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Leonard Cohen › Songs from a room

  • 2007 • Legacy 8869704740 2 • 1 CD digipack

cd • 12 titres • 41:55 min

  • 1Bird on a wire
  • 2Story of Isaac
  • 3A bunch of lonesome heroes
  • 4The partisan
  • 5Seems so long ago, nancy
  • 6The old revolution
  • 7The butcher
  • 8You know who I am
  • 9Lady minight
  • 10Tonight will be fine
  • 11Like a bird (bird on a wire alt v. bonus réédition)
  • 12Nothing to one (you know who I am alt v. bonus réédition)

informations

Produit par Bob Johnston. Ingénieur : Neil Wilburn

chronique

"Like a bird on a wire, like a drunk in a midnight choir, I have tried, in my way, to be free"... les gens de ma génération mesurent-ils, vraiment, la portée de ces mots? Nous n'étions pour la plupart pas là lorsque ce jeune homme, qui venait de mettre les états-unis en émoi profond avec un premier recueil de chansons immédiatement éternel, lança en 1969 de sa voix monotone et triste ce lancinant manifeste. Parler de Leonard Cohen m'a toujours semblé pratiquement impossible. Il m'aura fallu du temps, la conscience qu'un petit texte écrit dans l'objectif de parler d'un disque n'était somme toute pas grand chose. Il m'aura fallu du temps, de la sagesse... et les hasards de la répartition des tâches. Dans cette collaboration par laquelle Raven et votre serviteur entreprenons de mettre en ligne l'oeuvre du canadien, c'est en effet à mon illustre confrère que revient la très lourde tâche d'évoquer "Songs of Leonard Cohen" et "Songs of love and hate", deux albums aussi canonisés que délicats, les deux véritables sommets de cette fameuse trilogie, par laquelle le canadien a entamé sa carrière musicale. En effet, et comme en témoigne la note en bas, "Songs from a room", malgré ce premier morceau universel (dont je ne suis d'ailleurs pas plus amoureux que ça), malgré "The partisan", malgré sa place dans une trilogie mythique et que l'on dit inattaquable, ne fait pas partie, selon moi, des chefs-d'oeuvre de Léonard Cohen. Pour certains, sans doute pas majoritaires certes, "Songs from a room" est même Le chef-d'oeuvre de Cohen... face à ses deux frères cela ne me semble tout simplement pas justifiable, mais il y a de fait de nombreux facteurs qui donnent à ce deuxième recueil les atours d'un mythe. Premièrement son esthétique : il y a bel et bien une première trilogie, monumentale dans sa portée, extraordinaire dans sa qualité, et "Songs from a room" s'y inscrit à tous points de vue. La première trilogie des "songs", au délà des titres d'album, est unie par un style, une courte période de temps, une incarnation archétypique de Léonard Cohen : conteur poête mélancolique, voire dépressif, maître d'une folk dépouillée, tour à tour nostalgique ou pleinement sombre, véritable vagabond des mots et du sens. A ce premier signe extérieur d'excellence j'oppose pour ma part ceci : certes, les trois premiers "songs" ont la magnifique gentillesse d'être une trilogie, sans doute indivise, et dont la classe suprême est que chaque chapitre possède pourtant sa spécificité : le premier est le plus délicat, le plus raffinée, le troisième le plus noir, et le deuxième le plus aride, le plus brut. La production de Bob Johnston, selon les souhaits de Cohen qui ne voulait plus de la douceur du premier, est ici nue, ni arrangements soyeux comme sur "Songs of LC", ni noirceur réverbérée et cordes profondes comme sur "Songs of love...". Le résultat est sec, et Cohen ne livrant pas toujours sur ce disque ses mélodies les plus marquantes, il en résulte souvent du trop peu... du trop court. Autres éléments mythifiants : "Bird on wire" bien sûr, mais aussi "the partisan", reprise d'un chant sur la guerre de 1944 dont Cohen fait une complainte terrifiante en annonçant musicalement l'Avalanche, une étoile parmi les plus essentielles que Monsieur Cohen ai mis dans notre ciel. "Seems so long ago, Nancy", la mémoire d'une jeune fille suicidée que cotoya Cohen et par laquelle, dans une mélodie d'une tristesse nostalgique pratiquement insoutenable, l'artiste fait du simple souvenir, factuel, distancié et honnête, l'hommage le plus accompli, le plus profond et bouleversant que l'on puisse rendre. Il ne prétend jamais l'avoir bien connue, ni l'avoir mieux comprise que les autres, ni s'en être même un tant soit peu inquiété; il dit juste s'en souvenir, près de 10 ans plus tard, s'en souvenir... comme il se souviendra de "cette" jeune femme, hotel Chelsea. Et c'est justement dans cette honnêteté, cette distance que l'on ne cherche pas à cacher, que Léonard Cohen nous révèle, nous ouvre et nous impose toute la solitude, mortelle, dans laquelle errait Nancy. Cette troisième pièce d'exception est, vraiment, une épreuve, une douloureuse et terrible épreuve, imposée par une simple voix, un petit orgue et une guitare. Il y a aussi "story of isaac" et "You know who I am", où Cohen s'approprie avec justesse l'aridité volontaire de l'esthétique du recueil, grâce à ses mélodies à la fois mornes et belles, sérieuses, une diction mélodique contrariée par des vers scandés, pour deux pièces qui incarnent à elles seules tout le versant purement folk du plus grand maître du genre. A ce deuxième atour de disque mythique qu'est la présence de 3 diamants absolus et 2 somptueuses pierres, je mets, toujours humblement et en toute subjectivité bien entendu, le bémol suivant: il y a 5 autres titres, une autre moitié donc, sur ce disque. Si "A bunch of lonesome heroes", et "tonight will be fine" sont plutôt agréables, "tonight..." une des pièces country et ironiques parmi les plus plaisantes de Cohen, "The old revolution", "The butcher" et "Lady midnight" sont particulièrement plates. Comme il ne s'agit pas d'un recueil de poésies ou de textes, Cohen d'ailleurs en a fait, mais d'un disque, qu'on ne me parle pas des paroles de ces trois chansons pour les justifier : leurs mélodies, leur non-arrangement, leur platitude musicale en fait des morceaux chiants, tout bêtement. Malgré la présence de Johnston, Cohen n'est pas Dylan, et sa folk d'apparence sans humeur, est aussi sans saveur. Donc voilà, le résultat est là : un parti pris purement aride (et non : joliment dépouillé) dans la production, génant en soi, qui trouve un très dommageable écho dans la relative platitude musicale de près de la moitié du recueil, ça ne fait pas un chef-d'oeuvre. Oui, il possède cette aura acquise par la trilogie, oui, il porte des joyaux indispensables, mais, comme la note souhaite le dire, seul un intégrisme esthétique ou une forme de nostalgie justifieront de le préférer à "New skin..." "The future" ou "ten new songs", rien ne justifiant (à mon sens) qu'on puisse par ailleurs le préférer à "songs of LC" ou "songs of love"... au mieux, donc (et seulement au mieux...), le 6ème album, sur 11. Comme je vous le disais au début, rapporté à l'oeuvre du monsieur, ce n'est pas un album majeur.

