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Alain Bashung › L'homme à tête de chou
cd • 12 titres • 36:03 min
- 1L'homme à la tête de chou2:44
- 2Chez Max coiffeur pour hommes1:12
- 3Marilou Reggae2:36
- 4Transit à Marilou1:32
- 5Flash Forward2:19
- 6Aéroplanes2:09
- 7Premiers symptômes2:25
- 8Ma Lou Marilou3:06
- 9Variations sur Marilou8:59
- 10Meurtre à l'extincteur3:16
- 11Marilou sous la neige2:40
- 12Lunatic Asylum3:21
extraits vidéo
informations
Enregistré au studio Sophiane par Denis Clavaizolle, au studio Palissy par Pascal Mondaz, au studio Ferber par Jean Lamoot. Arrangé par Denis Clavaizolle.
line up
Alain Bashung (chant), Denis Clavaizolle (claviers, orgue Hammond, piano, programmations, guitares électriques, basses), Erik Truffaz (trompette), Jean Lamoot (programmations), Frédéric Havet (guitare acoustique), Pierre Valéry Lobé (percussions), Mamadou Koné (percussions), Morgane Imbeaud (choeurs), Yann Clavaizolle (batterie), Aurélie Chenille (violon), Guillaume Bongiraud (violoncelle)
chronique
Alors pour les commentaires de comptoir du genre « Ouais mais c’est moins bien que la version de Gainsbourg, forcément » ou bien « Pourquoi les arrangements ne sont pas complètement différents, c’est une déception, l’original reste un chef-d’oeuvre » ou mon préféré « On sent bien que Bashung ne s’est pas vraiment impliqué dans ce projet » et toute autre considération sur la sanctification de l’album pop, je vous renvoie sur une excellente chronique qui traite du sujet en long en large et en travers, en bas de page. Donc, Bashung, Gainsbourg, la rencontre au sommet venue de l’au-delà. J’ai horreur de dire du mal, mais faut quand même reconnaître que le dernier album studio de Bashung sentait un peu la fatigue. Si cette saloperie de crabe n’avait pas eu sa peau, probable qu’il serait considéré comme un machin transitoire mineur. Du coup, le réentendre dire un texte aussi chiadé que celui de « L’homme à tête de chou », album maudit de Gainsbourg, c’est déjà une sorte de bénédiction. Dire, car si déjà la scansion de Gainsbourg était toute narrative, le sprecht-gesang (c’est pour faire alsacien et puis ça claque) de Bashung a bel et bien été enregistré a capella, avant qu’il ne puisse se consacrer de plus près aux musiques qui devaient accompagner un spectacle de danse. Donc déjà, les relous de l’orthodoxie gainsbourgienne, c’était pas censé être un simple album de reprise, c’était une création de scène. Gonflez pas avec la statue du commandeur aux oreilles en Brassicassées. La bonne nouvelle, en tout cas pour moi car je suis de plus en plus égoïste, c’est que Bashung avait eu la bonne idée de confier ce projet à Denis Clavaizolle, le compagnon de route des années Manteau de Pluie / Dolores de Murat. Bon, alors, Bashung + Gainsbourg + Clavaizolle. Je vois pas où ça pourrait foirer. Sauf que le Bashung est parti avant d’avoir pu terminer le boulot, du coup il a fallu finir sans sa vision originelle, en construisant les arrangements autour de sa voix enregistrée quelque part dans le Massif Central. Et quelle voix, d’avant la maladie. Faut l’entendre dire « Je suis l’homme à la tête de chou. Moitié légume, moitié mec. », un choc électrisant. Il parle comme à l’époque de « L’imprudence », ça frappe fortement l’esprit chez « Max, coiffeur pour homme ». A la glauquerie dandy et perverse de Gainsbourg, Bashung substitue quelque chose de plus froid à première écoute, de plus purement poétique aussi, faisant ressortir la dentelle des mots de l’auteur. De plus tranchant dans l’élocution, comme les guitares de Clavaizolle sur le morceau titre. Son homme-chou se rapproche plus du Nosferatu inquiétant que du pauvre hère parano de l’original. Et merde, voilà que je compare. Inévitable, mais pas forcément inutile, surtout quand on touche aux limites de l’album culte. Attention, crime de lèse-majesté à venir : « Marylou Reggae » passe ici beaucoup mieux grâce à l’aspect à la fois synthétique et baroque de la production, d’autant que Bashung ne s’essaie pas vocalement à ce style auquel Gainsbourg n’a jamais vraiment fait honneur. Les morceaux transitoires, comme le « Transit », diffusent des effluves de mystères grâce à cette voix tenace d’étrangeté, et si Clavaizolle accompagné de Jean Lamoot, autre artisan de « L’imprudence », ne sortent jamais des rails pour d’inattendues trahisons, ce sont dans de petits détails précis que se logent le charme singulier de cette revisite, comme la trompette d’Erik Truffaz ou le souffle érotique de Morgane Imbeaud. Clavaizolle étant un arrangeur hors-pair, un orfèvre des claviers, il tisse un écrin classieux, c’est le moment opportun de le sortir, en forme de double-hommage, qui ne sonne jamais rétro sans non plus chercher une modernisation stérile. Le ton juste en somme, fidèle aux deux grands bonhommes à la fois, ce qui n’est somme toute pas si évident que ça, leurs univers ne s’étant croisés qu’une seule fois au fond d’une cour sordide, au début des années quatre-vingt. Au-delà de l’histoire pathétique de Marylou, shampouineuse aux gros lolos à qui il ne faut pas en promettre et qui finit sous la neige ensanglantée d’un extincteur, la faute à une jalousie maladive de schizo, l’album donne à rêver ce qu’aurait pu être la suite pour Bashung, avec la même production et de nouveaux textes de Jean Fauque. Rien que pour ça, ce trait tiré entre sa plus grande période créative et ce qui aurait pu advenir, cet « Homme à tête de chou » glisse comme une dernière goutte d’elixir dont on croyait ne jamais plus pouvoir se remémorer la saveur.
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- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Très bon cet album hommage. Rien d'extraordinaire mais plus de réussites que de ratages, globalement, et certains passages sans filets montrent bien que Bashung n'avait pas totalement délaissé les climats délétères que "L'imprudence"... Quel gâchis... (et oui, "ni dieu ni maitre", cela dit Gainsbourg incarne un peu des deux, inutile de se le cacher, et à défaut de vénération servile, Bashung a eu la jugeote de ne pas reprendre qu'un seul bout de cet album indivisible mais l'intégralité...)
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