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Jean-Louis Murat › Cheyenne Autumn
cd • 13 titres • 48:38 min
- 1Les animaux / Paradis perdus05:17
- 2L'ange déchu03:45
- 3Amours débutants04:11
- 4La lune est rousse sur la baie de Cabourg03:44
- 5Te garder près de moi04:15
- 6Le venin03:31
- 7Pars03:55
- 8Le garçon qui maudit les filles03:37
- 9Si je devais manquer de toi04:03
- 10Déjà deux siècle...89...01:59
- 11Pluie d'automne02:52
- 12Le troupeau03:07
- 13Cheyenne Autumn04:24
informations
Enregistré à Cordes, Picherande, Paris, Clermont-Ferrant. Produit par Jean-Louis Murat et Christophe Dupouy.
line up
Jean-Louis Murat (chant, instruments), Denis Clavaizolle (synthétiseurs, boites à rythme)
Musiciens additionnels : Pascal Mikaélian (harmonica 1, 8), Slim Pezin (guitare acoustique 2), Jérôme Pietri (chorus guitare 2), Guy Delacroix (basse 2), Christophe Pie (batterie 3), Marie Audigier (choeurs 5), Frédéric Rousseau (synthétiseur additionnel 7, 13), George Rodi (synthétiseur additionnel 8), Yann C. (voix d'enfant), Andréi Tarkovski (voix samplée 13)
chronique
Jean-Louis Murat sur Guts, si vous voulez gueuler, blâmez les Grands Anciens, il était déjà dans les registres. Certes, sa présence peut sembler déroutante, surtout avec cette pochette-là en premier abord, et ces tubes à minettes, à ce qu'il paraît. Pourtant ce titre, évoquant un des plus grands films de John Ford, cette pluie liminaire qui balaye un espace humide et traversé de cris animaux, y a comme un hiatus avec l'image que le gars renvoie alors. Retour quelques années plus tôt. Premier single, "Suicidez-vous le peuple est mort". Passage en radio. Une gamine se tranche les veines. Blacklisté le Murat, bien que la chanson fasse en fait référence à l'arrivé de Mitterrand au pouvoir. Fin de l'histoire. Un EP et un premier album très inspiré par la new-wave française tentent de rattraper le coup, mais c'est mort. Laisser passer du temps, signer avec un autre label. Et des tentatives de single. Il a une belle gueule Jean-Louis, des yeux bleus de glacier et une voix qui fait mouiller les filles. La maison de disque en ferait bien un chanteur à minette donc, un crooner sophisti-pop. Faut assurer du single, mon gars, si tu veux refaire un album. Il en est capable le bougre, alors sa plume il la glisse directement entre les cuisses des mignonnes, la trempe dans la cyprine et hop, "Si je devais manquer de toi", boosté à la prod pour la rendre lustrée comme il faut, ça rentre tout seul dans les oreilles, et ailleurs. C'est une coucherie à laquelle il se résout, trop d'années de vraie galère derrière lui. C'est qu'il a déjà la trentaine bien tapée quand sort finalement ce deuxième album inespéré, trente-sept ans au compteur, plus un perdreau de l'année le Jean-Louis. La retape, il ne rechigne pas à la faire, deuxième single, en équilibre à deux doigts du too much cheese, mais au final imparable, "Le garçon qui maudit les filles". Faut dire qu'il a trouvé son ombre le Murat en la personne de Clavaizolle, ses synthés glaciaux et ses boites à rythme minimalistes. Avec peu de choses, les deux compères fignolent un son qui se prête aussi bien à la pop synthétique la plus sensuelle qu'à des atmosphères beaucoup plus contrastées et tordues, une esthétique qui en décomplexera plus d'un (à commencer par Dominique A quelques années plus tard). Si suavité il y a, elle n'émerge jamais que de ces nappes froides et glissantes comme un tapis d'humus détrempé, de ces rythmiques artificielles et détachées sur lesquelles on imagine des corps féminins frémissants onduler dans la pénombre. Oui, Murat met la main direct dans la petite culotte, va chercher avec doigté son auditoire pour le garder près de lui, Clavaizolle ensorcelle de mélodies à la limite du kitsch sans s'y fourvoyer vraiment. Alors, un album pour minettes? Minute. Dès le début, dès le premier refrain, la voix de Murat fait résonner d'étranges idées de suicide automobile sur ces strates sonores planantes : "briser la carcasse, répandre le contenu". Beurk. Dégueulasse. Organique. Des tripes, et de cris d'animaux, rien d'éthéré, rien que du terrien. De la chair en somme, palpable, fragile et aisément corrompue ou transpercée. L'ambiance prête moins aux étreintes passionnées qu'à une contemplation déjà mélancolique d'amours évanouis. Des paysages nocturnes sous une lune rousse donc sanguine, des amants fébriles comme un gibier en fuite, cette pop là a une saveur particulièrement inquiète, des atours parfois presque trop séduisants pour être honnête. C'est la fabuleuse complainte anxiogène du "Troupeau", revenue de tous les paysages, de toutes les expérience, "d'avoir mené les chevaux, d'avoir traversé les glaces, pour me bâtir un troupeau, n'apaise pas mon angoisse." Ce sont les claviers sourds accompagnant cette remémoration d'un devenir révolutionnaire deux siècles plus tôt, pleurs de bébé et son de cloches en berne, lugubres. Les quelques morceaux qui se vautrent vraiment dans la guimauve n'y pourront rien, la vérité de Murat est bien dans les grands espaces naturels, ceux de Ford, ceux de l'Auvergne, ceux des steppes aussi. Morceau éponyme où tout se dévoile tel une débâcle printanière au soleil levant, chanter pour les animaux, à leur place, flottement des synthés qui se troublent en vibrations et sifflements pastoraux, et une voix caillouteuse, venue de loin, un seul mot prononcé pour tout saisir : "nostalghia". C'est bien Tarkovski qui se fait entendre. "Que l'amour est loin." lui dit Jean-Louis, les pieds solidement ancrés dans la terre.
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commentaires
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- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
J'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais y'a définitivement un côté Legendary Pink Dots, voire peut-être les premiers Ka-Spel en solo, dans cet album. Il faut le genre "new wave", si ça c'est pas new wave, rien ne l'est !
- Solvant › Envoyez un message privé àSolvant
Je suis POUR cette vieille là. Je n'ai plus cet album, je vais me le ré-écouter quand même parceque ça date dans mes souvenirs avant de le noter, commenter.