Genesis › Spot the pigeon

On aura pu le constater dans l'histoire du rock ; certains albums à fortes personnalités sont issus de périodes de troubles profonds et de remises en question. "Wind & Wuthering" fût de ceux-là, et si l'album représente un aboutissement dans l'oeuvre du groupe, il en devient également leur point de non retour. Tony Banks, qui avait réussi à se bouffer le nez avec Peter Gabriel, provoquant la rupture irrémédiable, ne peut s'empêcher d'imposer ses visions au reste du groupe. Et le second à en faire les frais sera Steve Hackett. Sans lui, on le verra par la suite, et de manière beaucoup plus radicale et évidente que suite à l'éviction de Gabriel, l'univers de Genesis va littéralement se métamorphoser et perdre de sa superbe. C'est presque comme un cadeau d'adieu qu'il faut voir "Wind & Wuthering" où Hackett a pu enfin assumer pleinement son rôle, y greffant sa mélancolie légendaire. Pour ne pas nuire à l'osmose de cette atmsophère singulière, le groupe eut l'excellente idée d'écarter trois titres de ces sessions. Ils sont tous présents ici, sur leur premier mini album : "Spot the Pigeon" qui, avec le son des années soixante-dix, laisse augurer de leurs prétentions à venir. "Match of the Day" et "Pigeons" sont deux chansons pop, somme toutes, passe partout alors que "Inside and Out" ouvre peut-être déjà la voie à cette synthèse entre accessibilité mélodique et tour de force progressif (le final) qu'ils vont s'efforcer de garder encore quelques temps.