Guts Of Darkness

Incroyable que la Seconde Guerre Mondiale puisse inspirer des oeuvres si belles. En effet, en dépit d'une imagerie martiale très prononcée, cet album de Toroidh, l'un des side-projects du sieur Nordvargr qu'on ne présente plus en ces pages, ne propose pas une musique purement guerrière. 'The final testament' baigne plutôt dans une mélancolie prenante orchestrée de main de maître, entre ambient martial, dark folk et collages de samples. Découpé en deux parties accompagnées de deux titres bonus indispensables, le disque démarre sur des samples symphoniques avant de glisser sur des nappes tristes accompagnées d'une guitare sèche... Sacrifice, don de soi, viser des idéaux qui dépassent notre simple personne... C'est cet aspect qui intéresse l'artiste au sein de Toroidh d'où peut-être ce spleen mais la guerre, c'est aussi la ruine, la destruction comme le rappellent 'Fran Morkret Stiga VI', martial et inquiétant avec ses roulements de percussion, ses nappes lourdes et des voix qui tournent en arrière-fond et si 'Testament II' poursuit dans une voie encore plus glauque entre tambours et montées à la Lustmord ou Raison d'être, Nordvargr ne laisse jamais un sentiment d'écrasement total prendre le dessus. 'Testament IIII' de par sa mélancolie permet à l'auditeur de méditer, d'analyser les émotions qui le traversent. La seconde partie démarre sur des atmosphères martiales avant de laisser la place à une partie dark folk très Death in June. Le travail de Nordvargr est remarquable dans sa manière d'agencer les percussions et les nappes qui les entourent; sa production très légèrement étouffée permet de se placer en retrait sans perdre le contact avec les sentiments, et les interludes folk jouent le rôle de guide pour passer d'une ambiance à l'autre sans perdre un sentiment de continuité (cette technique intervient à deux reprises dans cette seconde partie). 'The final testament', le premier bonus, est percussif mais de manière quasi ethnique, nulle lourdeur funèbre, de la tristesse certes mais également de l'énergie dans ce rythme. 'Hail Mermland II' clôt en beauté par un sample très vieille époque, particulièrement poignant, une manière pudique de terminer une oeuvre forte et bouleversante orchestrée par un artiste au doigté irréprochable. Le meilleur Toroidh selon moi.