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Jean-Louis Murat › Vénus
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Enregistré et mixé par Christophe Dupouy. Produit par Jean-Louis Murat.
line up
Jean-Louis Murat, Denis Clavaizolle, Christophe Pie (batterie)
Musiciens additionnels : Christophe Dupouy (flute 9), Jerôme Pietri (guitare solo 7), Marie Audigier (choeurs 1)
chronique
Il y a des albums comme ça, cantonnés aux arrière-cours des anthologies. Le Venus de Murat est de ceux-là. Faute à un entre-deux, à mi-chemin entre les premiers opus portés par des tubes un peu racoleurs qui dissimulent leur richesse et les grands succès critiques à venir. D'autant que ce Venus est particulièrement sournois, à bien des égards. Moins qu'un album de rupture franche et nette, l'écriture tend vers une conclusion d'histoire, une évolution plus rugueuse. Le son déjà, d'entrée de jeu contrastant avec les synthés glacés qui inondaient les albums précédents, guitare et batterie d'abord, et les claviers en arrière, Murat se tournerait vers un horizon plus Américain. Mais cette entrée en matière est un piège, à l'image des deux morceaux entrainants placés là comme pour faire passer une pilule autrement plus amère. Quoique si on y retrouve une propension pour les belles mélodies et une pop encore assez aguicheuse, le chant lui est plus sec, plus nerveux et les textes plus franchement désabusés, rupture peut-être pas encore, mais le stade du lien défait a clairement été atteint voire dépassé. De façon assez vicieuse, Murat réduit les refrains de ses deux attrape-couillons à l'os, une seule formule pas jouasse pour le premier, "Tout est dit", et un tintinabulement de guitare jangle pour le deuxième, coupant net toute velléité de chanter en choeur "Comme au cinéma", dont il ne conserve qu'une première consonne bégayante. Et malgré quelques sucreries essaimée ci et là, et encore, d'une sensibilité fragile et brisée très loin de la suavité doucereuse d'avant, ce Venus ne tarde pas à tourner sérieusement au vinaigre. Dès la troisième piste, Murat casse l'ambiance sévèrement, un chant abimé, fatigué, angoissé, une mélodie monocorde qui s'étale monotone sur près de huit minutes, "La fin du parcours", inventaire de la vieillesse au coin du sentier, de plus en plus implacable au fur et à mesure que la chanson avance, jusqu'à la dégénérescence physique et l'abandon moral. Malgré sa petite quarantaine, Murat pleure déjà sa mort, torturé par un tourment qui le ronge de l'intérieur. Dérive morbide qui trouve un écho surréaliste dans un autre morceau délité en longueur comme un vieux chewing-gum psychédélique, "La momie mentalement" et son écriture automatique en série de flux d'images absurdes "La même ordure, même amant, même gerçure, même sang.". De cet étalage d'analogies cryptiques se dégage sinon un sens, du moins un sentiment d'inquiétude renforcé par ce petit gimmick grotesque de clavier que Clavaizolle fait surgir d'ici de là, gonflement de cuivres apocryphes alors que Murat ressasse et ressasse son délire. Ce qui reste est à l'avenant, la perle "Rouge est mon sommeil", juste une guitare acoustique et des claviers nocturnes vaguement orientaux, voix en suspens, atmosphère de mystère qui ne se dévoile légèrement qu'à la toute dernière phrase "De Salman as-tu des nouvelles…". Le fabuleux "Matelot", évident comme une relation trop effritée déjà, refrain pris en charge par un roulis de synthés en mode mineur, dernière tentative de sauver son amour alors qu'il semble être déjà trop tard, ça ondule à s'en rendre malade. Ouais, c'est pas la joie des amants cette Venus, il y a maintenant une large faille entre eux, entre l'homme des hauteurs et la femme dont le lit coule dans les plaines. Cette distance, Murat la déplie sur les sept minutes fantastiques de "Montagne", délicieusement mais faussement languide, à l'arrogance sensuelle de vieux chevalier des cimes, déchiré par ses deux amours qui l'écartèlent entre vals et sommets. Evocation de Durandal, en des hospices médiévaux, tout là haut, le brenoï au corps à corps avec ses sentiments. Plus tortueuse que jamais enfin, cette Venus, son éponyme évocation en langue de vipère, sur des nappes de synthés louvoyants en pulsations malaisantes, Murat aligne tranquillement une série d'épitaphes aux relents Baudelairiens, chargés de sexe et de mort, "Embesogna les filles, mais mille trépas ne sont rien", d'un romantisme lugubre et animiste, "Englué dans l'abîme, un frelon musicien". Entre-deux, entre eux deux, un trésor vénéneux.
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- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
"Je suis heureux
Ça c'est montagne
Amoureux
Ça c'est la montagne
Tu peux au mieux
Être rivale
Tu peux au mieux
Dans tout cet attirail
Ça fait des mois que je souffre
Tu rejettes la montagne
Comprends-moi
Je suis montagne
Tu peux au mieux
Mettre ta pagaille
Tu peux au mieux
Brouiller les détails"
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Après une rapide recherche image, je ne peux hélas pas argumenter avec ta dernière phrase. Mais enfin va dire ça à une fille, on aura un autre son de cloche (et n'y voyez rien de misogyne dans cette phrase).
Mais tu parlais de porte d'entrée l'autre jour, ben finalement celui-là constitue une bonne porte dérobée, un gros cran au dessus de ses premiers albums mais sans le "statut" de Dolores ou Mustango. Peut-être le meilleurs trésor caché de sa discographie. Pondre cette chronique me l'a fait revoir sérieusement à la hausse.
- london calling › Envoyez un message privé àlondon calling
Moi je préfère "Venus" par les Shocking Blue ...la chanteuse est plus sexy que l'Auvergnat ...