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Sonic Youth › A Thousand Leaves
informations
Produit par Wharton Tiers & Sonic Youth 1997/98 NYC. production additionelle par Don Fleming Enregistré à Echo Canyon, excepté "Female Mechanic", Sessions @ West 54th St
Pochette réalisée par l'artiste Marnie Weber (mine de rien, c'est un fuck...)
line up
Kim Gordon (guitare, voix, basse), Thurston Moore (guitare speaker droit, voix), Lee Ranaldo (guitare speaker gauche, voix), Steve Shelley (batterie)
chronique
- post-grunge > instrumental
« A Thousand Leaves ». Un titre qui pourrait évoquer l’automne, l’atmosphère du disque s’en approchant, pourtant, sur le cd est imprimé « mille feuille », barré d’une croix. Serait-ce une allusion à l’impression de mille-feuille sonore de certains enregistrements du groupe ? En tout cas, ce n’est pas le cas ici. Autre piste : Thurston Moore a déclaré à l’époque que chaque album de Sonic Youth pouvait être considéré comme une feuille, et que « 1000 Leaves » signifiait qu’ils en sortiraient mille avant de s’arrêter. Ce qu’ils pouvaient désormais faire, nantis de leur nouveau label SYR (pour Sonic Youth Records). Les voilas donc débarrassés du joug de l’horrible compagnie Geffen, délaissant leur noisy rock pour flirter avec l’atonalité sur ce disque charnière, qui pour moi, marque le passage à l’age adulte du groupe… “Contre le sexisme”, intro lénifiante, nous endort avant même de commencer. Ou bien peut-être s’agit-il de nous plonger dans la léthargie propice à la réception de cet album-concept. Que va donc faire Sonic Youth contre le sexisme (après le fascisme, le sexisme) ? Hé bien, tout simplement donner une guitare à Kim Gordon, et lui passer le micro un peu plus souvent qu’à l’accoutumée. Résultat : ceci est le disque le plus « riot-grrl » du groupe, plein d’imprécations hargneuses de la Gordon, feulant comme une chatte à qui on veut prendre ses petits. Une chatte qui chante faux, ceci dit. Ah, et la basse n’est présente que sur deux titres : « Sunday » et « Hits of Sunshine ». Jamais le groupe n’a laissé autant de place à Kim, elle se prend même pour Anna Karina dans Pierrot le Fou sur « Heather Angel », qui commence bien mais se termine de fort chiante manière. Il convient de signaler que le groupe – alors en pleine phase d’expérimentation dans son studio perso fraîchement inauguré – n’écrivait à l’époque quasiment que des instrumentaux, et « A 1000 Leaves » n’échappe pas à la règle. Le chant a simplement été ajouté en dernier lieux par-dessus. Et ça s’entend… Le groupe parle alors de « méditations improvisées sauvages » et de « structures subconscientes ». On constate surtout que « A Thousand Leaves » aurait très bien pu faire partie de la série des « SYR » (disques expérimentaux proches du post rock sortis sur le label éponyme), puisqu’il aurait du être un album instrumental à la base. D’ailleurs plusieurs mélodies sont extrapolées de « SYR 2 ». Pas vraiment un pur album de Sonic Youth, en somme. Doit-on en arriver à penser que c’est sous la pression d’une maison de disque peu compréhensive, avec un matériel et un son peu approprié, et un temps de studio limité, que Sonic Youth a produit ses meilleurs disques ? Bien sûr, il y a quelques bons moments : le rageur « Female Mechanic » (en réponse au « Bitch » de Meredith Brooks), le tendre et mélancolique « Hoarfrost », chanté par Lee Ranaldo, et le single « Sunday », seul tempo rapide, classieux au possible… Mais pour la plupart ce sont des moments de recueillement, d’introspection. « A Thousand Leaves » est un album d’intérieur, sur lequel seule Kim Gordon est encore énervée. Un disque automnal, pluvieux, discret, gris… et late-nineties. Ça sent un peu trop le coup de cœur inrockuptibles. C’est sûr, Allen Ginsberg et Karen Koltrane (avec des K), ça sonne cool, mais bon… L’ennui parfois ressenti peut s’expliquer par la durée de l’album (bien trop long). En effet, le groupe devait livrer ici un double album. Mais selon les dires de Kim Gordon l’idée a été abandonnée, car avec le support cd, cela n’avait plus de sens. Pourtant ils furent les premiers à fustiger les albums trop longs dans leurs interviews – arguant avec raison que la concentration auditive ne peut être optimale que sur une courte durée – genre 40 minutes. Le groupe aura défendu et privilégié le support vinyle jusqu’au bout (ils concevaient leurs disques en tant que 33t jusqu’à celui-ci), mais en 1997, la bataille semblait perdue. Alors, les Sonic Youth ont décidé de quitter le rock business, à leur façon, lentement. Ce disque est le premier pas vers le post-rock. Bientôt sortirait la video de Sunday, ou comment faire un fuck à MTV de la plus belle façon qui soit, bientôt le groupe allait-il enregistrer avec un certain Jim O’Rourke, rencontré en 98.
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commentaires
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- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Cette ouverture est complètement pétée, mais quelque part c'est ce qui rend unique l'album, et met tout de suite dans une autre disposition d'écoute que s'il avait ouvert sur Sunday ou autre titre "efficace" par exemple.
- Note donnée au disque :
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
« The Empty Page » n’est vraiment pas ce que j’appelle un excellent morceau, c’est rare que Sonic Youth me fasse bailler mais là c’est le cas et pour ouvrir un album ça pardonne pas.
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Bah, ça devrait sans trop de difficulté trouver sa place dans la foulée de la poignée de trucs tchèques (et autres) plus ou moins noisy que je compte continuer à chro dans les jours qui viennent.
- Giboulou › Envoyez un message privé àGiboulou
C’est vrai que Murray Steet est excellent. Un des atouts majeurs réside dans la brièveté du propos : 7 chansons (toutes excellentes) et basta. Hâte de lire la chro.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Murray Street est cool, oui, un de ceux qui "tiennent" après-coup de cette période "c'est bien mais on se fait un peu chier", de ces années là... À chroniquer encore d'ailleurs, je me disais ça ces jours.