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Queen › Sheer Heart Attack

lp vinyle • 13 titres • 38:41 min

  • face a
  • 1Brighton Rock
  • 2Killer Queen
  • 3Tenement Funster
  • 4Flick Of The Wrist
  • 5Lily Of The Valley
  • 6Now I'm Here
  • face b
  • 7In The Lap Of The Gods
  • 8Stone Cold Crazy
  • 9Dear Friends
  • 10Misfire
  • 11Bring Back That Leroy Brown
  • 12She Makes Me (Stormtrooper In Stilettoes)
  • 13In The Lap Of The Gods... Revisited

informations

Enregistré du 7 juillet à septembre 1974 à Rockfield, Monmouthshire (Pays de Galles), Trident (Londres), Associated Independent Recording (Westminster) et Wessex Sound (Highbury New Park) - Produit par Roy Thomas Baker - Ingé-son : Mike Stone.

Pochette par Mick Rock

line up

Brian May (guitare électrique sur tous les titres sauf la 9, chœurs, piano sur la 6 et la 9, chant lead et guitare acoustique sur la 12, banjolélé sur la 11 [Genuine George Formby Ukelele-Banjo]), Freddie Mercury ('vocal extravaganzas' sur les 1, 2, 4 à 11, 13, chœurs, piano, orgue sur la 6, jangle piano sur les 2 et 11), Roger Taylor (batterie sur tous les titres sauf la 9, chœurs, "screams", percussions, triangle et carillon éolien sur la 2, chant lead sur la 3, tambourin sur la 4, cymbale sur la 7), John Deacon (basse sur tous les titres sauf la 9, contrebasse sur la 11, guitare acoustique sur les 3,7,10 et 12, guitare électrique sur la 10)

chronique

  • progressive glam > opéra-schnouf

Qu’est ce qui vous a rendu si gay ? Sheer Heart Attack, bien sûr. On dirait un slogan de pub. Et c’est vrai que ça apporterait un peu de fraîcheur à nos cerveaux trop ternes d’avoir sous le nez le poitrail velu-huilé du père Farrohk dans les pubs JCDecaux, plutôt qu’une énième bimbo au sourire bright vantant les mérites du manger-sain. Sheer Heart Attack, c’est le délice ineffable du croque-monsieur tomates séchées-confiture de fraise, de la pizza banane-beurre de cacahouète, de la flammenkûche anchois-chamallows. Si « Bohemian Rhapsody » restera pour l’éternité la chanson pour headbanger gentiment entre amis bourrés en roulant au pas à 21h dans la banlieue de Chicago, « Stone Cold Crazy » pourrait bien être la B.O. du démarrage en burn dans la poussière d’un terrain vague marocain, sur un abominable tromblon customisé et explosant vos tympans, après une nuit sans sommeil à gober du speed en échappant à la police locale (pas du genre gentil flic français, plutôt Midnight Express option « t’es même pas américain, mais bismillah tu vas perdre tes dents quand même »). En gros, chers gutsiens, Sheer Heart Attack parle d’un endroit (temps ?) où vous, nous, moi, et une grande partie d'eux ne sont jamais allés. Un endroit « dangereux et excitant », car oui cela n’existe pas que dans les résumés de films et les chroniques pot-de-vin payées par les distributeurs, ça existe aussi dans la vraie vie.

Chanson un : « Brighton Rock ». Volume maximum donne fissures maximum. Qu’est ce que je vous disais ? V’sentez pas l’adrénaline vous remonter les tubes, là, prolongeant le gasoil flambant à travers les tuyaux chromés de votre Dax, v’sentez pas le vent vous fouetter la visière, et les flaques de boue anglaise vous rincer les beatle boots ? Et ce, ahem, solo qui redéfinit en 1974 le sens du mot « excessif » (cherchez pas dans le prog, PERSONNE ne faisait ça), c’est pas du HEAVY MOTHERFUCKING METAL qui envoie le pâté de (brutal) sanglier, par hasard ?? Moi je crois bien que si. Chanson deux : « Killer Queen », et là c’est le drame : ça n’a plus rien à voir, plus aucun rapport, c’est de la cabaret-pop de chochotte sous perfusion Liza Minnelli. Et là en deux titres, le seul point commun saute aux yeux : la voix androgyne. Soudain hautaine, altière, d’une indifférence suprême au chaos ou au faste du monde. Et une affirmation s’impose au bout de ces deux titres : ces mecs avaient écouté les Sparks, avaient assimilé le truc, et avaient décidé que le groupe plus vénère du monde en 1974 ne serait pas un énième combo à rouflaquettes patriarcales de plus, mais bien Reine, le pire quatuor de tantouzes britonnes jamais sorti du ventre de la perfide Albion, tous turbos dehors, en mode F-Zero X. Et que le disque n’allait pas couiner comme Robert « Saint-Viking » Plant mais comme Russel Maël, celui-là même qui chantait « I could start a song a tenor and then end as bass », ce qui est quasiment mot-pour-mot le programme de Sheer Heart Attack. Du proto-métal donc, mais avec des vrais bouts de tubes pop-in-opposition au milieu ?

