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Greene Street Recording, New-York, Etats-Unis, juillet-août 1988.
Partis d'un rock bruitiste assez extrême et inaudible, les intellos new-yorkais, auxquels le grunge doit tant, dessinent avec "Evol" en 1986 puis "Sister" en 1987 une évolution vers un rock à guitares toujours brûlant et crade, certes, mais aux contours nettement plus mélodiques malgré ses dissonances retorses. "Daydream nation" (1988) achève en quelque sorte ce trajet, avant un nouveau périple vers des contrées plus hospitalières encore ("Goo" en 1992 leur fera quitter l'underground pour accéder à une audience très élargie). Cela ne les empêchera pas d'ailleurs, plus tard, de s'attaquer à Steve Reich, preuve supplémentaire, si besoin était, que la soif d'expérimentations de Sonic Youth ne s'est jamais tarie. En attendant, ce "Daydream nation", double album à l'origine, dont les proportions impressionnent encore aujourd'hui à cause de la durée des morceaux (beaucoup de titres durent plus de 7 minutes), brille encore de cette inaltérable flamme, qui semble figée dans le temps, froide et brûlante à la fois, telle qu'elle fut peinte par Gerhard Richter, dont l'oeuvre orne la pochette. Ce disque ambitieux reste en effet un coup d'éclat inégalé dans la discographie du groupe. Pourquoi ? Parce que des compositions qui tuent, ne laissant jamais un instant place à l'ennui, se conjuguent avec la percée lancinante et douloureuse des guitares-kärcher en autant de chevauchées furieuses et frénétiques. La rage semble pourtant sans cesse contrebalancée par un chant désinvolte. Mais rien n'y fait : ce disque reste une infatigable succession de cavalcades à la violence aussi insoutenable que progressive dans son dévoilement. Partis d'un "Teen age riot" en forme d'hymne, on dérive bientôt vers les tourments apocalyptiques que sont "Silver rocket", "'Cross the breeze", "Total trash"... ou post-apocalyptiques avec l'étrange "Providence", pièce d'ambient-indus comme issue d'un monde ravagé. Pas de rémission. Impitoyablement, malgré les accents punks old school plus fédérateurs d'un "Hey Joni" pris au milieu de la tourmente, le couteau est de plus en plus violemment retourné dans la plaie avec les "Rain king", "Kissability" et surtout une "Trilogy" épique, anthologique, se concluant par les coups de boutoir furieux de "Eliminator Jr.", une tuerie en règle. Un des meilleurs disques de Sonic Youth.
note Publiée le jeudi 29 décembre 2005
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Comment il tape sur ses baguettes le monsieur au début.
Pour ma part je conçois aussi un disque comme un tout monolithique même s'il y a parfois des disparités.
Adolescent. Dans le bon sens du terme.
Ca, c'est ce que j'appelle se tirer une balle dans le pied…
Pas quand l'intention y est.