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Leonard Cohen › Popular Problems
- 2014 • Columbia records 88875014292 • 1 CD
cd 1 • 9 titres • 36:02 min
- 1Slow
- 2Almost Like The Blues
- 3Samson In New Orleans
- 4A Street
- 5Did I Ever Love You
- 6My Oh My
- 7Nevermind
- 8Born In Chains
- 9You Got Me Singing
informations
line up
Leonard Cohen (voix), Charlean Carmon, Dana Glover (chœurs), Joe Ayoub (basse), Brian MacLeod (batterie), Patrick Leonard (claviers)
Musiciens additionnels : James Harrah (guitare), Alexandru Bublitchi (violon), Donna Delory (chœurs)
chronique
Initiales PP. Le Leo 2014 est bien un pépé, un vieillard. 80 ans. Sa plénitude est totale, il est bien appuyé sur sa canne. Ses slows toucheront, sans rien forcer. Vieillir nous travaille tous ; mais quand je vois comment Leonard Cohen a mûri dans sa petite carcasse de brindille, comment sa poésie s'est à la fois adoucie telle la plus tendre des madeleines, et aiguisée comme un katana de maître... Je me sens petit devant ce papy malingre. Et me dis qu'on peut vieillir en finesse, loin des cabotinages agaçants. Non en devenant une caricature de soi-même. Car même quand il frôle le navet ou la croûte, bien appuyé sur ces instruments paresseux et sur les usuels chœurs de pépées, PP évite les écueils du poète-interprète gâteux, toute tentation à crâner avec les rides. Pas le lieu pour ses conneries de jeunes vieux ou faux vieux, qui se croient vieux avant l'heure, et qui l'heure venue se feront humilier à la belote et carotter la compote à l'EHPAD... Sensuel et à point, après le doux et mou Old Ideas, Cohen murmure, dose le rauque, distille sa soul. Fatigué mais agile, Papy Leo filoute des brins de grâce, bichonne son charisme pépère-dark, sa variété à la fois fauchée et luxueuse, dans le dépouillement ou dans des sons un peu muzak. Il évite le kitsch. Il prend son temps. "I'm slowing down the tune, I've never liked it fast... You wanna get there soon ? I wanna get there last". Il me rappelle ce jour où je marchais pressé derrière un vieux qui n'avançait pas, et en plus restait bien au milieu du trottoir (vous savez comme pour le faire exprès). Je l'ai doublé en m'engageant sur la bordure, un peu agacé, tout en maugréant des sottises sur les Trente Glorieuses. J'ai glissé et me suis vautré comme une merde : karma instantané. L'ancêtre m'a enjambé en me demandant poliment si ça allait, puis a continué son chemin tranquillou... Je crois qu'il souriait. Humilié par cette momie nonchalante, le petit con trentenaire usant du pseudonyme Raven a réécouté le soir même Popular Problems. Le lendemain, il portait ses godasses au cordonnier pour les faire ressemeler. "With you it's got to go. With me it's got to last". Aux impatients qui confondent la vie avec le Black Friday, aux nerveux qui se précipitent pour mieux se viander : changez rien, Pépé vous fait la bise. Il aime la chanson lente, c'est comme ça quand on a quatre-vingt ans, et puis c'est pas comme s'il avait jamais donné dans le grindcore non plus, mais voilà : l'homme de "I'm your man" fait mouche encore. Avec des frappes de vieux sage, tout dans le feutré. Pas sénile, plutôt... Zen. Les musiques choisies sont parfois borderline avec le ronron, font dans la soupe ? La soupe est maison. Celui qui crache dedans est un con. Popular Problems est un album de pépé avec des jolies chansons de vieux, et même des belles. Ni plus, ni moins. La superbe "Almost Like The Blues", solennelle mais légère comme une volute, longe l'âme et câline le spleen. Le spoken word soulful d'"A Street", en remontre à pas mal de flows qui prétendent dominer le tempo - MC PP dans la place, sur du tweed et sans lâcher le thé. Admirons comment il nous délivre la mystique et austère "Nevermind" sur un tempo électronique minimal, avec sa voix en écorce d'arbre millénaire jamais plus proche de nous, entrecoupée de bénédictions arabes, une épiphanie à savourer dans le canapé... Puis nous quitte avec ce final où tristesse et douceur se confondent, en sabayon. Popular Problems n'est peut-être pas un de ses plus grands albums ; il n'aspire pas aux compétitions frivoles de critiques musicaux. Il est plutôt de ces disques d'une simplicité et d'une langueur pouvant paraître trop convenues, qui pourtant nous regardent tout au fond des yeux et nous disent : "Bienvenue".
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commentaires
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Bah... Oui ! (!!!)
- Note donnée au disque :
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
Bah oui !
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
J'allais écrire qu'on entend bien ici tout ce qu'ils lui ont pompé (et aux morceaux utilisés sur Natural Born Killers), pour les génériques de True Detective... mais merde, c'est lui sur la saison 2, et pas T-Bone Machin ??