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Blut Aus Nord continue de muter... de se former, de se déformer... de plus en plus froid avec sa batterie electromolle et sa prod compressée. MoRT se présente comme un univers glauque, organique, rampant... un marécage de sons de guitares industrieux et couverts de soufre, qui se remuent et grouillent dans des courbes complexes d'accords disharmoniques et de mélodies déchirées. C'est répugnant... c'est sale, ça pue et ça suppure de partout... les métriques ont la polio. Les vocaux sont rares, profonds et dégueulés... et des leads tous plus inconfortables les uns que les autres se tortillent et copulent au dessus des roseaux sous un ciel noir charbon. Blut Aus Nord continue de muter... de se transformer : ni vitesse, ni brutalité, juste du difforme, rien que du difforme qui va et vient dans les méninges en suçant les neurones et en donnant la gerbe. Et tout cela est baigné d'une lueur incontestable, et d'une beauté dérangeante. Les accords qui s'effondrent et les rythmes qui s'avachissent servent d'arrière-plan lugubre à des arabesques de guitares qui passent de la laideur à la grandeur dans un maelström sonore et musical permanent... le spectre de chœurs sordides... une ouverture soudaine dans des gouffres gothiques et grandiloquents... une angularité martiale finalement dissoute dans la boue des guitares... des spectres, et rien que des spectres. Comme des serpents humides sous la lune, les méandres disharmoniques changeants qui forment cette musique font luire au hasard de leurs contorsions des reflets harmoniques glaçants, s'écartent au passage de mélodies véritables et terribles qui viennent montrer leur dos avant de disparaître vers le fond comme des anguilles. On perçoit ça et là les échos improbables de riffs harmonisés, tous plus noirs les uns que les autres, dégringolant de coup de cymbales en fausse caisse claire, on se laisse posséder par un solo aspic... et tout cela est répugnant... tout cela est sale, puant et suppurant de partout, bizarrement émaillé d'un son cosmico-dépassé de boîte à rythme déglinguée. Il n'y a plus rien de défoulatoire chez Blut Aus Nord... plus une seule ligne droite, plus aucun sol solide. On se plonge dans MoRT exactement comme on se plonge dans un bain de fange... les répétitions, les chromatismes et les distorsions mélodiques agissant comme des vapeurs lourdes et narcotiques qui écœurent et abrutissent. Même si le choix d'un son distant de blockhaus infecté contrarie une partie des sensations que procure ce nouveau travail, Blut Aus Nord continue son parcours de différence et d'exigence avec une incomparable réussite, et un sens inégalé de la beauté en négatif.
note Publiée le samedi 6 janvier 2007
Note moyenne 53 votes
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Par contre celui-là, il gagne encore une boule. Ecouté à burne, on y distingue mieux les côtés angéliques bien cachés sous les tonnes de pistes dissonantes, et ça y donne un autre parfum - de décryptage, de profondeur, plutôt que l'exhibition obscène de son caractère d'outremonde.
En même temps, le matin... pas sûr de pas dégueuler direct, pour ma part.
à la réécoute ce matin il m'a ennuyé... j'ai attendu le titillement, le travail sur le bide, sur la tête, et j'ai trop vu le temps long, donc j'ai arrêté la lecture avant la fin.
Il gagne une boule celui-là. Gratuitement.
Mon dieu que j'approuve ce tournant historique qu'est MORT, n'hésitant pas à rudoyer les codes du genre… Adieu les riffs sauvages mais boursouflés et les voix faussement diaboliques, vive la distortion, le métal extrême fait son coming out free jazz et avec MORT, BAN façonne la quintessence d'un nouveau genre qui ne dit pas son nom.