Cherche-lune... et la décroche ! Parmi les premières signatures du label Prikosnovénie, ce groupe de Nantes pourvu d'une instrumentation originale (chant, violon, hautbois, flûte, basse, clavier et percussions) nous propose une musique qui ne l'est pas moins...A la fois féérique et urbaine, triste et lumineuse, folk et néoclassique, elle tisse un monde délicat et poétique à la croisée de plusieurs âges, un univers aux multiples chemins, de la mélancolie tragique de 'Wolfgang' rythmée par un violon aux sonorités d'oiseau affolé à la douce tristesse nocturne de 'Ys' en passant par un 'Circe' plus sombre et plus appuyé (le jeu de batterie, la basse) où la moiteur du bitume sert de théâtre à une invocation païenne aux relents anciens, ou encore l'ambiance intimiste de 'Berceuse' où violon et flûte confectionnent un voile de nuit où chacun pourra projeter ses rêves...Voilà assurément un très beau disque, insaisissable, véritable théâtre d'ombre et de lumière qui donne un souffle nouveau à l'heavenly en évitant toute guimauve ou orchestration ampoulée; les compositions de Cherche-Lune ne sont pas de celles qui cherchent à séduire, elles n'en ont nul besoin, leur approche dépouillée, simple et pourtant riche, font que chaque chanson semble avoir quelque chose à dire à chacun en particulier...Comment ne pas se croire assis au bord du monde sous le firmament étoilé à l'écoute du thème de flûte de 'Dark eyes' délicatement soutenu par le clavier et sublimé par le chant ? Comment ne pas visualiser les ombres dansant sur le mur à la lueur des flammes quand joue le violon sur 'Wolfgang' ? Unique essai à ce jour, 'Dun Emrys' porte en ses notes tous les éléments de nature à ravir les amateurs de bande-sons pour rêverie.