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Jean-Louis Murat › Le manteau de pluie

  • 1991 • Virgin 0777 7 86733 2 3 • 1 CD

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SEN      samedi 29 septembre 2018 - 01:51
Solvant      dimanche 19 mai 2013 - 01:30

cd • 10 titres • 38:48 min

  • 1Je n'ai plus que toi, animal02:56
  • 2Col de la Croix-Morand04:44
  • 3Cours dire aux hommes faibles04:06
  • 4Le lien défait05:57
  • 5Sentiment nouveau03:39
  • 6L'éphémère04:11
  • 7L'infidèle03:28
  • 8Le parcours de la peine03:22
  • 9Gorge profonde03:59
  • 10Le manteau de pluie du singe01:49

extraits vidéo

informations

Enregistré à Studios De La Blaque & Sam West par Christophe Dupouy, Djum Ramon et Stephen Fitzmaurice. Produit par Jean-Louis Murat.

line up

Jean-Louis Murat (chant, guitares), Denis Clavaizolle (claviers, programmation, choeurs), Luis Jardim (percussions), Neil Conti (batterie), Chuck Sabo (batterie 2), Guy Delacroix (basse), Claude Langlois (pedal steel guitar), Gérard Geoffroy (flute), Marie Audigier (choeurs), Alain Bonnefont (choeurs), Anne (choeurs), Seb (choeurs)

chronique

  • élégie montagnarde synthétique

Coucou, qui c'est qui se cache derrière les épis de blé ? C'est Jean-Louis !! Bordel, sachons être sérieux, surtout quand il s'agit de contextualiser, car il y en a un peu besoin. En 1991, Murat reçoit le coup de main d'une rousse libertine qui lui offre un duo sur son nouvel album, histoire de partager avec elle une attention populaire qui lui fait défaut. C'est bien urbain de sa part, et le brenoï (comme ne tarderont pas à le surnommer ses fans) n'aura pas de Regrets à avoir, même si cela le suivra un peu comme la vieille casserole au cul que ses détracteurs ne cesseront de remettre sur la table, bien à tort. Dans le même temps et de façon plus révélatrice, Murat fait une apparition sur un autre album, un hommage à Leonard Cohen où il se retrouve unique frenchy entouré de pointures comme Nick Cave, R.E.M., Ian McCulloch, les Pixies et bien sûr John Cale (c'est là qu'il reprendra le fameux Hallelujah), pour y livrer une version de Avalanche en Français s'il vous plait. De là à y voir une filiation, il n'y a qu'un pas d'autant que le vieux poète Canadien avait lui aussi cédé au plaisir des roucouleries sur fond de synth-pop et de choeurs féminins très glucose. Et ce n'est pas peu dire que le père Murat n'est pas encore extrait de sa problématique "comment faire mouiller les filles", à l'écoute d'un single qui dépasse les bornes en terme de léchouillage d'intimité entrecuissesque, un "Sentiment nouveau" pas vraiment raccord avec les quatre premiers titres, où toute la quintessence de l'album est concentrée. Très étrangement, la suite oscille entre racolage actif en vue de fourrer sa langue là où il n'est pas toujours permis, et ballades extrêmement languides, limite ensommeillées, aux thématiques totalement désabusées, déprimées derrière leur sourire béat, "L'éphémère" respire bon la résignation sereine. Les claviers soyeux de Clavaizolle maintenant accompagnés d'un ensemble instrumental tissant une dentelle fine et délicate, un peu de pedal steel conférant une coloration légèrement country, une flute parcimonieuse dans l'air, des percussions envoutantes en arrière de la batterie de Neil Conti, échappé de Prefab Sprout, et Murat lui-même qui prend la guitare, pas encore prêt à se mettre en avant à ce poste mais électrifiant joliment déjà certains morceaux. Et des choeurs féminins un peu borderline à la fin de "L'Infidèle", crypto-sexuelle en diable. Une drôle de succession de creux et de bosses cette seconde moitié d'album, se concluant après le groove laid-back de "Gorge Profonde" sur des bruits d'orage, une voix mystérieuse en boucle, alors que Murat sussure ses derniers mots couverts par la pluie. Une averse qui renvoie à l'ouverture, nocturne, humide et aérienne, Clavaizolle et ses nappes de synthés mélancoliques interrompus par cette petite voix de femme qui chantonne doucement, dans un language inconnu. Quelque chose, un hasard heureux, me fait dire qu'il s'agit d'Eiko Mastuda interprétant Sada Abe, l'amoureuse à la folie de l'Empire des Sens, caressant avec tendresse le sexe de son homme. Murat avait refermé son opus précédent avec Tarkovski, il ouvre celui-ci avec Oshima. Il est alors aisé de saisir toute la portée des seules paroles qui résonnent dans la nuit, douloureuses et pathétiques "Vois, comme je vis mal, je n'ai plus que toi, animal.", le monde réduit à un presque rien confinant à la démence. Et encore et toujours l'autre règne, celui des animaux, qui pullulent dans le champ sémantique du brenoï, ce guerrier-paysan-chanteur en patois Auvergnat, cette "âme de berger" dont la montée au sommet du Col de la Croix-Morant constitue déjà un des morceaux les plus bouleversants, les plus grandioses. Le bruit des bêtes en transhumance, l'aboiement du chien qui les guide, le souffle glacé du vent, le glissement des ruisseaux sur les pierres et le silence pesant et cotonneux de la neige qu'arrivent à rendre palpable les pulsations synthétiques de Clavaizolle. Elégie montagnarde, supplication pour repousser la mort, solitude paysanne des altitudes. Puis ce single de synth-pop tout en nervosité, "Cours dire aux hommes faible" au rythme cardiaque électronique prêt pour la course de fond, au gimmick de clavier irrésistible qui rend séduisant un désabusement général. Et enfin "Le lien défait", qui restera toujours une des plus grandes chansons de Murat, en long crescendo sous hypnose, au son de guitare de plus en plus ample, déchirante et implacable : "on se croit d'amour, on se croit féroce enraciné, mais revient toujours, le temps du lien défait.". De ces hauteurs là, on chope un vertige en redescendant dans les vallées, mais on n'oubliera jamais les sommets parcourus.

note       Publiée le samedi 18 mai 2013

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Merci à toi pour le compliment ! Ca veut dire que j'ai réussi mon coup ! (moi non plus je ne suis jamais complètement revenu de la Croix-Morand)

SEN Envoyez un message privé àSEN

J'ai une admiration et un amour total pour la musique de MURAT ! Principalement grâce à N°6 et ses chroniques ! Merci à lui !

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mangetout Envoyez un message privé àmangetout

Je me réécoute les premiers Murat en ce moment et je ne me souvenais plus de la classe supérieure dégagée par le "Col de la Croix-Morand", cette ambiance mes aïeux et ce texte !

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Non, pas encore. Possible que j'aille voir le brenoï sur scène (ça fait un bout de temps) avant même de l'écouter. Quant au Manteau de pluie, ne serait-ce que pour "Le lien défait"...

SEN Envoyez un message privé àSEN

un album typiquement imparfait, mais y'a des morceaux sur ce disque... d'ailleurs t'as écouté le dernier N°6 ?

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