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Dälek (mc, producer), Oktopus (producer), Still (turntables, producer)
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Dälek avait laissé de nombreuses traces dans les esprits avec son tonitruant premier album, pendant américain d'un Programme lesté de ses influences rock (vous ai-je déjà dit qu'il fallait acheter tout les albums de Programme ?). Pour mon plus grand plaisir, "le groupe le plus terrifiant du hip-hop" revient avec un album qui s'annonce d'ores et déjà comme une pierre angulaire du genre. Finit les digressions fun parfois maladroites et inégales du premier album, "Absence" n'est plus qu'une boule de haine du fond des usines mortuaires qui règlent la société moderne. "Absence" est au rap ce que "Enemy of the sun" (Neurosis) est au hardcore : un immense bloc monolithique noir de chez noir, granuleux, strident et aliénant. Son écoute s'apparente à une descente aux enfers dans la drogue, les putes, la pauvreté, la violence gratuite, mais surtout le glissement avec la réalité, l'étrangeté face à soi-même, face à son image. "Absence", c'est l'album de la transition entre la lucidité malsaine et dérangeante d'un esclave du système, et la folie de l'homme rendu étranger à lui même, aliéné par le travail précaire, par ses contemporains zombies d'outre tombes où besoin de cerveau rime avec besoin de consommation. Tu te demandes comment tu vas pouvoir t'en sortir... Questions extrêmes demandent réponses extrêmes: "Absence", c'est "Seul contre tous" retransmis en direct live dans une banlieue de New York: "personne n'aime la violence, pourtant on est toujours obligé de l'utiliser un jour ou l'autre". Avec Dälek, violence rime avec nappes bruitistes et ambiance industrielle pourrie par la gangrène humaine. Dälek n'utilise aucun flingue comme tant de ses contemporains; non, celui-ci préfère te laisser pourrir les mains attachées à une rampe d'escalier rouillée, sous la pluie, entouré d'ordures et de rats qui te boufferont les pieds une fois qu'un clochard aura volé tes chaussures, la fumée des usines s'insinuant dans tes narines pour mieux goudronner tes poumons par leur toxicité nauséabonde. Alors que tu commences à perdre l'esprit, Dälek te charcute les membres à grand coup de pied de biche, te casse la mâchoire à l'aide de bidon radioactif juste repêché sur les rives de Long Island. Tu regardes le ciel mais tes yeux brûlent de la pluie acide, tes vêtements fument et ton crâne est à l'air... "Absence" n'est à ma connaissance rien de moins que l'album de hip hop le plus jusqu'au boutiste et extrême jamais enregistré. Tout dans cet album pue la mort, de la production aux paroles, en passant par la magnifique pochette. Dälek, c'est le strict opposé à Clouddead, et pourtant la guerre entre les 2 fait rage, à savoir qui sera le plus gros espoir hip hop du 3e millénaire. Vous connaissez ma position.
note Publiée le mercredi 25 mai 2005
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Déjà un nouveau d'annoncé. Et le premier titre dispo fait envie, sonnant beaucoup plus comme cet Absence (Asphalt For Eden était quand même bien chiant)
J'ai visité les laminoirs du Ruau il y a quelques années. On en sortait moins groggy.
A beast caged in the heart of the city. Et elle a la rage.
C'est d'autant plus désespérant de constater le nombre de bombes Old School qui n'ont jamais eut droit à un pressage vinyle et qu'on est obligé de se taper en CD ou en MP3 !
Cette maxime est vraie pour la quasi totalité des disques de hip-hop (comme qui dirait hélas pour le portefeuille et tant mieux pour la troisième dimension)