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France, 1982
Alain Bashung (chant, guitare), François Delage (basse), Philippe Draï (batterie, boîte à rythmes), Olivier Guindon (guitare), Manfred Kovacic (synthétiseur)
Cette réédition inclue, comme la précédente, les titres bonus "Strip Now", "Bistouri Scalpel" et la longue plage instrumentale "Procession"
Après tant d'années de galère, Bashung est parvenu à se faire un nom avec deux chansons rock aussi imparables que bourrées de doubles sens. Le bougre ne va pourtant pas se faciliter la tâche en proposant cet album, "Play Blessures", qui va littéralement le propulser dans la légende, tout en l'écartant du succès public dont la reconquête sera un travail de longue haleine qui, lentement mais sûrement, interviendra bien des années plus tard. Bashung pousse ici le vice de la duplicité à son extrême et à tous les niveaux ; dans ce paysage imaginaire impressionnant où se côtoient textes décalés et musique profondement glauque, nous sommes en effet en droit de nous demander pourquoi il fait cette fois appel à Serge Gainsbourg pour écrire l'intégralité des paroles de cet album atypique, alors que Bergman s'était montré jusqu'ici un fidèle allié, mieux : un parfait alter ego, un frère de plume ? Une recherche de respectabilité ? Cela, au moment même où Bashung se permet un virage à 180°, histoire d'assurer ses arrières en se servant du nom de Gainsbourg comme bouclier si par malheur on venait à le prendre en défaut, en lui reprochant d'aller trop loin ? Quoi qu'il en soit, le pari est gagnant ! Certes, vu sa production dépouillée, on est loin du faste d'un "Fantaisie Militaire". Mais le grain de folie, le malaise, la noirceur de Bashung est palpable, tangible, réelle, dès les premières secondes de ce "Play Blessures", premier volume d'une trilogie obscure et imaginaire qui se poursuivra avec "Novice" en 1989 et "Chatterton" en 1994. Les guitares sont noyées dans un torrent de réverbes, les basses sont rondes, obsédantes et sourdes, un écho glacial et abyssal cimente le tout dans une atmosphère indescriptible, entre Joy Division et Wire. Et Bashung devient Bashung. Asexués et troubles, "C'est Comment qu'on freine", "Scènes de Manager", "Volontaire", "Lavabo", "J'envisage" sont autant de titres que l'on imagine sans peine comme toile de fond à des partouzes sado-masochistes, organisées dans des caves privées humides, éclairées par la lumière blafarde d'une rangée de néons. Trouble.
note Publiée le samedi 25 janvier 2003
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apogée
La fille du patron, faut lui donner.
bulldozèèèèère, brillaaantine, pourquoi fèèère???
Tiens... Ben pour ma part c'est celui-là, en ce jour de canicule sur la presque-île, qui me sert de liquide refroidissement. Sûr qu'il les fait tomber, les degrés, par paquets ou un par un, snipés comme à la guerre ou à la ville... New wave strasbourgeoise, ambiance pas propre, cervelle qui part en couille, vie qui traîne et s'attarde aux chiottes - on n'est pas dupe, s'il dit "lavabo", c'est que la litote est plus belle et curieusement encore un peu plus glauque. Parfaitement 1982, givre en bombe synthétique, textes brillamment à la ramasse, élocution trouvée à tous les souffles près des débris d'un homme... Sacré rail anti-thermique, ouais, décidément.
"Mon nez où s'engouffraient les autos, comme dans un tunnel...".
(Eh eh... 'Tain, c'est malin, Cyb', je me retape un gros trip Long Song For Zelda juste avant de décoller la long night à l'étage zéro qui s'annonce. On va dire que ça fera contraste avec Mesa of the Lost Women + Junko, France et tout le reste).
"Les chiens whrra dans la nuit !".
(Mais donc ouep, faut l'écouter cette Chrysler Rose et ses suivantes, même si l'ambiance est pas du tout lavabo/chiotte de la gare de Strasbourg dans les années 80 comme ici... C'est un - autre - foutu trip. Et puis y'a même une intervention presque subliminale de Burroughs, en caution-junky, là-dessus, tiens).