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Sonic Youth › Experimental Jet Set, Trash & No Star

  • 1994 • Geffen DGC-24632 • 1 CD

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surimi-sans-mayo      mardi 9 janvier 2024 - 19:03
born to gulo      mardi 9 janvier 2024 - 09:30
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torquemada      samedi 30 décembre 2006 - 15:24
edenbeast      lundi 23 octobre 2006 - 04:31

cd • 14 titres • 50:18 min

  • 1Winner's Blues2:07
  • 2Bull In The Heather3:04
  • 3Starfield Road2:15
  • 4Skink4:12
  • 5Screaming Skull2:39
  • 6Self-Obsessed And Sexxee4:30
  • 7Bone3:58
  • 8Androgynous Mind3:30
  • 9Quest For The Cup2:30
  • 10Waist2:49
  • 11Doctor's Orders4:20
  • 12Tokyo Eye3:54
  • 13In The Mind Of The Bourgeois Reader2:33
  • 14Sweet Shine5:22 + 1:24 de bruit

informations

Enregistré à Sear Sound, NYC sur un 16-pistes, 1993 Produit et mixé à Sear Sound et Sound on Sound par Butch Vig & Sonic Youth Ingé-son : John Siket

Si l’on monte le son suffisament fort entre les chansons, on peut entendre l’album « Sister » tourner au fond du mix. Très étrange. Les deux albums ayant été enregistrés dans le même studio, le groupe a prétendu avoir enregistré « ETJANS » sur les mêmes bandes pour économiser…

line up

Kim Gordon (vocaux, basse, guitare additionnelle), Thurston Moore (vocaux, guitare speaker gauche), Lee Ranaldo (guitare speaker droit), Steve Shelley (batterie)

chronique

Les Sonic Youth sont des créatures piquantes, extrêmement cultivées, dotées d’un humour féroce et acerbe, qu’ils cachent sous un sérieux monacal arty qui pourrait faire gloser. Ils sont aussi prudents et sibyllins. En 1994, craignant de se voir mis en boîte par l’industrie du disque au rayon godfathers du grunge, ils s’échappèrent de leur bulle de disto pour aller chasser sur des territoires inconnus. Point de lo-fi, de hardcore, ou de coups de crosse à la Pavement, les voilà lancés sur les traces du jazz anguleux et de la pop. Mais alors, une pop à l’envers. Alors que le suicide de Kurt Cubain entraîne tout le rock américain dans une chute qui semble ne jamais avoir fini, la clique à Lee Ranaldo délaisse la niche confortable créée par Goo et Dirty, refusant d’usiner une rébellion sous vide pour une génération qui écoutait les Guns quand « Daydream Nation » est sorti. Morcelé, en retrait, difforme, « Experimental… » est leur dixième disque, le premier pour lequel il n’ont pas tourné, ainsi qu’un objet bien étrange. C’est la première fois qu’ils font machine arrière… Tous leurs albums précédents se rapprochaient d’un noise-rock mâtiné de pop spectrale. Et paradoxalement, c’est la seule fois où ils montrent leur gueules sur la pochette… Peut-être pour sous-entendre : "ceci est notre white album" ? (après le whitey album !) Peut-être pour mieux illustrer le titre ? Interprétation courante : Lee Ranaldo c’est l’Experimental, Kim Gordon la Jet Set, Thurston Moore le Trash et Steve Shelley le No Star. On peut également prendre l'énumération du titre comme une mise en garde pour dissuader l'amateur de musique formatée d'acheter le disque... Les Sonic Youth souhaitaient réaliser ici ce que Nirvana n'a pas réussi avec In Utero : un retour à l'underground. Mission Accomplie. Si le single "Bull In The Heather" sera lancé en grande pompe un peu partout, propulsant le disque dans le top 10 anglais, (ironie du sort : aucun effet sur la gratte, refrain batterie + voix) ce sera le seul de l'album. Plus personne n'ira essayer de les promouvoir nouvelles idoles jetables, c'est promis. Dorénavant le groupe avance en formation dispersée, chacun bricolant des chansons dans son coin, un peu comme les beatles de l'album blanc (tiens, tiens). La maturité approche. Le reste est une collection de courtes pop-songs ébouriffées, aigres, du genre elles viennent de se lever et elles ronchonnent. Si une quelconque routine s’installe, un quelconque confort mélodique, alors la chanson implose ou s’écrabouille prématurément dans un gratouillis de feedback. La plupart des morceaux sonnent comme des défouloirs après la tournée Dirty… Joués live, sans préméditation. Et pourtant le lancinant « Skink » et le désopilant « Screaming Skull » que Cobain aurait adoré (sorte de boutade envers leur ancien label SST, légende de la scène indé ricaine, par un Thurston Moore qui imite les gémissements de Kim Gordon) sont parmi leurs meilleurs morceaux : désinvoltes, habités par une guitare serpentine qui s’esbaut sur tout le disque avec économie et réussite (Tokyo Eye, ou la guitare n’apparaît que pour un solo génial). On sent le groupe mal à l’aise, cherchant à s’extirper du format couplet/refrain, à renier son talent mélodique. Une réinvention s’impose. Elle se fera tout naturellement par la suite. Mais ce superbe moment de transition que fut EJSTANS (eh oui) restera dans les mémoires.

