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The Beatles › Revolver
- 1966 • Parlophone 7 46441 2 • 1 CD
cd • 14 titres
- 1Taxman
- 2Eleanor Rigby
- 3I'm only sleeping
- 4Love you to
- 5Here, there and everywhere
- 6Yellow submarine
- 7She said she said
- 8Good day sunshine
- 9And your bird can sing
- 10For no one
- 11Doctor Robert
- 12I want to tell you
- 13Got to get you into my life
- 14Tomorrow never knows
informations
printemps-été 1966
line up
George Harrison, John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr
Musiciens additionnels : Mal Evans (percussions, chant [6]), Marianne Faithfull (chant [6]), George Martin (piano [8, 14], orgue [13], loops [6]), Anil Bhagwat (tabla sur "Love you to"), Alan Civil (cornet sur "For no one"), Goeff Emerick (loops [6]), Neil Aspinall (chant [6]), Brian Jones (effets, ocarina, chant [6]), Pattie Boyd (chant [6]), Alf Bicknell (effets, chant [6]) Tony Gilbert (violon [2]), Sidney Sax (violon [2]), John Sharpe (violon [2]), Jurgen Hess (violon [2]), Stephen Shingles (violon [2]), John Underwood (violon [2]), Derek Simpson (violoncelle [2]), Norman Jones (violoncelle [2]), Eddie Thornton (trompette [13]), Ian Hamer (trompette [13]), Les Condon (trompette [13]), Peter Coe (saxophone [13]), Alan Branscombe (saxophone [13])
chronique
Toujours plus haut... On ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Ceux qui pensent ne pas aimer les Beatles feraient bien de jeter une oreille à cet album, en pensant à tout ce qui n'existait pas AVANT, et à tout ce qui existera APRES. Ca fout le vertige, ça fout les boules. A l'époque, déjà, tout le monde avait peur, et pourtant tout le monde jouissait : cette musique était révolutionnaire. Les remontées d'acide, après avoir traversé les membres et le corps, arrivaient enfin à la tête : "Revolver" ! Au début, les quatre jeunes gens de Liverpool voulaient appeler cet album "Abracadabra" : c'eût été dommage. Outre le manque de concision d'un tel titre, ils seraient passés à côté de la vérité : ce disque n'est pas que magique ; il est aussi, et tout simplement, neuf. Les Beatles se trouvaient devant un mur, ils sont les premiers à l'avoir percé pour voir ce qu'il y avait derrière. Ho, ce ne sont pas encore des expérimentateurs fous, des rats de studio, des musiciens cérébraux, non (d'ailleurs le seront-ils jamais ?). Simplement, ils avaient bien conscience qu'après avoir signé un disque aussi définitif que "Rubber soul", il fallait orienter la musique pop vers une direction nouvelle. Les Beach Boys venaient de livrer un chef-d'œuvre hors du temps, "Pet sounds", mais ce disque, par sa perfection formelle et son homogénéité, n'était pas destiné à faire autant d'émules, et il reste un grand œuvre finalement plus isolé, sans postérité directe (et l'on sait que Brian Wilson renoncera à livrer "Smile" ensuite car les Beatles le devanceront avec "Sgt. Pepper's"). Tandis que "Revolver", lui, façonne le rock, en toute simplicité et en toute innocence, avec une aisance frondeuse et juvénile. On y passe de l'adolescence à l'âge adulte ("Taxman", qui ouvre l'album, ne parle pas d'amourettes mais du fisc ; on y évoque les drogues ; on y décrit des univers parallèles et décalés) ; et la musique y est totalement novatrice. 1966, donc, telle est la date que vous devez retenir. Les Fab Four reviennent d'une nouvelle tournée mondiale éreintante. Dans une interview, Lennon, observateur pertinent et provocateur de ces nouveaux phénomènes de masse engendrés par la musique populaire, déclare que les Beatles sont désormais "plus célèbres que Jésus-Christ", s'offrant ainsi un énorme scandale. Et quand le groupe arrive aux Philippines pour y jouer, il doit faire face à des dizaines de milliers de catholiques pas contents qui le remballent méchamment dès sa sortie de l'aéroport. Marqués par cette rude expérience, épuisés par l'incessante suite de tournées, John, Paul, George et Ringo décident d'arrêter définitivement les concerts, tout ce "bordel" (dans tous les sens du terme). Et en avril 1966, ils s'enferment dans les studios d'Abbey Road pour commencer à enregistrer "Revolver". C'est dire que ce disque bénéficie encore, le dernier, de la cohésion du groupe, qui venait de passer plusieurs années uni, soudé. Une grâce et une jeunesse que l'on ne retrouvera plus dès le monumental (mais non moins génialissime) "Sgt. Pepper", durant les sessions duquel les Beatles squattaient les studios à