captés à ras de babines. Et des "hoo-hoo !" à rendre jaloux... The Who. Du grand art, une de ces preuves que The Damned étaient terriblement spéciaux. Comme cette bizarre "Under the Floor Again" qui vous balance du solo archaïque de dinosaure des stades sur un truc psyché-indé-hindou qui n'en demandait pas tant. Ces putains de punks savaient tout faire ! Et si vous voulez du rab de fraises, comme Grouchy, pour donner une saveur fruitée à la lose : bisous partout de "Life Goes On", bien meilleure que ses petites sœurs connues des tribunaux "Eighties" et "Come as you are". Un slow que je considère comme le "Don't fear the reaper" des Damned : tendre, cristallin et vénéneux, qui s'immisce dans les interstices des méninges par volutes envoûtées. Damnés pour toujours... Un bon sang de foutu groupe jamais assez écouté, qu'on se le dise. Et un drôle d'album pervers, méconnu, tranquillement chef-d'œuvresque, dans le secret de l'alcôve eighties, en dialogue avec les fées et les murènes. Fruit maudit.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le dimanche 24 novembre 2024

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Note moyenne        9 votes

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Sam Hall Envoyez un message privé àSam Hall

Quelle tuerie celui ci, je suis loin de tout connaitre d'eux à part celui d'avant qui tue tout autant et celui d'après. C'est sûr que le rapprochement avec The Stranglers est évident sur pas mal de morceaux. C'est d'une richesse et les compos sont vraiment fouillées, leur âge d'or !

Raven Envoyez un message privé àRaven
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Damned for life.

Note donnée au disque :       
Harry Dickson Envoyez un message privé àHarry Dickson

"Je connais seulement leur premier truc punk, c'est bien ensuite ?" Non ami, c'est pas bien, c'est meilleur. Vendu en vinyle rouge avec une odeur prononcée de fraise synthétique (Beatles) pour emboucaner les disquaires. Parce que faut pas pousser non plus, ça reste les Damned et ils sont toujours là pour faire chier. Le Punk c'est cool mais c'était mieux après. 1982.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Injustement méconnu.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Clau-di-a... better stay away from Clau-di-a

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