note       Publiée le vendredi 20 octobre 2006

chronique

Pas de nostalgie… Mais j’ai rêvé cette nuit de mon père – qui n'est plus de ce monde (et c’est interminable et très court à la fois ces choses, la maladie, l’âge etc.). Il me « rendait » de l’argent qu’il ne me devait pas – pudique manière d’alléger sans le dire une fin de mois. Il me donnait des choses (objets, gadgets) d’un âge que je n’avais déjà plus – déjà souvenirs mais qui faisaient plaisir. Une bande traînait aux pieds de l’immeuble – des mecs aux airs d’épaisse stupidité que j'identifiais comme "des fachos", avec des gueules sans humour et des armes faites maison en PVC, genre lance-patates mais avec à la place des espèces de fléchettes. Ma mère me disait : « ah oui, qu’est-ce qu’ils sont cons ».

Bon… Au réveil j’ai eu tout de suite dans la tête cette chanson douce et triste, avec la voix encore – à nouveau ? – érotique, érotisante, agaçante et qui donne envie, de Kim Gordon : Doctor’s Orders. Take one, to come/Doctor’s Order’s, no more borders… Pas de nostalgie mais je me rappelle, avec plaisir. Précisément, aussi : comme il avait été accueilli, ce disque. Avec un soulagement certes suspect, par une presse rock qui quelques mois avant – qui encore alors, je crois bien – acclamait « le grunge » (ce mot pas bégueule, pas difficile…) et son retour aux instruments en bois et aux chemises sans paillettes. (Au fait… Sonic Youth, sur les photos du livret de Goo, je leur ai toujours trouvé un côté glam, dérisoire ou non. Pas que là, en fait…). Enfin, disaient-ils : Sonic Youth « arrêtaient de faire du rock ». Hmm. Bon, les membres du groupe en rajoutaient eux-mêmes, comme pour se débarrasser de Dirty et de son succès, de sa production multicouches. Ranaldo ou Moore, je ne sais plus, qui sortait en interview des trucs du style : « on a un peu trop tourné avec Pearl Jam, ça m’avait influencé ; […] mais c’est fini, maintenant, ces conneries de guitar-heros… ». Je n'ai jamais trop rien pensé de Pearl Jam mais j’avoue : même sur le coup, ça m’avait paru un peu bas, un peu facile…

Mais voilà : en dépit de tout, en dehors des discours, et dès Bull In the Heather, sorti avant le reste, j’avais aimé cet album. Certes pas la furie des premiers, la joie sauvage du bruit à bras le corps. Certes pas la vague froide – cold-wave, new-wave plongées dans le boucan, oui – de Goo. Bien sûr, pas la flamme couvée-perçante de Daydream Nation… Mais encore : pas de nostalgie. La conscience certes nette que quelque chose était fini – j’ai toujours eu cette impression. Mais pas de regrets. Les vieilles techniques du groupe – les carillons de guitares fêlées, entrelacées mais pas asservies, l’une à l’autre. Les martèlements, répétitions. Le retour à un son cru, nu. Ce titre qui en fait trop, d’accord – mais oui, qui en profite pour dire un truc en douce. No Star, Jet Set…

Experimental ? Oui, en ce sens qu’ils se permettent des choses, entre les moments un peu attendus – puisqu'il y en a aussi, d’accord. De toute façon, rien d’interdit, fardeau (No Star… ? Bon…) ou pas, décade ou non. Des collages, dans ces moments même, des montages. Des dérives cette fois bizarrement jazzy – mais pas encore à la recherche de la « classe » que sembleront poursuivre d’autres albums, ensuite, pas encore résignés à l’adulte, au respectable, à l’iconique (Tokyo Eye et sa charley qui crisse entre deux couches de feutre – qui m’a toujours ému et apaisé, d’un seul ; la fin de Doctor’s Order, encore). Des détails cachés dans le son fatigué, délibérément délavé, râpé. Des pointes d’humour lucide – dissimulés sous les coups d’ironie saillante, de sarcasmes voyants (Screaming Skull – mais encore, celle-là n’est peut-être pas si sûre d’elle, on peut penser aussi qu’ils se comptent dans le lot… SST/Society/Superchunk/Superstore/…/Pat Smear ??).

