On va encore me taxer d'éjaculateur précoce, mais je suis plus à ça près, non ? Surtout quand il s'agit d'un coup de cœur comme ça. J'étais parti un peu déçu par la trilogie 777, qui fourmillait de bonnes idées mal exploitées – et qui est à mon sens symptomatique du groupe. Mais BAN nous a habitué à virer de bord à chaque sortie, avant de revenir aux sources, puis de revirer à nouveau. A vous donner le mal de mer. Il faudrait presque faire un tableau excel pour savoir quel album se range où. Ce petit EP sorti la semaine dernière, je vais bien avoir du mal à le coller dans le tableau. Il réussit, à mon sens, la synthèse presque parfaite des guitares céramiques noyées dans le delay de la trilogie (le côté Ocean Machine) avec des riffs malsains hérités de ses compatriotes de Deathspell Omega. Adieu les célèbres tourbillons de la grande période, welcome les arpèges mid-tempo qui seraient presque « post » s'ils n'évoquaient pas une sorte de... Mayhem era 91 (première référence à laquelle j'ai pensé) joué au ralenti - ce que le chant rocailleux (qui fait son retour en force) vient confirmer. Mais si vous ajoutez à ça les espèces de solos liquides à la Townsend en plein milieu, ça donne un drôle de mélange, un black metal à la fois malsain et hyper lumineux. D'ailleurs, la reprise de Pitchshifter (époque Submit = Godflesh), méconnaissable, transforme l'indus-metal opaque et martial de l'original en une sorte de chose noire et céleste. Comme si ce Debemur Morti, à l'origine simple maxi de commande, EP de remerciement (!), venait sceller la réconciliation entre le ciel et l'enfer. Beau comme une averse sous un soleil de plomb.