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Jean-Louis Murat › Le moujik & sa femme

cd • 11 titres • 47:52 min

  • 1L'amour qui passe04:08
  • 2L'au-delà04:22
  • 3Foule romaine04:00
  • 4Hombre05:44
  • 5Libellule03:01
  • 6Baby Carni Bird05:29
  • 7Ceux de Mycènes03:53
  • 8Molly04:30
  • 9Le monde intérieur04:51
  • 10Vaison-la-Romaine05:09
  • 11Le tremplin02:39

informations

Produit par JL Murat.

line up

Jean-Louis Murat (chant, guitares, harmonica, piano), Jean-Marc Butty (batterie), Fred Jimenez (basse)

Musiciens additionnels : Denis Clavaizolle (claviers 3, 5), Gabriel Fernandez (cuivres 4, 8), Florentin Gielly (cuivres 4, 8), Mariam Boumbia-Bagayoko (choeurs 11), Kandet Dioubate (choeurs 11), Mariam Silla (choeurs 11), Frédéric Gaillardet (claviers 4, 8), Lucia (voix 3)

chronique

  • jean-louis laid-back chiadé

Ah, "Le moujik". Dans la discographie toujours exponentielle de Murat, celui-ci occupe une place bien précise. Celle de la rupture entre la première période, celle des synthés et de la froideur (de Cheyenne Autumn à Dolores), et la seconde où Murat a tourné le dos à la technologie pour revenir aux bases, les siennes. Après un chef-d'oeuvre universellement reconnu comme Mustango (qui de fait n'appartient à aucune des deux périodes), le brenoï décide de faire plus simple, plus direct. De reprendre la guitare surtout. De se chercher en laboureur de scène également. Basse, guitare, batterie. La base il vous dit. Sans pour autant tendre à la sécheresse, d'autant que l'animal à des ambitions. Aller vers un plus large public, attirer l'attention sur soi quitte à faire la pute irascible ou hilarante dans les médias, à multiplier les "interventions Zapping", se construisant un peu malgré lui, ou à sa propre encontre, un personnage aussi détestable que délectable pour qui goûte ses éclats de voix. Mais Murat ce n'est pas ça. Murat donc veut signer des chansons que les filles pourront reprendre par coeur, mais sans les vieilles compromissions de jeunesse. "L'au-delà", malgré son titre funèbre, titre implacable au refrain parfait qui fera effet, tout en restant suffisamment joueur textuellement parlant, toujours en vadrouille sur les pentes des volcans. A l'image de ce morceau, ritournelle folk-rock impeccable derrière laquelle il aura couru un bon moment, Murat resserre son propos musical, établi un groove et se love dedans, sans craindre la langueur berçante de la répétition. Mais de toute façon, "Le moujik" est un album à la cool. Chiadé dans ses harmonies, avec des touches de claviers et de cuivres qui lorgnent vers les seventies. Et un Jean-Louis qui chante peut-être mieux que jamais pour envouter ces étranges créatures aux "orgasmes doux comme on aime". Vraiment, "Foule Romaine", c'est un scandale. Un pur scandale. Qu'est ce que tu veux lever après un truc pareil ? Si j'étais une fille, franchement… Non, je dirais pas ce que je ferais, parce que ça passerait pour vulgaire, mais en écoutant une chanson pareille, y a un truc qui s'écoule quelque part dans mon organisme. Une envie de décroiser les jambes. Déjà cet "Amour qui passe" en intro, bien que tout en ombre portée, c'était une mise en bouche à humidifier les muqueuses. Mais si Murat semble se faire plus accueillant, son écriture, paradoxalement, est parfois encore plus cryptique qu'avant. Encore aujourd'hui, je n'ai aucune idée de ce à quoi il se réfère dans la magnifique "Hombre", indolente et mystérieuse, quand il prononce ces mots en apparence simple "il est dix heures à la porte du bonheur", dans lesquels résonnent l'écho d'un tragique enfoui. Ailleurs, il est possible de saisir très précisément le fin mot de l'histoire, au détour d'une seule formule : le terrible "Molly" évoque de façon à peine détournée le 11 Septembre, alors que le grotesque "Baby Carni Bird", à l'écriture automatique aussi absurde que fielleuse, saque un phénomène médiatique bien de son époque ("si tu veux bien vivre dans une poubelle, y te refont une bite en or", c'est bien vu mon Jean-Louis) au cri d'un "kootchie!" accompagné d'une éjac électrique. Cette façon d'écrire à la hussarde, c'est aussi le symptôme d'un Murat qui se casse parfois un peu moins, tout en ne cessant plus d'être productif à l'excès, comme pour rattraper ses vertes années perdues (le mec à quand mec "percé" une fois la trentaine bien tassée, après des années de galères diverses). Bosseur/branleur, à la fraîche, décontracté du gland, à l'image d'une de ses figures tutélaires, le laid-back-as-fuck JJ Cale dont "Vaison-la-Romaine" est manifestement inspiré, jusque dans ce refrain rigolard (namedropper Philippe Lavil, sans complexe aucun). Cette veine guitaristique qui prend dès le début un goût de semblable (des morceaux comme "Ceux de Mycène" ou "Libellule", il peut en pondre d'une main tout en pissant), c'est le nouveau Murat. Les vieux fans, ceux de "l'époque Clavaizolle", auront parfois du mal. Ceux qui le découvrent avec "Le Moujik" en redemanderont toujours plus. Au delà de ce schisme des muratiens, il reste un morceau digne de "Mustango", donc un des plus beaux de Murat, "Le monde intérieur", piano-harmonica-voix-silence. Plongée dans la psychée humaine inspirée par la lecture d'un célèbre philosophe allemand, volonté de faire enfin disparaitre cette salope d'âme qui n'est qu'entrave, couplets qui tirent au fur et à mesure vers le moins, la déduction, le dénuement. Un truc qui saisi enfin à la gorge.

Bon
      
Publiée le jeudi 4 juin 2015

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    Un album que tu te surprends à écouter encore et encore, simple, minimaliste, intelligent et magnifique !

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    On y vient ! Mon Murat, le seul que j'ai acheté, trouvé en solde à vil prix y'a bien 10 ans de ça, écouté en s'attendant à détester, il s'est révélé un vrai bon compagnon celui-là, l'air de rien derrière son côté quand même un peu trop enjôleur... Faut être d'humeur, ou écouter par petit bouts, mais en tout cas, y'a des putains de chansons ça c'est certain. Disque de saison (d'ailleurs tout le monde s'y mets dans les chros en ce moment, et c'est vraiment classe), que je pense pouvoir qualifier d'usine à tubes avec le recul. Mélodiquement, c'est la corne d'abondance, et au niveau des textes, tout n'est qu'allusions et effleurement : on a jamais été aussi proche de la pop anglo-saxonne, au sens le plus noble. "L'au-delà", c'est du Nirvana qui aurait découvert la joie, assez miraculeux. "Foule romaine", du même tonneau, c'est tellement décomplexé qu'on est obligé de se manger l'insolent génie du gars en pleine poire. "Le monde intérieur" expose un peu les limites de l'univers Muratien j'ai l'impression, quoique perso, si cet album vaut vraiment 4/6, alors je me dis qu'il faut vraiment que je me repenche sur ses 6 (en même temps le livre à dolores est une perle ça je le sais).