Mz.412 › Svartmyrkr

Avant/après, boucle bouclée, maturité : oubliez toutes ces notions, ces concepts usés jusqu'à la corde et redondants dès lors que l'on s'acharne à les appliquer systématiquement à toute création artistique. Une seule philosophie habite et nourrit le nouveau rituel sonore des maîtres du black ambient : nous sommes éternels. Cette foi en la permanence des cycles de la Nature imprègne le successeur de "Infernal Affairs" séparé par douze longues années au cours desquelles Nordvargr, Drakh et Ulvtharm ont montré une productivité et une versatilité (surtout en ce qui concerne le premier) parmi les plus réjouissantes. "Svartmyrkr" ("le Marais Noir") n'en abandonne pas pour autant les abysses jadis baignés de soufre satanique et d'humeurs blasphématoires, mais nous sommes ici dans une célébration métaphysique de l'enfer nordique (Heilheim) gouverné par la déesse Hel. En empruntant la voie d'un paganisme primordial, Mz.412 livre bien plus une qu’une simple déviation thématique, l'intégralité de l'album résonne de ce renouveau, et si les composantes demeurent peu ou prou les mêmes, "Svartmyrkr" se révèle beaucoup plus varié que toutes les émanations des réunions précédentes. Industriel et noise, certes, mais également épique et martial comme jamais sur "Ôppna Hegrind" (dévastateur), "Ulvens Broder" ou "She Who Offers Sorrow". Un apaisement bienvenu, "Burn Your Temples, True Change" propose de même une respiration mélodique inédite dont l'intitulé démontre encore la transformation des Suédois. Peut-être est-ce pour mieux nous préparer à l'enchaînement du sublime "We Are Eternal" avec le sentencieux "Lokastafr Ablaze With The Thorns Of Death" qui conclut glorieusement l'album ? "Svartmyrkr" relève de l'expérience sonore la plus entière de Mz.412, la plus habitée et complète en ce qu'elle atteint les sphères archétypales chères à Jung sans pour autant sacrifier la teneur sulfureuse du projet ou amoindrir son charisme. Et tout cela avec une conviction rarement entendue et une majesté indéniable. Leur chef-d’œuvre, rien de moins.