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Alain Bashung › La tournée des grands espaces

cd1 • 16 titres • 67:00 min

  • 1Tel05:04
  • 2Je me dore04:22
  • 3Faites monter04:28
  • 4La nuit je mens04:44
  • 5Sommes-nous03:40
  • 6Aucun Express04:42
  • 7Le Dimanche à Tchernobyl04:11
  • 8L'iréel03:12
  • 9Mes prisons03:44
  • 10Fantaisie Militaire04:52
  • 11Volontaire03:00
  • 12Etrange Eté03:30
  • 13Légère Eclaircie03:39
  • 14Bombez03:06
  • 15What's In A Bird03:59
  • 16Mes bras06:40

cd2 • 15 titres • 70:27 min

  • 1Elvire04:51
  • 2J'passe pour une caravane03:50
  • 3Osez Joséphine03:10
  • 4Les grands voyageurs03:53
  • 5Samuel Hall05:50
  • 6Vertige de l'amour03:21
  • 7204303:45
  • 8Faisons envie03:43
  • 9Cantique des cantiques07:36
  • 10Madame rêve05:11
  • 11Ma petite entreprise04:09
  • 12Martine boude05:22
  • 13Bijou bijou06:29
  • 14Angora02:27
  • 15Malaxe06:51

informations

Enregistré à la Coopérative de Mai à Tourzel-Ronzières par Bob Coke

line up

Alain Bashung (chant, guitare, harmonica), Geoffrey Burton (guitare), Ad Cominotto (claviers), Arnaud Dieterlen (batterie), Chloé Mons (chant sur 2-8 et 2-9), Brad Scott (basse, contrebasse), Nicolas Stevens (violon), Yann Péchin (guitare, mandoline), Jean-François Assy (violoncelle)

chronique

  • eine symphonie des grauens en live...

Un homme en noir, long manteau de cuir sombre, à mi-pente d'un plan incliné pyramidal, tel alors était Bashung. Statufié en Nosferatu de la chanson française, grand prêtre seul digne de revêtir le costume de gourou laissé abandonné dans son coffret depuis la disparition de Gainsbourg, avec lequel il présente de troublantes similitudes de silhouette penchée à lunettes noires parfois, sous certaines lumières bleutées. Imposant le respect, les traits un peu épaissis, les cheveux grisonnants, Bashung remonte sur scène après un triomphe, une portée aux nues en noir et blanc, pour une imprudence qui valait bien une fantaisie. Je l'avais vu ce Bashung à l'époque, impressionné de voir enfin l'icône à quelques mètres, souvent magnétisé par sa présence et sa voix, qui avait alors gagné en grain et expressivité ce qu'elle avait perdu en énergie rauque. J'avais aussi trouvé tout ça un petit peu froid, un peu trop contrôlé, sans jamais vraiment de lâcher prise. Et puis comment retranscrire sur scène les ambiances d'albums qui, depuis Chatterton, ressemblent de plus à plus à des collages impressionnistes aux sonorités chouravées à une multiplicité de collaborateurs, parfois des plus singuliers ? L'expérience de la scène est-elle seulement en mesure de produire les même effets que ces albums confectionnés avec une maniaquerie confinant à l'obsession délirante, ce qui en fait tout le mystère et la richesse ? Bashung n'ayant pas tourné pour Fantaisie Militaire, le voici avec un défit à sa mesure, ses deux opus les plus obscurs et complexes à recomposer devant un public avec une formation forcément limitée, et sans le luxe des noms qui parsèment ses castings fourmillants. Un défit relevé à moitié, à mi-chemin entre l'animalité de ses concerts d'antan et le hiératisme quasi-mystique qui imprègne alors le personnage. Et la sauce ne prend logiquement que par intermittence, et le plus souvent durant les passages les plus dissonants et les plus cacophoniques, lors de ces morceaux au sprechgesang de litanies surréalistes. A cet égard, le sublime est à porté dans un alignement entre un "Dimanche à Tchernobyl" encore plus inquiétant et famélique que sur l'album et un "Etrange été" chaotique et concassé, en passant par des versions sublimées de "L'Iréel" ou "Mes Bras". Bashung va au charbon, cherche la houille au plus profond de la plupart des titres les plus emblématiques de ses deux albums monstres qu'il attaque comme des Himalaya à coups de guitares noisy, de rythmiques déphasées et de scansion de cordes aux relents de musique contemporaine, et le résultat est souvent efficace, à défaut d'être toujours transcendant. Dans certains morceaux plus anciens comme "Martine Boude", la longue dérive orchestrale et tribale évoquant des hurlements de spectres transforme à jamais la perception du titre. A d'autre moments, comme sur "Angora" ou "J'passe pour une caravane", le dénuement et le classicisme des arrangements fait surgir une émotion non filtrée, directe, à la gorge. Mais ce juste dosage parfois peine à se trouver, d'autant que la discographie de Bashung est déjà passablement chargée en captation de concert, ce qui pousse inconsciemment ou pas à la comparaison entre les interprétations et les choix de setlist. A ce titre, Bashung oublie un peu son imprudence en ressortant dans des versions somme toute très fidèles une série de tubes qui font office d'argument grand public, un petit "Osez Joséphine" par-ci, un toujours séduisant "Vertige de l'amour" par là, une très attendue "Ma petite entreprise" aux alentours sans que rien ne vienne bouleverser franchement leur programme établi il y a de cela quelques années déjà. Bien sûr il reste des petites pétites inattendues qui viennent jeter une once de violence bienvenue, un "Volontaire" sorti de la boue du passé le plus torturé, à peine moins stupéfiant que ce "Whats' in a bird" qui rappelle à nos bons souvenirs son absurdité surréaliste. Un simple album aurait été suffisant, regroupant le meilleur de cette tournée sombre et difficile, un peu empêtrée dans le statut pesant de Bashung qui fait naître des attentes trop grandes pour n'importe qui, même pour lui. Un album simple en dégageant les titres les plus connus, les moins surprenants, mais aussi des scories comme cette version bien foirée de "Faisons envie", la faute à Chloé Mons qui rentre dedans comme dans un magasin de porcelaine. Elle est bien mignonne Chloé, vraiment, je me souviens aussi d'elle en première partie sur un autre concert, quelques temps plus tard, une performance embarrassante, d'autant plus génante qu'il est difficile de la sortir de la scène à coups de sifflets sans vexer celui qu'on est venu admirer. Un extrait du Cantique, passe encore, elle est comédienne, elle sait dire, le couple s'aime et la tension sensuelle suinte de partout, la boucle de Burger est hypnotique à souhait, le texte est sublime. Mais fallait pas l'inviter sur un des morceaux les plus terrifiants de l'Imprudence, trop grand pour elle, déjà compliqué pour Alain. Tiens, en parlant de Burger, son jeu si particulier manque un peu, mais pas trop, sur un "Samuel Hall" terriblement habité, propulsé avec une fougue incendiaire par les deux cadors qui tout au long du concert ne cessent pas de déglinguer leurs guitares façon dissonances au karcher. Un sifflement de theremin vient hanter "Madame Rêve", toujours la chanson la plus érotique jamais écrite sur la fantasmagorie sexuelle féminine. Un "Malaxe" crépusculaire et sinueux tombe le rideau comme il ouvrait celui de Fantaisie, conclusion frémissante et lugubre alors que l'homme en noir se retire sans se retourner. Mauvaise grâce à balancer toute cette série de remontrances sur une performance qui fleurte somme toute avec le grandiose à l'occasion, mais il faut être honnête, cette captation est le meilleur concert que je n'écoute quasiment jamais. Sans rancune Alain. Quelques mois plus tard, dans une Elysée Montmarte alors enfumée par les cigarette et pas encore par les flammes, Bashung avait laissé tomber son décorum, avait repris un peu plus de nervosité sans perdre sa recherche de complexité. C'était celui-là que j'aurai voulu réentendre, une dernière fois…

