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Lydia Lunch › In Limbo

vinyle • 6 titres • 31:27 min

  • 1I Wish... I Wish5:24
  • 2Friday Afternoon4:11
  • 31000 Lies4:49
  • 4Some Boys4:49
  • 5Still Burning6:02
  • 6What Did You Do6:12

informations

Enregistré en novembre 1982 à Surf Sound, NYC

https://lydialunch.bandcamp.com/album/in-limbo

line up

Lydia Lunch (chant), Richard Edson (batterie), Thurston Moore (basse), Pat Place (guitare), Jim Sclavunos (saxophone), Kristian Hoffman (piano)

chronique

  • doom no-wave

Les limbes, c’est beau. C’est un entre-deux, un état de flou, un espace où on erre. In limbo, c’est beau, comme titre. C’est pour ainsi dire le troisième album solo (et musical) de Lydia Lunch. Avec un all-star band de la scène no-wave, des musiciens qui ont bossé avec Branca, Liquid Liquid, James Chance, Sonic Youth et bien sûr Teenage Jesus & The Jerks, le tout premier groupe de Lunch. Et ça s’entend dès les premiers crissements stridents du saxophone, omniprésent et proprement infernal tout du long, sur « I Wish… I Wish ». Après avoir pris un contrepied de dark cabaret puis sorti une bombe à fragmentation de post-punk abrasif, voilà que Lydia la prédatrice féministe revient visiter les recoins les plus sombres de cette scène new-yorkaise déstructurée, dont elle était, faut bien le dire, la reine. Lydia Lunch en homecoming queen no-wave, voilà une vision toute aussi alléchante que quelque peu terrifiante. Mais l'époque a changé. Sa musique apparait alors comme une sorte de dark-jazz swampy, issue de ce marigot urbain que sont les rues de NYC. Des compos visqueuses qui rampent dans les ténèbres, la voix de Lunch trainant un spleen agressif et rugueux, près à vous sauter à la gorge à tout moment. Des torch songs d’impasses à junkies et prostituées, une rythmique mortuaire, une guitare de coupe-gorge expressionniste, une forme de monotonie doom sans mythologie, ces limbes n’ont plus aucune référence religieuse, ce sont celles de la misère cachée derrière le rêve américain, ultra-capitaliste et patriarcal.

Lunch en errance dans ces morceaux, macabres tels une procession funéraire New-Orléans blafarde et vidée de toute sa substance vitale, comme elle hante une ville en décomposition. « In Limbo », c’est peut-être l’album le plus glauque de Lydia Lunch, et c’est peu dire. Comme si toute la violence de ses débuts s’était prise les pattes dans une sorte de mélasse informe qui en ralenti l’urgence, la prend au piège d’une inertie maintenant inéluctable. Ça en devient d’autant plus pénible, maintenant on a tout le temps de bien profiter de la douleur, de la dissonance, le supplice dure juste assez longtemps pour qu’on puisse y prendre un plaisir masochiste. Car ça n’est pas incompatible, il y a même ce moment de quasi sensualité torve, ce blues-rock morne et lascif composé par Rowland S. Howard, « Still Burning », que Lunch et son orchestre pourraient interpréter dans certains clubs interlopes de l’univers de David Lynch, mais plus le Power and the Glory que le Roadhouse, si vous voyez ce que je veux dire. La charge sexuelle y est question de pure lancinance et de menace, à l’image de la couverture équivoque de l’album (magnifique photographie de Nan Goldin). In limbo, entre deux espaces, dans un indéfini toujours un peu flou, mais dans lequel il ne fait jamais bon trainer trop longtemps, comme dans les rues de NYC. D’ailleurs une demi-heure et c’est remballé, comme à l’époque de Teenage Jesus & The Jerks. Une sorte d’élégie à l’éphémère no-wave. Ce qui est bon et nécessaire ne dure jamais. Ce qui fait mal par contre, ça s’étire et ça se dilate. Soyez patient, ça va durer…

note       Publiée le samedi 22 octobre 2022

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Note moyenne        3 votes

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gregdu62 Envoyez un message privé àgregdu62

Superbe la chro ! Ca faisait un moment que je n'avais pas écouté Lydia Lunch et tiens celui-cii est un inédit pour moi. "i wish i wish" et "some boys" wow !

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Merci, surtout de la part du meilleur connaisseur de Lydia Lunch sur GoD ! C'est aussi le premier album de Lydia Lunch que j'ai écouté (sur la compilation Drowning In Limbo), découverte frappante pour le moins.

Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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du grand Lydia, rien à ajouter à cette belle chronique.

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