Alain Bashung › Tour novice

Comme son titre l'indique, "Tour Novice" traduit les errances scéniques de Bashung au sortir de son album le plus noir à ce jour. Initialement inclus dans sa première intégrale de 1992 et disponible à la vente que par ce biais, cette suite de dix-huit titres refait surface sur sa nouvelle intégrale, demeurant toujours aussi exclusif. Dommage, car "Tour Novice" est plutôt excellent et surpasse en bien des points le déjà très satisfaisant "Live Tour 85". Le répertoire est essentiellement axé cette fois, bien sûr, sur les titres de "Novice" (six d'entre eux), et s'emploie surtout à confirmer la filiation avec "Play Blessures" dans des versions magistrales de "J'envisage", "Scènes de Manager" ou "C'est Comment Qu'on Freine ?", cinq titres en tout. Pour le reste, il s'en va puiser parmi les essais les plus obscurs de ses albums qui en ont le moins l'air, comme "Privé", "Rebel" ou "Reviens, Va-t-en". Pas moins de quatre guitaristes (le disque présente les prestations de deux formations distinctes) se relayent pour dresser des filets de notes dissonantes et crispantes comme les affectionnent par exemple Adrian Belew, aidé par les abstractions calculées de Vic Emerson derrière son clavier. L'ambiance est moite et cela transparaît même sur les deux titres les plus abordables du lot ("Douane Eddy" et "Les Européennes"). Evidemment, je me rends bien compte que l'argument n'aura jamais assez de poids puisque se procurer ce disque revlève de la gageure si l'on doit passer par la filière classique. Ne perdez pas de vue que mon but n'est pas de vous inciter à acheter cette intégrale de dix-sept disques rien que pour le plaisir de pouvoir entendre ce disque. Ceci étant dit, il est par contre certain que les amateurs de Bashung, ceux qui raffolent de ses ambiances les plus claustrophobiques, et surtout aussi ceux qui en ont les moyens, feraient peut-être bien de consentir à ce petit sacrifice.