Ce n'est pas que j'ai eu du mal à piger cet album Monsieur le Directeur : j'ai eu beaucoup mal à le saisir, c'est pas pareil ! Eh oui, il m'avait fallu des jours et des jours, des mois et des années même pour qu'au détour d'une ruelle bourbonnaise je tombasse sur cette bombasse (...) dans un bac oublié que seuls les disquaires esseulés du "centre" d'une France dépeuplée peuvent proposer. Joie non feinte d'avoir enfin une raison d'acheter ce disque ! Je me le mets donc sous le bras, brave les éléments toute l'après-midi, m'éloigne de la place Michel Polnareff (indice géolocalisateur pour toi lecteur du 03) et rentre enfin chez moi avec ça à mettre sur la platine et le début d'une sale bronchite - certains donneront d'autres noms de maladie, mais j'ai passé l'examen : toujours aussi nul, négatif, à chier, j'aurai jamais ce concours bordel... mais on s'égare, hein ? On revient à l'antenne après cette pause publicitaire pour vous dire que les premières écoutes à la sortie de "Sabbath blo..." non je veux dire de ce dernier EW m'avait laissé tout chose, enfin chose dans le sens machin, rien qui sort, le jus : à plat, l'impression d'écouter un Nème groupe de vintage hard rock suédois chiant. Les années passent, tout est bien toujours à sa place et me revoilà devant la platine, avec ce disque, accompagné d'un énorme poster biker cul chaines poil du plus bel effet. Je me pose, je bois, et je "bois" aussi un petit coup et là : paf. Comme d'habitude, Electric Wizard n'est pas un groupe qui fait de la musique pour personnes sobres (de corps et/ou d'esprit) : la rondeur de la répétitivité, de l'angoisse défoncée, la simplicité des riffs, le "calme" relatif de ces morceaux qui paraissent évidemment beaucoup plus "light" que trente secondes de "Come my Fanatics" vont vous transporter dans une torpeur savamment onirique, encore un peu loin des sensations de gerbe et de débuts de panique ou de parano totale qui suintaient de leurs grands classiques. Ici tout est hommage, mais ça reste de la création, et de la re(ré)création pour ce groupe qui en expurgeant tout le gras nous donne ici comme un "esprit" d'Electric Wizard, une synthèse de ce qu'il aura fallu retenir de cette carrière cultivant le négatif. Cela reste de la musique pas cool, pas dansante, qui ne va pas vous donner une ambiance sociale : ça restera de la musique d'ours mal léché malgré, encore une fois, une "éthérisation" du son, une aération de l'agressivité aujourd'hui plus transparente plus "légère" mais toute aussi concentrée en jus de réglisse charbonnée. Je peux donc dire après toutes ces simagrées et circonvolutions que si vous avez besoin d'un compagnon musical à votre débauche de ce soir, Wizard Bloody Wizard devra être considéré comme une option sérieuse. Par contre, n'invitez personne. A part peut-être Bobby, le vieux gars avec des cernes toutes violettes qui un soir vous conta comment il en était arrivé à ce niveau de déchéance...