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Enregistré à Glossplant, Pays de Galles, avec le Island Mobile Studio et mixé aux Island Studios, de aout à octobre 1974. Enossification; Eno courtesy of Island Records. Production : John Burns and Genesis. Ingénieur : David Hutchins.
Tony Banks (claviers), Phil Collins (percussions, vibing and voicing), Peter Gabriel (Voix et Flute, avec variations et expériences de sons étrangers), Steve Hackett (guitares), Mike Rutherford (basse, 12 cordes)
"There’s something solid forming in the air…"… Il existe un New-York parallèle, étrange et fantasmatique… On y entre un peu malgré soi, et l’on se perd dans ses couloirs d’hôtels absurdes, ses pièces bizarres, ses ruelles sombres, ses squares, ses caves et ses souterrains… Un microcosme caché et incongru, une longue marche, à la structure multiple et changeante d’un songe. Dans les ombres et clartés de la ville américaine, nos conteurs de campagnes anglais ont troqué le lyrisme de la pop pour les accents modernes d’un rock plus urbain... on y rencontre néanmoins la grotesque et grandiloquente parade des emballages sans vie, aux matières multiples comme la voix du récitant, un anesthésiste surnaturel sur un menuet guitaristique… enfermé dans une cage le pauvre Rael s’inquiète, car la transe commence, et son corps se met à tourner sur un tango névrosé et hypnotique… l’accordéon répétitif s’accélère comme un poursuivant… il y a les rapides, la chambre aux 32 portes… les incroyables et merveilleux tapis rampants qui se déplacent doucement sur une pluie d’étoiles, pleurée par un Banks en arpèges de sucre glace… l’envoûtant Lamia et sa présence délicate, au piano mélancolique, Gabriel de velours et refrain nostalgique… mais tout, ici, est bizarre. Les lieux sont mystérieux, petits coins obscurs et calmes dans la brume d’un clavier de voix d’anges… des gouffres profonds où hurle la guitare fantomatique de Steve Hackett… la très rock Lilywhite Lilith vous laissera dans une salle d’attente bruitiste et absolument terrifiante… et bon nombres de moments saugrenus, mélodies drolatiques et rondos de saint-Guy parsèment le chemin qui mène à la colonie des hommes-pantoufles… amusants d’abord, bancals sur une petite danse à l’orgue hammond sautillant, mais la tête nous tourne… on entend alors leurs voix répugnantes… leurs intentions sont troubles, un docteur s’en mêle et la musique s’emballent, couplet à l’orgue locomotive, refrain pathétique et soli de claviers grotesques… Mais bordel, qu’est–ce que c’est que TOUT CA ?… ces êtres impossibles, ces endroits perdus, instrumentaux morphéens, ce piano récurrent et parfait qui couvre le ciel de ses arpèges de harpe, ces aventures rythmées de guitare incisive, cette cage obsédante et vaudou, ce corbeau funeste, cette rivière en furie, ce rock carré au batteur jazz et aux percussions poilades tous azimuts… ces mélodies éternelles, ces harmonies martiennes et intrigantes, ce clavier aux sons sortis des souffleries du diable, ces maîtres respectifs qui disparaissent totalement derrière leurs instruments tant leur musique, à cinq, est soudain complète, indivise, jusque dans ses moindres et innombrables détails… qui est, enfin, cette voix changeante, spontanée, empruntée, joueuse, sombre, tragédienne, multiple… et pourtant tellement unique et identitaire ? C’est, encore et toujours, un rêve. C’est l’histoire de Rael, jeune homme perdu dans un drôle de New-York, partiel et incohérent… elle nous est contée dans l’unique double album studio de Genesis, testament de sa formation complète, et qui s’impose pour moi comme le meilleur album concept jamais sorti… devant les "Tommy", "The wall", "Topographic océans…" et tous les autres… aux côtés de "Sergent Pepper's…", c’est à dire un très grand monument du rock. Pour entrer dans ce labyrinthe psychanalytique mais d’abord et surtout onirique, entrer le monde brumeux dans ce New-York secret, il faut se trouver au bon endroit et au bon moment, à Time square, où une forme étrange va venir vous prendre, sans que personne ne vous voit disparaître. De tels phénomènes sont rares, mais il y a des signes avant coureurs : un agneau gisant sur Broadway.
note Publiée le mercredi 12 juin 2002
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j'ai oublié les boules ..
46 ans après je me décide à réécouter ce disque. Je n'avais pas aimé à l'époque, on sortait de Foxtrot et Selling England et on en avait pris plein les oreilles. L'effet est toujours le même, décevant. Le son est moyen, la voix est sous mixée et souvent noyée sous des arpèges incessants. Les compo ne sont jamais mauvaises (on est chez des têtes de série !!) mais on a déjà tout entendu. Genesis semble s'autociter, parfois on croirait les Flower Kings tellement les enchainements sont prévisibles. Le second disque a peu d’intérêt. L'ensemble parait vite fait et sans trop d'inspiration.
Là, je crois qu'on peut effectivement parler de chef d'oeuvre. Il y a bien quelques passages plus faibles mais l'ensemble a une telle cohérence et une incroyable intensité. Pas forcément l'album de Genesis vers lequel j'ai le plus tendance à revenir mais quand j'y reviens cette musique me transporte comme peu savent le faire.
bon, je boule. voila!
In the cage! Voila! Dedieu! Et pis le reste, aussi. Clairement plus difficile à s'enquiller que d'autres de par sa longueur, ça reste monstrueux.