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Sonic Youth › Dirty

cd • 15 titres • 58:46 min

  • 1100%
  • 2Swimsuit Issue
  • 3Theresa's Sound-world
  • 4Drunken Butterfly
  • 5Shoot
  • 6Wish Fulfillment
  • 7Sugar Kane
  • 8Orange Rolls, Angel's Spit
  • 9Youth Against Fascism
  • 10Nic Fit
  • 11On The Strip
  • 12Chapel Hill
  • 13JC
  • 14Purr
  • 15Créme Brûlèe

informations

line up

Kim Gordon (chant, basse, guitare), Thurston Moore (chant, guitare), Lee Ranaldo (guitare, chant), Steve Shelley (batterie)

Musiciens additionnels : Ian MacKaye (guitare sur "Youth Against Fascism")

chronique

Ce Sonic Youth est resté secrètement mon chouchou, ce que j'ai parfois oublié. Quelqu'un de moite me l'a chouravé il y a dix ans pendant que j'étais trop dans le flou émotionnel pour capter que j'en aurais encore besoin, tsss, au lieu de lui dire de choisir ce Pixies, là, juste là - quoi, il fait pas envie mon Pixies ? Ah tu les as tous déjà mh, mais attends, j'ai un Radiohead très fad...excellent, aussi, excellent ; prends-le plutôt, tu me remercieras après, viens un peu là mh, bisou. Ou alors je lui ai donné... Bah, de toute façon c'est pareil, sous perf d'œstrogènes on est vraiment trop des cons. Lieux communs ? Comme les couleurs grunge de Dirty : lisez entre pour saisir que ces souvenirs ne parlent que de ce skeud, de sa malice, de sa sensualité. Mon Sonic Youth perso, ma peluche, mon kiki de tous les kikis, le voilà donc, fricotant et filasse et laine de riffs. L'album qui se passe la gégène dans ses parties, intimes, guitaristiques, vocales - merci Kim, ton jus est un excellent conducteur d'électricité - et que j'ai donc dû racheter, après avoir dissocié de ce son l'odeur d'une femme au sortir de la douche allumant sa clope, sinon c'était note maximale et chronique impudique. On l'a échappée belle. Là on reste dans le souvenir doucereux, doux-amer, comme Dirty. Avec des cernes, blessures de guerre de l'homme et de la femme modernes. Je pourrais vous parler de la partie chloroforme de "Shoot", assurément l'un de leurs plus beaux morceaux, même constat pour "Theresa's Sound-world" et "Sugar Kane" au passage, mais ce serait trop érotique... Dirty, oh oui, doux-amer, gueule-de-bois et clopeur Dirty... L'album "vous êtes grunge, c'est la mode, mais nous aussi, parce qu'on était grunge, sans chemises de bûcheron, avant que le grunge soit inventé par... quel connard de scribouillard, déjà ? Kim, crème ma rouille bébé ; Lee, assaisonne le venin ; quant à moi je vais tâcher d'être le moins Glenn Branca et le plus accessible possible, même si j'ai un papillon ivre qui m'obsède et un "On The Strip"/"Nic Fit" kim démangent, et tu vas m'aider ma blonde, hein ? Fais ta voix du réveil, vas-y chérie, montre-leur encore". Oui : accessible, le mot est lâché. Pas que Sonic Youth soit spécialement habitué à l'expérimental intégral, pas qu'il soit Fugazi non plus... mais en fait si, c'est ça, les deux groupes partagent une étrangeté certaine, une singularité, un onirisme sans vulgarité, une élégance sans guindé. D'ailleurs je découvre juste aujourd'hui que c'est effectivement Ian MacKaye sur leur morceau punk politique faussement naïf. Même si je vois plus Sonic Youth comme le parfait groupe pour encyclopèdes talentueux et intermittents du spectacle poétiques, Dirty parle aux artistes ratés aussi, puisque j'en suis volontiers, étant chroniqueur. Et c'est un amour d'album de son époque. Et c'est probablement ce que Sonic Youth a sorti de plus fresh, avec ce goût de spleen qui rend la bouche sèche et qui me parle plus que celui de Nirvana. Tout en gardant son instabilité rythmique, thanks to Steve. Et sa patte grésillant-difforme, son relief de résille rock, thanks to the three others. Une tension tappie qui surgit parfois avec l'énergie la plus crue possible, pure explosion rock. Tout ça est très bon, vraiment, avec un son typique de Sonic Youth, ce son de chaussette de tennis sale qui sent quand même super bon... étrange ? Non : Sonic Youth. Alors les considérations du genre "l'album le plus grand public", dans le fond je vous avoue que je m'en tamponne la sacoche DDP, Dirty étant tout aussi subtil et secret que leurs albums soit-disant élitistes des années 80. Et tout aussi cicatriciel des guitares, tant qu'on y est, et je mets au défi quiconque de me prouver le contraire à son écoute. Et puis grunge ? En fait c'est ça la vulgarité, et je suis encore tombé dans le panneau : Dirty est un peu plus atypique que ça, et aussi bien trop mûr, grise-mine et sarcastique pour être juste teenager, son effet est grunge mais sa musique ne l'est pas plus qu'un Fugazi. Ce ne sont là qu'ombres et reflets quelque peu vicieux savamment dispatchés par Mister Moore et Miss Gordon pour que les balourds restent balourds. Mon chouchoupinou, définitivement, et l'album idéal pour les matins gris ou les après-midis interminables, à aligner latte sur latte, à se sentir loque allanguie, lessivée, à redevenir cet étudiant vaguement heureux dans son studio recouvert de stickers, zonant entre les cadavres de bouteilles remplies de mégots avec le sentiment d'un éveil sans fin. Jusqu'à ce que les coups de fouet "Chapel Hill" et "Purr" nous décident un peu à nettoyer toute cette merde... Et qu'on se ré-avachisse dans le pouf pour "Crême Brulèe", titre qui se mange vraiment à la petite cuiller comme du Patti Smith passée à l'eau oxygénée et qui a fini tout le xanax... Merde, ça y est je me souviens, le premier exemplaire je l'avais pas acheté mais emprunté à la médiathèque, et tu t'es barrée avec, fourbe belette ! Oh mais attends un peu, le temps d'émerger, de me doucher, d'allumer une clope, de remettre encore un coup l'album et... oh, whatever... "Your life and my life they don't touch at all, and that's no way to be". Smack blasé à distance - and that's alright with me.

