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Queen › Jazz

cd • 13 titres • 44:40 min

  • 1Mustapha
  • 2Fat Bottomed Girls
  • 3Jealousy
  • 4Bicycle Race
  • 5If You Can't Beat Them
  • 6Let Me Entertain You
  • 7Dead On Time
  • 8In Only Seven Days
  • 9Dreamer's Ball
  • 10Fun It
  • 11Leaving Home Ain't Easy
  • 12Don't Stop Me Now
  • 13More Of That Jazz

informations

Juin-juillet 1978, à Montreux et à Berre-les-Alpes. Produit par Roy Thomas Baker.

line up

Brian May (guitare, chant), Freddie Mercury (chant, piano), Roger Taylor (batterie, percussions, chant, guitare, basse), John Deacon (basse, guitare)

chronique

  • amphetamqueen

Et si Jazz était l'album le plus queenesque de Queen ?

Sa parade la plus criarde, prompte à crisper même les plus coutumiers aux cabotinages de sa proue ?

Questions qui m'émoustillent et bondissent sur mes neurones, comme ces jouvencelles callipyges roulant à vélo toutes nues et jutant sur leurs selles au rythme ardent des pédales...

Fantasme ? Assouvissement ? Une de ces visions créatrices offertes au peu farouche Bulsara, alors fort investi dans l'organisation compulsive d'orgies à faire passer Eddie Barclay pour Paul Préboist... Mais étymologie avant mythologie, je vous prie (agrippez-vous à vos lunettes) : on peut déjà affirmer que Jazz ne contient rien de jazz - sinon syncopes éventuelles. Sa musique renvoie plutôt aux origines séminales du terme.

Nous entendrons donc par "Jazz" non pas quelque évolution musicale possiblement flatulatoire et absconse, mais un groupe dans la force de l'âge, affirmant haut et fort sa vigueur, débordant de vitalité. Et une nouvelle quête de l'orgasme musical façon Queen, garni de bêtises savoureuses. Le plaisir en ligne de mire, hard rock en stilettos, castafiore-metal, voix sur-aigües toujours plus démultipliées en strates et j'en passe. Fun et expérimentation, opérant encore de concert, indissociables. Jouissance mélodique dans l'extravagance, quel que soit l'orifice - pardon, le genre, choisi pour y parvenir... Mais pourquoi ce disque dont ils n'avaient pas besoin, se demanderont les esprits constructifs ?

Parce qu'ayant aligné l'abracadabrantesque Queen II, l'apothéose transformiste Sheer Heart Attack, le diptyque "menu dégustation" Operaces et le coup de grâce net et sans bavures News of The World, Son Altesse a plus que complété le CV pour l'Olympe, paltoquets ! Et désormais elle domine le rock game du Bois de Boulogne au Palais Garnier. Elle a déjà tout fait, n'a plus rien à prouver... Il lui reste à claquer son flouze dans une prod encore plus clinquante, pour bien lustrer ses extravagances, faire reluire la fusion Queen... Bref à faire du true Queen, à fond les ballrooms, dans le festif-maniaque, l'ultraviolence rose bonbon, extatique comme une pom-pom girl de Grease (ambiance de campus américain non fortuite au passage, sur certains titres !)... du Queen purifié, agressif, piano-hard rock à donf, jouissant de ses cimes et se trémoussant juchée sur sa propre effigie. Caligula-Queen. Avec ce son plus vif et tranchant que jamais, qui est presque une réalité augmentée du style Queen à lui seul... Le contrôle total de sa "formule", comme dirait la presse spécialisée ? Le Mojo.

Jazz - ou Jizz pour les intimes - vrille les tétons de la stéréo, et ce plus qu'aucun Queen qui suivra (RDV au Point Chaud ou pas)... En parfait équilibre entre leurs opulences costumées de naguère, et leur efficacité rock pure et dure, sur laquelle ils vivront ensuite ce long repos du guerrier mérité, le cul bien loti dans la FM... Jazz, si vous préférez, c'est un peu comme l'hermaphrodite polychrome Sheer Heart Attack et sa touze d'idées par tour de platine, mais armée de la simplicité rock-machine du golem News of The World ! La juste mesure dans la démesure, ou quelque chose comme ça - enfin vous avez saisi le truc ! Too much, mais plus limpide qu'un carnaval prog-heavy-glam-machin ! Comme une rencontre entre ce que Queen peuvent avoir de plus cyclothymique - pour pas dire casse-couilles si c'est pas le bon jour ! - avec ce qu'ils peuvent avoir de plus direct... Un Queen qui ne laisse presque plus de place aux moments de mélancolie - sinon deux slows des plus étranges : "Jealousy", spleen piano-voix aussi gracile que nauséeux, dominé par l'une des plus belles lamentations de Vif-Argent, avec un petit mime de sitar chelou posé dessus comme pistil de safran, made in Brian, et la tendre ballade du même May quelque peu déprimé loin du foyer, une guimauve naïve muant en diffraction au malaise palpable... Mais à part ces deux cafards (placés en point symétriques du menu) et le doucereux enchaînement "In Only Seven Days/Drealers Ball", Jazz est une grosse déferlante d'énergie pure, façon Queen, qui pique les sens comme sa pochette psychépop.