note       Publiée le lundi 23 février 2009

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    commentaires

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    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    Syndrome "Adventure". Oui c'est un cran en dessous du premier - si il faut absolument comparer - mais la barre était si haute que ça reste très très bon. La musique parle d'elle même. Personellement je l'aime sans réserve. Un grand Cohen.

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    Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

    Je suis s'accord avec la chro, y a quand même des moments bien plats, j'aime moins cet album que le premier et les deux suivants, mais voilà, y a The Partisan, Bird on a wire, you know who i am, story of isaac... Un bon cru, mais clairement pas le meilleur de la trilogie

    Harry Dickson Envoyez un message privé àHarry Dickson

    ... et même si il n'y avait que "The Butcher".

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    The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

    "So long Marianne" et "Diamonds from the Mine" sont assez "joyeux" aussi...

    Sinon sur celui-ci, j'aime particulièrement "Story of Isaac" et "Seems so long ago, Nancy" qui se posent là en matière de sombre.

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    Grandgousier Envoyez un message privé àGrandgousier

    Celui-là plus je l'écoute et plus je me dis que c'est dommage qu'il n'ait pas fait plus de morceaux dans la veine d'un Lady Midnight ou d'un Tonight Will Be Fine, plus joyeux qu'à l'accoutumée. Dès l'album suivant, il nous replonge dans le noir total. Et au final, sur toute sa discographie, y'a quasiment que ces deux morceaux à écouter dans ce style.

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