note       Publiée le mercredi 20 mai 2015

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Note moyenne        21 votes

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Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

J’écoute le CD bonus de la version Deluxe 2 CD, y a des choses marrantes (la reprise toute choupinou de Personality Crisis), des embryons de morceaux qui apparaissent dans les impros, et en fait… surtout des impros, alors que c’est leur album le plus calibré avec Goo.

Les versions alternatives sont très bien aussi. Notamment un Youth against fascism pas avare en gros larsens dans ta gueule de fasciste potentiel.

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

"Chapel Hill" ? J'ai toujours eu beaucoup d'affection pour elle, malgré ou pour le côté un peu nouille et bien peigné, mélodiquement. C'est vrai qu'on dirait un peu une chanson de la seconde moitié de Goo - la grâce (l'inspiration) en plus.

En fait sur Dirty, y a pas grand chose sur quoi mon avis ait changé d'un iota depuis trente ans ; à part "Youth Against Fascism", que je trouvais parfaitement con-con et royalement satisfaisante pour cela précisément, et dont j'ai pris tout récemment en pleine poire le côté très extrême, sur bien des plans.

Message édité le 14-01-2024 à 19:56 par born to gulo

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Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

"JC" est un pur chef d'oeuvre.

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Oui, au point où je me suis demandé s’il n’y a pas eu un mort dans l’ex-groupe.

GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Ça cause beaucoup trop de Sonic Youth ces temps ci pour pas satisfaire un besoin naturel. Un effet secondaire du Dry january ? Team Goo, sans hésiter, mais Dirty bien placé.

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