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Queen › A Night At The Opera

lp vinyle • 12 titres

  • face a
  • 1Death On Two Legs (Dedicated To ...)
  • 2Lazing On A Sunday Afternoon
  • 3I'm In Love With My Car
  • 4You're My Best Friend
  • 5'39
  • 6Sweet Lady
  • 7Seaside Rendezvous
  • face B
  • 8The Prophet's Song
  • 9Love Of My Life
  • 10Good Company
  • 11Bohemian Rhapsody
  • 12God Save The Queen

informations

Enregistré de aout à novembre 1975 aux Studios Rockfield, Pays de Galle , puis à Sarm East, Olympic, Scorpio, Roundhouse et Lansdowne, Londres - produit par Roy Thomas Baker - ingénieurs du son : Mike Stone, Gary Lyons (overdubs)

line up

Brian May (guitares électrique et acoustique, véritable banjo-ukulélé George Formby, koto-jouet, harpe, chant lead sur '39 et Good Company, chœurs), Freddie Mercury (chant, chœurs, piano / "Bechtein debauchery"), John Deacon (basse, piano électrique Wurlitzer sur You're My Best Friend, contrebasse, Roger Taylor ( batterie, percussions, guitare électrique, chant lead sur I'm In Love With My Car, chœurs)

chronique

  • opéra-mousse (au chocolat blanc)

L’abondance blanchoyante. White Queen, Black Queen, Killer Queen, Harley-Queen ? ... Y’aurait une logique ? On connait le statut d’œuvre indépassable de cet album. Si Queen est au coude à coude avec Stevie Wonder pour le titre de Beatles des années 70, ce serait à la fois leur White Album, leur Abbey Road et leur Sgt Pepper. Et pas seulement à cause de ce mécanisme enfantin de A Day In The Life, cette respiration métronomique de piano avant une certaine « silhouetto of a man »… Commençons par un jeu de pistes : A Night At The Opera, c'est l'album des petits emprunts qui passent bien, comme le riff de "Sweet Lady"(en même temps, avec un shuffle aussi galopant occupant la deuxième moitié du titre, on peut se permettre pas mal de vices). Mais mon petit doigt me dit que le riff sévère de « Death On Two Legs » est du Freddie pur pieuvre. Censée être la chanson fielleuse de Queen, règlement de compte en musique avec leur patron et employeur (toujours sous contrat avec eux au moment de la sortie du disque), elle n’est à vrai dire qu’un prétexte pour que Mercury n’endosse sa robe de Black Queen et crache son venin façon Frank’n’Furter ou, pour traduire, en langage Katia (celui qui trouve pourquoi gagne une moumoute). Bref, c’est une chanson méchante, d’une méchanceté sadique, enfantine, qui fait DU BIEN.

La face A de A Night At The Opera est en réalité une pure démonstration de joie insouciante comme il n’y en aura plus jamais dans la pop music. Je ne trouve que des adjectifs en « Pr » pour la décrire, croyez-le ou pas : printanière, primesautière, précieuse, précise, princière… C’est la bande-son d’un état d’esprit qui ne durera pas, la bande son d’une jet-set de l’âme, entre ritournelles de farniente so british et chansons de pub pour brailler distingué. Aucun groupe de heavy ni de hard rock n’a jamais rien entravé à cette ambiance-là, peu importe combien de fois ils ont usé le disque : Queen n’est plus le fils un peu tarlouze des Who et de Led Zeppelin, c’est tout simplement le digne successeur à frous-frous des Small Faces et des Kinks dans leur veine la plus vaudevillesque, ne cherchez pas ailleurs ! C’est aussi pourquoi toute comparaison entre eux et Iron Maiden, Guns’n’Roses ou je ne sais quoi ne saurai être qu’incomplète et en défaveur des seconds, qui paraissent purement unidimensionnels à côté de l’orgie pour les sens d’un tel album.

Car c’est bien de dimensions, de reliefs, de gravures bosselées (la pochette, où rien de chez rien n’est dû au hasard), dont il est question ici. Si les basculements entre étouffement claustro et vertiges des espaces immenses sont déjà dans l’ADN du groupe depuis Sheer Heart Attack (de même que les transitions en épingle à cheveu entre chaque chanson, ici sur toute la face A, qui alterne le poppy et le hard débridé), ANATO y rajoute les délires rétrofuturistes faussement désuets, et opérant parfois la jonction avec le récit mythique (’39, et peut-être BoRhap). C’est très frappant sur les excessivement froufroutesques Lazing On A Sunday Afternoon et Good Company : c’est du vieux music-hall, mais soudain en relief, éclairé par l’électricité, avec la guitare de May qui voit double, comme une très vieille pub dessinée art-déco adaptée pour lunettes 3D, voire pour masseur sensoriel. C’est plus dur à saisir sur les plus ambitieux The Prophet Song et ’39. Bon, la première c’est l’arche de Noé refaite par Cecil B. de Mille, avec une ptite louche de Baten Kaitos Origins (et comme dans d’autres chansons de Queen, on est suspendu entre incrédulité face au vénérable messie qui sait-mieux-que-nous – et ses lendemains-qui-chantent – et pure terreur schizophrène de l’inconscient torturé). ’39 est un cas complexe, dont le texte, à vrai dire, éclaire Prophet’s Song d’une lumière très actuelle (celle des satellites d’Ellon Musk) : une chanson de marin à dormir debout, qui après le 1er refrain est soudain comme sertie de diamants, puis semble raconter non plus les caravelles de Christophe Colomb mais les vaisseaux des futurs terraformeurs d’exoplanètes… Dans un tour de passe-passe, le futur devient antérieur, et un simple mot du 1er couplet, « milky seas » (là où la rime attendait « way »), prend un autre sens.