A vrai dire, l’enchaînement Brighton/Killer Queen sublime l’art consommé du rebrousse-poil : caresse de plaisir ou déplaisir intense, selon les sensibilités. No stairway to heaven, No riff, no solo, no décibels, et – hé – no girls allowed in da club, « Killer Queen », c’est du tapin cossu en porte-jarretelles de soie, du Beach Boys qui serait passé entre les mains du joailler de la princesse du Bengale (Is that you, Amanda ?), c’est du Kinks suprême qui aurait accumulé un cabinet de curiosités de l’Europe Continentale (Darling, it’s SO exotic) dans une Austin Mini couleur menthe-chocolat, pour mieux l’installer dans un salon de thé adjacent à la salle de jeux du premier album de Pink Floyd. Rien que pour ce titre, Queen mérite qu’on leur tresse tous les lauriers en pétrodollars que vous voulez, quand bien même c’est pour récompenser leur contribution au monde du foutebôleuh et à tous les bals de pompiers de tous les patelins de beaufs du vaste univers. Si je suis ambigu et tordu tant mieux, car c’est exactement ce qu’est « Flick Of The Wrist »... à partir de là, l’inquiétude est de mise dans le chant et les mélodies, voire dans cette production gargantuesque truffée de détails-pièges. Même le bravache ado de « Tenement Funster » a l’air tout seul dans son immeuble… Et cette mélancolie perlant sur le solo de In The Lap Of The Gods, qui évoque les dernières taches orange dans un lointain crépuscule pourpre au-dessus de la pollution… « Bring Back That Leroy Brown » est déjà un ovni ici, mais lors de son exécution en concert, elle va rapprocher Queen de l’inventivité d’un Gentle Giant, le temps de deux minutes intenses. (« … Quarterback !! », OK encore un texte digne du lièvre de Mars). Et « She makes me », alors ? Je parlais de vapeur steampunk dans la chro du précèdent, eh bien là on l’entend littéralement s’élever du goudron en sueur, la vapeur, dans ce titre cerise sur la tarte tatin, comme l’était « Fairy Feller » sur Queen II : la chanson ovni qui passerait absolument CREME FOUETTEE sur une compilation de psyché-baroque 60’s, l’air de rien, entre Kaleidoscope et The Move, et qui ferait se lécher les babines de tous les Nick Kent et Ungemuth du monde si c’était signé « The Fumistuous Marquit de Sades » et non pas Queen.

La suite, beaucoup plus de gens la connaissent : les 4 zazous en patte-d’eph vont se retrouver à tourner au Japon pour promouvoir ce disque, où ils sont déjà des demi-dieux, et découvrir le goût de la gloire, tandis que Freddounet revient au bercail avec un découvert bancaire digne du deuxième choc pétrolier. Moralité : maintenant il faut faire de l’oseille, il est 1975, Dr Brian May. Un tout petit album encore plus modeste que précédemment appelé A Night At The Opera est enregistré cette-année-là, accompagné d’une petite blague parodiant l’opéra baptisée - oh it’s our little baby my dear -« Bohemian Rhapsody » ayant coûté la bagatelle d’un mois de studios. La suite verra Queen, fidèle à sa dynamique jusque-là, tenter de faire mieux et plus lucratif à chaque coup, ce qui les emmènera toujours plus loin du délire cartoonesque aperçu sur ce monstre de Sheer Heart Attack, qui deviendra presque une cause perdue, un de ces troisièmes albums secrets des seventies, qu’on se passe entre exégètes confirmés, comme le sésame vers le vrai frisson que les « grands classiques » échouent parfois à nous procurer... Comme le troisième Lizzy ou le deuxième Rush (oui, oui, celui avec la chouette), comme Love It To Death d’Alice Cooper, voire Station To Station de Bowie. Le meilleur Queen ?

note       Publiée le dimanche 10 janvier 2021

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May a sans doute humé la magie de Have you ever been et 1983 avant d’exhaler en un soupir ce She Makes Me.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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C'est pas souvent que je dis ça, et encore moins pour entendre "Stone Cold Crazy", mais : écoutez France Inter à 21h ce soir. (pour info, j'ignore ce qui va être dit , mais je fais confiance au jugement du Mr au micro)

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

C'est malin, avec tous vos commentaires sur Queen, vous m'avez donné envie de me replonger dans leur discographie, en commençant par ce bijou bien-sûr.

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Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Sur cet album (le meilleur à mon avis), le hold up (le casse du siècle) est réalisé par les starring partners de la castafiore : "Tenement Funster" (Taylor), "Misfire" (Deacon) et "She makes me" (May). Album parfait.

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

A ce stade, je m’aperçois que si on fait un best-of des morceaux Hard/Heavy rapides de Queen on tient une compilation vraiment jouissive qui soutient la comparaison avec pas mal de groupes portant du cuir clouté. C’est assez rare les compilations thématiques d’un seul et même artiste, mais ça c’est déjà fait (ex : One Foot in the Blues de ZZTop), j’dis ça j’dis rien

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SEN Envoyez un message privé àSEN

Le meilleur pour ma part également !

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