Rien que cette improbable intro, avec son Freddie en muezzin cocaïné, réminiscence tarée des moments "bismillah !" sur Bo Rhap, en a crispé plus d'un depuis 1978. Ah ça c'est sûr, "Mustapha" n'est pas une entrée en matière aussi consensuelle que "We will rock you" ! Et c'est ça qu'est bon ! Elle interloque, élevée par ce panache tout mercurien : on entre dans cette nouvelle sarabande incongrue avec une moue exquise, sans trop comprendre si on est à la mosquée ou chez Michou. Queen a réussi le petit miracle de faire que "Allah", "Ibrahim" et "Mustapha" évoquent un numéro de cabaret. Génial ou pas loin, cet anti-tube est au moins aussi cool que le final "More of That Jazz", meilleur morceau de ce petit fripon de Taylor (avec "Tenement Funster" et "Fight From The Inside", OK !), encore plus vigoureux du gosier que sur sa chanson mécanophile. Vocalement, le batteur en fait des caisses, autant qu'il s'économise aux baguettes... Un poum-poum-tchak rectiligne qui rappelle le début de la lointaine "Liar", et cette tension hard rock loubarde, rampante, succulente... Roger se touche grave du falsetto, à faire la nique à Bulsara, jusqu'à ce sampling-flashback des tubes de Jazz qui défilent à vitesse grand V un peu comme la vie avant la mort dans ce cliché à la con, là. Voilà ce que j'appelle un final d'album rock digne de ce nom, mon p'tit Roro !

Entre ces deux tourneries magnético-abrutissantes, Queen truffent l'album de morceaux énergiques à mort, cumulant les fautes de goût ciselées avec amour. On pourrait facilement faire une chronique par morceau comme avec tous les meilleurs Queen, et ça n'arrangerait rien au schmilblick... Gosh, à ce stade j'ai bien peur que ce soit déjà plié ! OK donc : "Bicycle Race" est peut-être la plus sparksienne de tout leur répertoire, avec ces cassures rythmiques abruptes de chez abruptes et son break à sonnettes... Cardiaques s'abstenir. Plus sophistiquée pour sûr que sa jumelle dizygote "Fat Bottomed Girls" et son refrain beatlebeauf, qui vous donne envie de beugler comme un gros hooligan ! La crâneuse "Don't stop me now" réussissant quant à elle le tour de force d'incarner, en trois minutes et demi, tout ce qui fait la singularité polymathe de Queen, avec une élasticité mélodique prodigieuse. Fuite en avant stupéfiante, comme une propulsion hors du réel, et message en lettres capitales à cette mal baisée de Faucheuse (mais si mais si !) Queen ont toujours senti que leurs excès allaient coûter bonbon, même quand ils les vivaient à fond... Et sur des "Let me entertain you" cabot de chez cabotin et autres "If you can't beat them, join them", Queen assume haut et fort au cas où le fond de la salle aurait toujours pas pigé, qu'ils se foutent de recevoir des dithyrambes dans Prog Magazine... Alors séchez-moi ces larmes de rock critics contrariants voulez-vous, vous prendrez bien une "Dead on Time" au dessert, mh ? À ranger avec "Sheer Heart Attack" et "Stone Cold Crazy" au rayon de leurs morceaux "pur shoot d'adrénaline rock'n'roll", laissant le heavy-métalleux sur le banc de touche... Wesh les zoulettes, une p'tite "Fun it" ? Funky-disco-rock annonçant la mise en orbeat Hot Space, pas aussi gaulée que les "Another one bites the dust" ou "Dragon Attack" à venir mais vraie régalade. Et n'oubliez pas si vous vous sentez fatigués ou esseulés : "Only our team... is the reeeaaaal team !" That's all, folks.

La récréation aux airs de climax sonore, d'une Majesté qui n'a pas ménagé ses efforts pour se vendre à grands coups d'artifices, sans perdre sa bizarrerie sophistico-tarabiscotée typique... Mais attention, spectateur candide : risque d'overdose d'hystérie.

note       Publiée le mercredi 13 janvier 2021

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Plaisir de la réécoute

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Chris Envoyez un message privé àChris
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Putain cette intro déglinguée !

torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

Pour fêter la sortie de leur jeu vidéo !

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Elles sont pretes, ca y sera en temps voulu

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torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

Tout le monde cale pour les 3 dernières chroniques (à moins que 'Made In Heaven' voire 'Cosmos Rocks' soient aussi de la fournée) ?

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