Finalement, le seul truc vraiment gratuit dans cet album, c’est la présence de Seaside RDV, après un Sweet Lady qui semble conclure en feu d’artifice cette face A ultime. Le titre totalement superflu, qui en rajoute dans le « ridicule », comme pour se dire que si tout finit en fiasco, au moins on se sera marré. Car à la sortie de ce disque, Queen est encore très près de rester comme le groupe le plus dépensier et mégalo des 70’s… à s’être cassé la gueule. Seaside RDV sent vraiment ce goût de débauche pour la forme, ce pied de nez à la modération et aux créanciers, avant d’abattre les dernières cartes, déballages d’intimité s’étalant sous les étoiles. Car après cette véritable suite de numéros aussi pimpante qu’une session de surf dans la manche (entre un fish & chips et un tour à la fête foraine avec Mr Wilson), on entre dans la face B comme dans l’acte final d’un opéra grandiose et nocturne, ambiance que prolongera l’album suivant.

Si je ne m’étais pas interdit il y a déjà longtemps toute concession aux ragots sur la vie de cette vieille tante (old queen) de Freddie, j’aurai pu vous dire que « Love Of My Life » était surtout la chanson d’un mec qui a BEAUCOUP à se faire pardonner à sa copine, et en premier lieu le fait de ne plus la toucher. Mais chez Queen, on considère que la seule chose qui regarde le public, c’est la facette uniquement glorieuse de chaque évènement, et la facette glorieuse de cette crise-là (celle vécue, pendant un temps plus ou moins long, entre Mercury cocufiant sa blonde avec des petits gros à moustaches et la-dite blonde, médaillée d’or de la tolérance dans le couple), ben c’est que le Freddie a pondu la plus belle chanson d’amour pour se faire pardonner. On ne parle pas de se faire pardonner son homosexualité. Non, ça c’est la chanson adressée à sa mamounette, et elle est juste après. « Love Of My Life », elle, est tout simplement parfaite, digne d’un menuet de Mozart ou d’une fugue de Bach, virevoltant dans l’air avec l’aisance d’un fil d’or soufflé par un vent azur, le tout sur fond d’angelots en marbre blanc. Pas pour rien si ce titre dégage un je ne sais quoi de virginal, de totalement pur, tout en veillant à garder juste ce qu’il faut de passion éperdue (cette voix, ce chant, ces inflexions, ces chœurs... tout est 6 étoiles). Et pas pour rien si c’est de très loin la chanson la plus « Brian May » de Mercury…

Bref. L’effet de la sortie de ce disque – un des plus gros hold-up artistiques du siècle, à contre-courant – était à la fois logique, et aberrant. Logique parce que Queen gagnait en popularité à chaque disque, ayant même fini par convaincre – très temporairement – la plupart des critiques qui les regardaient de haut à leurs débuts. Et aberrant parce que le disco allait tout javelliser, et Queen semblait être le grumeau de baroque 60’s refusant de crever. Mais les quatre avaient trimé, et le Sacre de la Reine ne serait point gâché par la découverte de l’homosexualité de Freddie (par lui-même hein, les autres l’ayant deviné), ni par les Sex Pistols, ni par le NME, ni par le fisc anglais, ni par les dictatures sud-américaines, ni par l’apartheid, ni par les anti-apartheid, ni par la cohérence, ni par le Sid... Enfin bon, son règne démarrait ici, et il allait durer toute la deuxième moitié de cette décennie et la suivante. Je vois à vos regards de petits chiots abandonnés l’impact de la foudre de mon outrecuidance, vos regards déjà humides qui semblent couiner « il a pas parlé de Bohemian Rhapsodiiiiiiiiii ». Eh bien, si, regardez, j’en parle : « Le plaisir du troupeau est plus ancien que le plaisir de l’individu. Et tant que la bonne conscience est l’apanage du troupeau, la mauvaise conscience seule dit ‘moi’ ». Signé : un autre moustachu. Allez, que sonne la récré, et God Save The Harlequin !

note       Publiée le samedi 10 avril 2021

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Classique mais… Cette face-A.

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Again, yes… Mais il manque encore sur guts un certain groupe en 2 lettres et 2 chiffres.

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Olivista73 Envoyez un message privé àOlivista73

Loin d'être un "fan" de Queen ni de leurs tubes archi connus dont les radios nous innondent depuis tant d'années mais force est de constater que ce disque est absolument génial. Un pur régal pour les oreilles. A ranger soigneusement (avec son double noir) aux côtés des plus grands disques de rock.

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boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

Le seul Queen que je connaisse. Un album touché par la grâce.

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SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

On va pas faire la fine bouche c'est un très bon disque, un des tout meilleurs de Queen même, mais je lui préfère quand même le suivant, moins foutraque et plus cohérent à mon sens !

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Raven Envoyez un message privé àRaven  Raven est en ligne !
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Un très bon album de transition.

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Nicko Envoyez un message privé àNicko
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LE chef d'oeuvre de Queen (le reste est pas mal, mais celui là est au-dessus du lot !)

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