l'année, partaient s'initier aux drogues, au yoga ou à Stockhausen chacun de leur côté, et devaient gérer une ambiance dans le groupe de plus en plus tendue ; l'homogénéité de l'ensemble, du son, s'en ressentira. Mais dans ce "Revolver", rien de tel encore. Tout y est emprunt d'une grâce surnaturelle ; et tout y est transcendé par des trouvailles qui traumatiseront le monde (enregistrées sur un 4-pistes !) : le quatuor à cordes d'"Eleanor Rigby" qui tisse ses contrepoints arachnéens sur une chanson de format pop (inouï à l'époque ; et toujours d'une beauté à tomber par terre aujourd'hui) ; la pluie de guitares et les effets reverse de "I'm only sleeping" (inouï à l'époque ; et toujours d'une beauté à tomber par terre aujourd'hui) ; sitar et tablas indiens, apports de l'émérite George Harrison, qui gorgent la musique des Beatles d'harmonies psychédélico-mystico-orientalisantes du plus bel effet (inouï à...) ; le ressac marin, les échantillons de foule, cuivres fantomatiques, bruitages incongrus et voix trafiquée en écho (John qui chante dans un tube en carton !) de "Yellow submarine" (...) ; le cabaret sauvage de "Good day sunshine" ; l'envolée des choeurs sur "And your bird can sing" ; les rutilances de la section de cuivres sur "Got to get you into my life"... Le reste n'est que ballades intouchables ("Here, there and everywhere", "For no one") , mélodies et lignes de voix/guitares/basse d'un rock survitaminé qui tue ("Taxman", avec ses toussotements et cette voix rauque qui compte pour donner le départ, "Doctor Robert" et son pont qui fait vibrer une basse sur de grandes orgues, "I want to tell you" avec son riff ravageur et ses dissonances provocantes...). Le disque se conclut avec "Tomorrow never knows", une hallucinante plongée psychédélique, pleine d'effets délirants, vers un pays où la conscience s'efface pour laisser place à un état de béatitude occasionné par l'effacement du moi, à moins que ce ne soit par une fusion des neurones au LSD. Ce titre, "Tomorrow never knows", c'est marrant, mais je l'entends à peu près trois fois par an, à chaque fois interprété par un groupe différent ; et à chaque fois les membres du groupe oublient de créditer Lennon et McCartney pour nous faire croire qu'il s'agit d'une compo originale... Pourquoi donc retenir la date de 1966 ? Parce que, pour le rock et la pop, c'est le début de la modernité.
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- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Assez d'accord.
Sur le 'Live' de 801, je trouve les versions live des morceaux de Eno un peu moyennes.
Par contre, les reprises des Beatles, de Quiet Sun ou de l'album solo de Phil Manzanera sont d'un excellent niveau avec une grosse intensité.
- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Merci pour la reco, je pensais avoir poncé toute la disco du père Eno de la période, j'étais passé à côté de ce live... Tout est pas fou, là j'écoute la version de Baby's on Fire par exemple j'ai un peu du mal. Mais oui, la reprise de Tomorrow est d'un très bon niveau.
- Note donnée au disque :
- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Je ne connaissais pas cette reprise de 'Third Uncle' par Bauhaus.
Après écoute, je peux dire que c'est réussi.
Je préfère la version de Brian Eno, plus dans l'urgence (comme tu le dis si bien) et avec un son plus brut.
Mais la version de Bauhaus est intéressante car elle part dans une direction plus malaisante, avec un chant très schizophrène assez inquiètant (notamment sur la dernière partie).
Bonne découverte.
- jacques d. › Envoyez un message privé àjacques d.
"Tomorrow never knows" par 801 (en live) m'évoque toujours la version de "third uncle" par Bauhaus (sur le maxi de 82)... Parce qu'Eno, sans doute, et ce truc qu'on appelle l'urgence ?!
- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Pour ceux qui ne connaissent pas (et les autres), je conseille la reprise de 'Tomoorrow Nevers Knows' par le groupe 801 sur leur album 'Live'.
Le groupe 801 était un groupe éphémère de 1976 créé pour juste quelques concerts par Brian Eno au chant et aux claviers, Phil Manzanera à la guitare (Roxy Music), Bill MC Cormick à la basse (Quiet Sun, Matching Mole) et Simon Phillips à la batterie (Judas Priest, Toto).
Une pure tuerie que j'estime largement supérieure à la version originale.
Mais ce n'est que mon avis (et vu que que je ne suis pas un admirateur des Beatles, mon avis vaut ce qu'il vaut...).