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Jean-Louis Murat › Tristan

  • 2008 • V2 530 637 4 • 1 CD

cd • 10 titres • 43:39 min

  • 1La légende dorée4:47
  • 2L’amour en fuite5:10
  • 3Mousse noire4:46
  • 4L’hermine3:39
  • 5Chante bonheur4:31
  • 6Tel est pris3:27
  • 7Les voyageurs perdus4:18
  • 8Dame souveraine3:42
  • 9Il faut s’en aller3:12
  • 10Marlène6:07

informations

Enregistré en Auvergne par Aymeric Letoquart.

line up

Jean-Louis Murat (chant, instruments)

chronique

  • murat en toute intimité

Jean-Louis seul chez lui, en autarcie, tout instrument et toutes voix par le brenoï. On l’aura assez surnommé troubadour auvergnat, lui qui ne jure que par la musique américaine, il semble prendre la chose aux mots. Est-ce son expérience de confrontation avec de grands anciens de la poésie française (Baudelaire et Ferré) qui lui ont soufflé cette inspiration foutrement hexagonale ? Fi aussi du power trio rock qu’il l’a nourri pendant une décennie, Murat choisit une approche intimiste, entre folk et chanson, pour chanter quoi d’autre sinon l’amour. Voyez ce titre au nom masculin, lui qui s’était illustré avec Vénus, Dolores ou Lilith. Mais il n’est pas pour autant question de l’amour courtois, cet imaginaire périmé et très patriarcal, la fable de Tristan et Yseult étant tout dévolue au désir passionnel et destructeur des deux amants l'un pour l'autre. Alors qu’il avait déjà consacré des albums entiers à des figures du passé notables pour leur modernité (Antoinette Des Houlières, Pierre-Jean de Béranger), il ne s’agit pas ici d’un projet conceptuel autour d’un héritage culturel prestigieux (been there, done that, cf l’album précédent dont finalement l’humilité aura plus instillé celui-ci que sa forte et pesante charge symbolique), l’imaginaire de la fable donnant surtout le la pour l’atmosphère sonore et l’agencement des mots. De fait, c’est au final un album terriblement intime, dont la douceur apparente n’est là que pour servir une profonde mélancolie. Il s’y confirme le retour des claviers chers à Murat, mais pas seulement, si Jean-Louis enregistre seul à la maison « quelque part en Auvergne », il n’est pas question de sécheresse ni d’austérité.

Des textures éthérées enveloppent « L'amour en fuite », un des plus beaux textes signé par Murat depuis longtemps; une rythmique hypnotique de boite à rythme berce « Mousse noire » dont la forme légère, presque pop, habillée au fur et à mesure des refrains (évidents) par une guitare slide et des cuivres, ne dissimule pas un instant sa gravité. Si c’est ici dans le champ sémantique que plane une légère coloration médiévale, la teinte s’amplifie avec là des claviers liturgiques, « L’hermine » sussuré sur fond d'orage comme un intermède un peu torturé par la langue anglaise, là encore par quelque chose qui ressemblerait presque à de la vièle et des harmonie vocales masculines à la beauté désarmante, d’autant qu’il faut oser un refrain aussi littéral que celui de « Chante bonheur ». Tout l’album se déroule sur cette ligne fragile de délicatesse sans préciosité, sans nulle âpreté, plutôt gagnant doucement des ampleurs inattendues, pour des textes accessibles et poignants, comme le simple et déchirant « Les voyageurs perdus », chute irrémédiable vers la solitude et l’abandon avec ses trouvailles de langage merveilleuses (le verbe quitter mais sans pronom, évoquant une idée de départ et d’absence absolue, universelle), là aussi à la mélodie quasiment pop qui, en d’autres circonstances aurait fait de Murat l’égal des plus grands dans l’imaginaire quotidien. Mais il n’en est plus là. Seul dans sa ferme, il n’a plus besoin que de lui-même. Qui l’aime le suive. Il reste leste, équilibriste, ambivalent, on lui devine au coin des lèvres un petit sourire quand il ressort sur le refrain de « Marlène » sa voix grave un peu surjouée, quand il fait jaillir pour cette fin à la fois un peu sarcastique et cruelle un saxophone (son tout premier instrument, tiens, comme PJ Harvey) aux accents soul. Façon de retour aux sources, "Tristan" fait comme écho au Murat de la décennie précédente, et discrètement, sans en avoir l’air, peut-être le meilleur de celle-ci.

note       Publiée le lundi 26 juillet 2021

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    @Shelleyan : ah c'est un prolifique c'est sûr, et encore il a un peu freiné dans la décennie suivante, c'est à dire un album en moyenne "seulement" tous les deux ans (c'est son côté artisan qui bosse tous les jours plutôt qu'artiste qui veut pondre son grand oeuvre). Et il y a encore des merveilles d'albums à venir dans cette période (Grand lièvre, Toboggan).

    Message édité le 26-07-2021 à 19:54 par (N°6)

    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Tristan, c’est celui de gauche. Celle de droite, c’est Yseult, l’album suivant ?

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    J'avoue qu'à la lecture de toutes ces chroniques, j'étais loin de me douter que Murat avait une discographie aussi fournie 0_0