Voilà, j’aime toujours bien ce disque : Experimental Jet Set, Trash and No Star. J’arrive désormais à me rappeler son titre d’un trait. J’entends pourquoi on le trouve par ailleurs anodin – le fameux contexte oublié, le vœu de renaissance alors peut-être un peu trop fort clamé. J’arrive à Sweet Shine, là, au moment de conclure. Celle-là aussi me paraît jazz de presque rien – celle-là aussi me cause, me touche toujours autant, aussi personnellement, intime. Tout ça – le rêve, aussi, du début de mon texte – se passait dans la chambre où j’avais été gosse, où j’ai été ado. Ce sont d’autres gens qui habitent là, maintenant…

Ouuuuh ! I’m coming hoooome… C’est une espèce de folk, en fait, de blues, comme l’ouverture, tiens, Winner’s Blues. Tout est dit ? N’empêche que cette musique ne fait pas que revenir, que ce n’est pas ce qui compte, finalement. Elle dit – à moi, en tout cas – « et maintenant » ? Qu’on aime ou pas ce qui suivra, la réponse, l’après, la question reste valable – la question reste vivante, chargée d’on ne sait jamais quoi, encore. Pas de nostalgie, rien ici qui soit "seulement des restes"… Je vais mettre pour l’heure un autre disque, me faire un dernier café avant un moment. Et dans deux heures je pars, voir d’autres gens rencontrés entre temps et avec qui, je crois, on n’en a pas fini.

(C'est comme toujours cette espèce de morceau caché qui me dit au revoir pour cette fois - scie circulaire et voix japonaise... Je n'ai jamais su ce que ça raconte, ça ne sert à rien... Mais j'ai toujours aimé quitter ce disque sur cette touche de fun, absurde et pas trop longue).

note       Publiée le vendredi 31 mai 2019

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(Pas grand-chose à voir, au fait... A part que celui-là aussi, c'est un rêve un peu bizarre qui me l'avait fait réécouter/chroniquer).

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ah, j'avais pas vu ton développement sur l'Oeil de Tokyo... Ça va pas non, il est super ce son de batterie "lofi travaillé dans ce sens" !! (Bon, je me doute que le "alors que c'est même pas du black metal" n'est pas à prendre très au sérieux, hein, dans l'affaire).

Message édité le 14-01-2024 à 18:40 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Bah tu te doutes que pour Yo La j'ai pas besoin d'être "prêché" mais bon, ça n'empêche pas que je ne m'en sois jamais lassé, de cet Expe Jet Set Etc. Après je suis sans doute de base plus preneur que toi pour des trucs comme Tokyo Eye et d'autres que tu cites, faut croire - celle là et Sweet Shine par exemple, ben justement, perso elles me touchent beaucoup ! (Et puis j' aime bien le contraste que ça fait avec des machins délibérément pas fins genre Screaming Skull...).

Message édité le 14-01-2024 à 18:35 par dioneo

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Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

Non mais il fait partie des "biens mais un peu chiants des fois". Je crois que rayon morceaux lancinants et dissonannts, Yo La Tengo me touche plus par exemple maintenant, ou Blonde Redhead pour rester sur des groupes comparables. Du mal avec Bone, Starfield Road, Tokyo Eye, et Sweet Shine qui malgré tout garde une petite surprise en toute fin. Bull in the heather est superbe, comme In the mind of the Bourgeois Reader, Androgynous Mind aussi comme je réécoute pour comprendre. Alors on est d'accord c'est pas la moitié, disons un tiers qui me fatigue un chouïa.

Message édité le 14-01-2024 à 18:06 par Alfred le Pingouin

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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@Alfred, va falloir préciser : quelle moitié !! (Qu'on sache laquelle de tes rotules doit sauter...). (Et en vrai je vois pas trop, même vraiment pas, donc bon... Je suis curieux).

Message édité le 14-01-2024 à 17:39 par dioneo

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

J'en mettais beaucoup de côté, au début et pendant des années, mais maintenant même "Tokyo Eye" passe ; à la rigueur "Doctor's Order" : la version alternative chantée par Thurston Moore, sur la compile Screaming Fields of Sonic Love, est largement mieux et lui fait du tort.

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