Nordvargr › Tantum Melior

Il faut une bonne dose d’humilité pour intituler un album associé à son propre nom "en mieux" (en gros hein, j’ai fait Latin, certes, mais je cuisine un peu aussi) quand on autorise des petits camarades à jouer avec ses propres créations. Nordvargr en réalité augmentée ? C’est tout à son honneur bien évidemment, d’autant que l’exercice est ici de très grande qualité et que les participants ne se sont pas contenté d’un remix feignant et moche. A vrai dire "Tantum Melior" est une créature à lui seul et si la base des titres est identifiable dans l’ensemble, on est très proche d’un travail de reprise. L’approche plus "musicale" de "Metempsychosis", le précédent opus du géant Suédois, favorise allègrement cette orientation. En outre le choix des invités, s’il ne révèle aucune prise de risques, à l’avantage de parcourir de manière assez large le spectre des styles et influences de Nordvargr. Si certains invités jouent la carte de l’épure (Michael Idhall, The Benjolin Codex) sur des titres qui étaient déjà assez minimalistes, on est essentiellement dans une relecture améliorée du matériau d’origine. Nordvargr est rejoint par ses camarades cultistes de Mz.412 pour un sentencieux "Into the Cycle of All and Nothing" au bord de la rupture sans jamais y céder (sadiques !) puis Tomas Petersson de ORE pose ses litanies (et piano et cordes) sur une excellente version de "Sweet Death Triumphant" tout en contraste, dans la lignée de ses précédentes collaborations avec Mz.412 (la noise en moins). Ce même morceau bénéficie de deux autres remaniements sévères, la version de Kristoffer Oustad se payant le culot d’être mortelle (Godflesh meet Triptykon black metal style), celle de Thorofon en revanche joue la carte old school electronics minimaliste (comme souvent avec eux) faisant écho à une autre passion du sieur Nordvargr mais un peu raplapla (pas vraiment edgy quoi s’tu veux). Petit clin d’œil aux penchants EBM du Suédois, la version body de "Salve Teragmon" par Spetsnaz, morceau qui appelle un traitement de cet ordre convenons-en. N’oublions pas l'ambient plus classique, représentée ici par Visions (projet du patron de Cyclic Law), de "Invocation For a Malignant Spirit" et le black ambient habillant "At the Crossroads of Immortality" par Vassafor (ça va et toi ?). Et donc "Tantum Melior", faux jumeau de "Metempsychosis", se retrouve dans le double rôle de complément et d'excroissance, pour le meilleur précisons-le, ce qui n’est pas acquis d’office dans ce genre d’exercice souvent stérile. Comme disait le poète "Si tu as le cul entre deux chaises , achètes-toi un canapé !" : on peut sans se tromper dire qu’ici ça commence à ressembler à un putain de salon indus.