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Sun Ra › Sun Song
informations
Universal Recording Studios, Chicago, USA, 12 juillet 1956
Il s'agit du pressage cartonné japonais à tirage limité
line up
Robert Barry (batterie), Richard Evans (US) (contrebasse), John Gilmore (saxophone ténor), Pat Patrick (saxophone baryton, clochettes), Julian Priester (trombone, chimes), Sun Ra (piano, orgue hammond), Art Hoyle (trompette, clochettes), Dave Young (trompette), James Scales (saxophone alto), Wilburn Green (basse), Jim Herndon (timpani)
chronique
- post bop > avant garde
Pour beaucoup, l'oeuvre de Frank Zappa ressemble à s'y méprendre à un dédale inextricable dont la difficulté à en trouver les codes d'accès ont fini par en décourager plus d'un. Que dire alors de celle de Sun Ra, ô combien plus faramineuse et presqu'impossible à complètement maîtriser ? Je ne pourrais pas vous dire si "Sun Song" est son premier véritable album. Il possède néanmoins, sous son air réservé, toutes ces traces d'authencité inhérentes à tout premiers travaux. Un détail pour certains : il est tout de même touchant de constater que, déjà, les fidèles Pat Patrick et John Gilmore sont aux côtés du grand stratéguerre de la musique intergalactique. "Sun Song" est encore terre à terre, ancré dans une esthétique jazz à la classe indémodable, mais sans ces chemins de traverses insaisissables qui sèmeront bien vite le trouble dans nos petites têtes. Et si, contrairement au défi lancé par chacun des disques de l'Arkestra, celui-ci nous semble beaucoup plus facile à apprivoiser - voire même à dater, à défaut d'excentricités plus ou moins justifiées, les titres de ce recueil possèdent un charme et une immédiateté proprement hallucinante. Le jazz n'en finit pas de se découvrir de nouveaux champs à explorer en ce millésime 1956, et le chemin qu'emprunte ici Sun Ra n'est pas très éloigné de celui défriché un peu plus tôt par Charles Mingus et son Jazz Workshop sur "Pithecanthropus Erectus". Son orchestre mêle déjà présent et passé afin de se projeter dans un futur modelable à l'envi. Les pièces sont courtes, peu ou pas encore propices à des explorations torturées, mais font d'emblée preuve d'une grande modernité ; son jeu harmonique, ses gammes répétées, ses dissonances calculées aux millimètre près... Cette pauvreté pour l'époque aux oreilles des mélomanes autoproclamés sonnent aux nôtres comme une extraordinaire vision, une prophétie sur le point de se réaliser et dont Sun Ra écrit ici les premiers vers. "Sun Song" est le plus accessible des albums de Sun Ra. Simple. Et beau.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouep, dans les notes d'Atlantis (disque d'ailleurs assez bizarre) il dit (Sunny) un truc du style "ceux qui vivent dans le passé sont condamnés à mourir avec"... De toute façon, Ellington ou pas, le Ra-Train, lui, desservait uniquement l'espace, dont les anthologies n'étaient pas encore rédigées/consignées... (Voilà qui me donne encore envie de relire Plus Brillant Que le Soleil, tiens...).
Message édité le 15-09-2024 à 10:58 par dioneo
- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Sur le Live At Montreux de 76, il y a une version de Take the A Train (mais bon, c'est du Billy Strayhorn pour être précis). J'ai vu passé deux volumes d'un truc appelé "Ellingtonia" qui semble être des excavations de diverses périodes mais je ne me suis pas pressé d'y jeter une oreille car, comme tu dis, pas certain que c'était destiné à être publié. Mais bon, Sun Ra était très loin de se poser en tant que gardien de quoique ce soit (contrairement à un Shepp qui avait cette propension à s'inscrire lui-même dans l'Anthologie du Jazz), ce qui est peut-être la fidélité même à l'esprit du truc.
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouep, Ellington... Difficile de ne pas y penser, une fois que tu as entendu le rapport - et sur les disques de cette période, difficile de ne pas l'entendre ! Des influences et finalement des expériences communes, sans doute, aussi - le blues, le gospel, les grands orchestres swing... Mais oui, Ellington a "synthétisé", ou transformé, "processé" tout ça d'une manière qui a marqué beaucoup de monde ensuite. Mingus bien sûr (pas caché non-plus), Monk très certainement aussi, oui (mais Monk part encore ailleurs - et influence autrement d'autres gens après je pense), Archie Shepp ou des gens comme ça, aussi. "Tout le monde" ou presque, à un moment donné dans ces musiques, reprendra "du Duke" (des morceaux de son répertoire, d'ailleurs parfois co-écrits au moins par ses arrangeurs mais c'est une autre question encore - celle de la création collective dans ces machines-orchestres là, même dans les versions à priori éloignées de "la base", dans le free etc. ... une autre question oui, mais sur laquelle il y aurait BEAUCOUP à dire concernant la musique de Sun Ra et des Arkestra, d'ailleurs). Ceci-dit à ma connaissance le Sunny n'en a pas repris, lui, du Duke - mais ma connaissance est partielle ! (Ce qui dans son cas n'est sans doute pas seulement mon cas, vue cette disco dont on n'a peut-être même pas encore fini de découvrir des bouts, où c'est parfois assez compliqué de savoir ce qui était à la base destiné à être publié ou pas etc.).
Message édité le 14-09-2024 à 19:05 par dioneo
- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Revoilà Sun Ra et ce jusqu'à Dieu sait quand. Celui-ci peut paraitre anecdotique à ceux qui rebroussent chemin depuis les pièces du puzzle ultérieures. Mais il n'y a pas que le Diable qui soit dans les détails, la clef des voyages intersidéraux peut s'y trouver aussi. Sun Ra n'était pas particulièrement bavard sur ses influences, tout comme Mingus cité dans la chronique ou un Cecil Taylor, autre grand dynamiteur. Pourtant, la référence commune à tous fut Ellington, directement et à travers Monk qui ne s'est jamais trop caché de l'influence de Duke. Il y a tout de même 3 moments qui laissent soupçonner la phénoménale traversée qui va suivre: "Street Named Hell", "Future" et le morceau-titre.
- Note donnée au disque :
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Je réitère, cet album c'est un concentré de joie pure. C'est aussi à ce jour le plus "ancien" album de ma discothèque. Y a tellement de thèmes mémorables mais aussi de choses plus étranges et Sun Ra était déjà un pianiste bien singulier (c'est très découpé, heurté, répétitif parfois).