note       Publiée le mardi 2 octobre 2012

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    london calling Envoyez un message privé àlondon calling

    Jamais compris cet engouement et toutes ces louanges ... de lui, je n'aime que ses disques "légers", pleins de p'tits rockabs et de jeux de mots, en gros jusqu'à et y compris "passé le rio grande" ... ses machins depuis, glauque'n'roll, hiératiques (ton mot est très juste), j'ai toujours trouvé ça d'un ennui indicible ...

    Thomas Envoyez un message privé àThomas

    Un grand moment dans la carrière de Bashung, le CD 1 est juste parfait. Le 2 est moins bon mais quand même excellent. Sa meilleure tournée à mon goût (du moins si je me fie aux témoignages discographiques, en vrai de vrai je n'ai vu que celle-ci et la dernière, avec un bon ptit live intimiste salle Pleyel au milieu). Chez moi aussi le CD a tourné en boucle pendant très longtemps et le DVD a empli nombre de mes soirées...

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    Solvant Envoyez un message privé àSolvant

    "Personnellement il a tourné en boucle des semaines et des semaines en bagnole." exactement pareil, avec les humeurs noires qui vont avec.

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    bubble Envoyez un message privé àbubble

    a part effectivement l'apparition de chloé qui sans être foiré a mon sens saoul quand même un peu . les titres joué sur ce live son infiniment supérieur à leur version studio ; ( cette version de TEL !! ) qui pour le coup font assez stérile quand on y reviens ( principalement les titres de l'imprudence ), . disons que ca fait studio quoi . là on sent le groupe et les morceaux sont étonnement fidèle et bien rendu dans les arrangements . après oui c'est froid mais c'est propre a cette époque de bashung . Personnellement il a tourné en boucle des semaines et des semaines en bagnole . je préfère l’écouter que les albums studio ....

    vigil Envoyez un message privé àvigil

    Mais, y'a LES IMAGES, alors pourquoi cette critique inutile...