Queen › The Game

Il n'y a rien de très intéressant à dire sur The Game. Le chroniqueur consciencieux, informatif et studieux, vous parlera du cuir, des coupes de cheveux (non la moustache ne commence pas sa carrière ici !), des singles qui font désormais moitié de la tracklist. Ou vous dira que c'est le premier Queen avec du synthétiseur. Et que ce détail qui tue aurait été un coup dur porté à leur crédibilité, dans certains milieux. Alors que franchement, on l'entend pas beaucoup la bécane honteuse, sur The Game (surtout sur "Play The Game" en intro puis barbouillé à l'arrache, comme ça cadeau). La street-cred quand on s'appelle Queen, on est sensé s'en foutre royalement. C'est un peu comme si on leur reprochait d'être trop commerciaux/populaires/faciles d'accès, comme si c'était nécessairement incompatible avec leur dimension expérimentale. News of the World et Jazz prouvent le contraire, plus-immédiats-tu-meurs mais réécoutables à l'infini ! Sauf que maintenant un album de Queen s'intègre de la tête aux pieds en une écoute chrono, et qu'on a plus trop envie d'y revenir ensuite pour en savourer les détails pervers. Le synthé est innocent : c'est plus une bête histoire de valeur ajoutée dans la discographie. The Game est le premier Queen accessoire. C'est un peu l'album Téléphone de Queen. Un Queen de boîte à gants, dont l'esprit est assez bien retranscrit par sa pochette retro-foireuse. Avec un son ultradirect, limpide, parfois autant que du Police ("la quatre-cordes de Deacon n'a jamais été aussi présente à l'avant-spectre de la sono" - dixit le HiFi Magazine de juin 1980). Comme un News of The World en moins vicieux et en plus beauf ; en plus loubard mais en moins étrange dans sa conception, sa disposition, ses détails, entre autre parce que May ne fait pas de trucs bizarroïdes ici, sinon sur "Another one bites the dust"/"Dragon Attack". La première étant ce tube disco-rock de pur prédateur nocturne, tendu, vorace, avec sa basse musculeuse, qu'on ne présente plus selon l'expression con-sacrée. Hail Deacon ! "Play the Game" est un pastiche tiédasse de leurs morceaux à la Beatles, et "Save me" une poussive couinerie, les deux étant sauvées par les doigts de May. Les non-singles, hormis "Another one", sont supérieurs : le funk-hardos bien groovy "Dragon Attack", pour commencer, avec un feeling un peu Thin Lizzy, Deacon et Taylor qui se font plaisir. Pas au niveau de "Fight from the inside" mais c'est un peu la petite sœur. Meilleure encore : "Rock it (Prime Jive)", qui sonne comme les Cars en plus burné, because Roger, avec une intro vintage du Mercury qui me parle comme... euh... du bon Christophe bien mielleux-cafardeux, époque "Daisy" ! Je la préfère sans hésiter au rockabilly de salle d'eau "Crazy Little Thing Called Love", mais je crois pas que Freddie avait autre intention que de se faire plaisir, là-dessus ; et ma foi il aurait pu avoir la carrière de Chris Isaak, si seulement on lui avait laissé sa chance ! La guimauve artisanale de Brian "Sail Away Sweet Sister" et le rock métronomicon de Taylor "Coming soon" parlant à mon p'tit cœur de rockeur ou me cassant les pieds selon l'humeur. Quant à "Don't try suicide"... Ahem... Euh... Comment elle disait, déjà, dans le film ? Appuyez sur le bouton !