Marilyn Manson › Heaven upside down

A priori, Tyler Bates était une bonne pioche, tout le monde s’accorde à dire que sous sa houlette Marilyn Manson a effectué plus qu’un retour en grâce avec le splendide ‘Pale Emperor’…C’est dire si la suite était attendue avec impatience. One shot perdu dans le désert ? Splendeur retrouvée ? A priori, ‘Heaven upside down’ souffre de l’ombre de son prédécesseur en raison du sempiternel défaut de l’artiste de vouloir à tout prix reconquérir son ancien public. C’est ainsi que le disque démarre avec une collection de morceaux qui renouent furieusement avec une forme de metal indus ayant fait la réputation Manson. ‘Revelation 12’ évoque la période ‘Antichrist superstar’, avec un certain panache il faut l’admettre. Idem pour ‘Tattooed in reverse’, indus groove as fuck sur lequel le chanteur se révèle très bon. Toujours est-il que les jeux de mot un brin pourris qui s’ensuivent, ‘Say10’, ‘Kill4me’, ainsi que ‘We know where you fucking live’ laissent à craindre le pire…Qui heureusement n’arrive pas, ce sont de solides morceaux colorés indus, gonflés des thèmes habituels contre la religion, les USA, bien produits et efficaces mais laissant dans la bouche un goût de déjà entendu pas foncièrement dérangeant mais dommage tant Manson avait montré que, bien dirigé, il pouvait se réinventer de manière très crédible. Allait-il donc éternellement errer dans les mêmes marécages jusqu’à lasser définitivement, Tyler Bates ou non ? Le coquinou, il nous a bien mené en bateau ! Changement spectaculaire de ton dès la sixième piste, ‘Saturnalia’, nettement plus froide, dépouillée mais tribale et grinçante pour près de huit minutes jouissives. Ca foire de nouveau avec le cliché ‘JE$U$ CRI$I$’ ? Pas du tout, en maître des masques, l’artiste nous piège dans une ambiance faussement simpliste qui se révèle franchement plus prenante qu’escompté, grâce notamment à un jeu de basse terrible, une mélodie efficace, des effets de production rapprochant le tout d’une version subtile et moins bourrine de Ministry. ‘Blood honey’ rappelle qu’il peut aussi offrir de belles chansons mélancoliques. Etonnant comme il peut se montrer puissant et efficace au moment où il se débarrasse de ses oripeaux les plus connus. ‘Heaven upside down’ et ‘Threats or romance’, plus directs, shock rock glam, permettent à Manson de rendre hommage de manière convaincante à ses influences tout en s’appropriant les codes. Peut-être pas aussi brillant que ‘Pale Emperor’, notamment en raison de tentations passéistes (heureusement bien domestiquées par Tyler Bates), ‘Heaven upside down’ n’en demeure pas moins une réussite, ou du moins, pour les plus rochons, une boîte avec suffisamment de surprises, pour laisser croire que celui qui incarnait l’Antéchrist à une époque a beaucoup et plus intéressant à nous offrir.