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Opeth › Still life

cd • 7 titres • 62:31 min

  • 1The Moor11:26
  • 2Godhead's Lament9:47
  • 3Benighted5:00
  • 4Moonlapse Vertigo9:00
  • 5Face of Melinda7:58
  • 6Serenity Painted Death9:13
  • 7White Cluster10:02

informations

Par Fredrik Nordström et Opeth au studio Fredman en Février et mai 1999

La réédition de 2008 propose un DVD bonus contenant l'album mixé en 5.1

line up

Mikael Åkerfeldt (guitares, chant), Martin Lopez (batterie), Peter Lingren (guitares), Martin Mendez (basse)

chronique

Y'a dans tous les albums d'Opeth une coloration qui donne envie d'y revenir. Moi même, je me refais régulièrement un petit Opethathon, avec le studieux d'un puritain devant sa Bible, histoire de me confirmer comment y'a toujours moyen d'y redénicher un dogme ou deux. Et Still Life, au milieu d'une telle course de longue haleine, il fait office de premier jalon. Still Life c'est l'album charnière. Déjà entre l'époque biergarten (où la fraîcheur nature était systématiquement mâtinée d'ampoules de jardin 10W) et celle de l'obsession Wilson, aka sophisticated juice-bar, dont on attend toujours un peu la terminaison depuis la rencontre initiale l'année de ce Still Life. Mais surtout parce que sur Still Life Åkerfeldt commence à prendre une assurance dans son chant clair, et il va passer une bonne partie des morceaux à nous fariner les fougères avec un timbre de vieux crapaud-prince charmand philosophe, toute muse au masculin qu'il se découvre. Opeth, avec Still Life, s'imposent enfin orfèvres de la déconstruction - quoi de plus normal pour un concept album sur le retour d'un croyant banni dans son ancien village - qui trouvera son futur point culminant avec le diptyque Damnation/Deliverance. Ils y acquièrent une maîtrise de l'arrangement toute lunaire, à s'enchaîner progs acoustiques et riffs lupins comme virtuoses antiques. Ils vous tambourinent le pavé avec sous le bras une collection de vieux grimoires d’archivistes cryptiques en quête de révolution dans l'ombre. Le pire, si l'on puit dire, c'est que Still Life est en réalité l'album le plus imprudent d'Opeth. Construit en studio après une paire de répéts seulement, il a ce petit goût mêlé de brut de décoffrage et d'improvisation hasardeuse, mais heureusement réécrit en héros par une production vintage inénarrablement lumineuse qui lui donne une longueur gourmande de Mille-et-Une-Nuits version grand cognac : à boire et à lire sans modération.

note       Publiée le jeudi 17 juillet 2014

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chronique

Still Life capture un groupe en route vers son apogée, confortablement installé dans un studio tout de bois et de velours rouge à Gothenbourg, Suède. Contant la suite de l’histoire entamée sur "My Arms, Your Hearse", il est tout imbibé dans la moindre ligne de texte de romantisme à l’anglaise, façon sœurs Brontë, mais avec plus de Death Metal dedans. Rien que le premier titre de chanson, The Moor, évoque la lande Anglaise comme terrain d’errance du héros romantique et maudit, accablé de malheurs et vilipendé par les siens. Ce premier titre raconte son retour vers son village natal, ce qui est superbement dépeint par cette intro baignée d’un écho séculaire d’où surgit l’arpège introductif, comme un voyageur qui ôterait sa capuche du haut d’un promontoire rocheux, contemplant la terre où jadis il avait sa place. Une intro narrative déjà du plus bel effet, mais les ressources d’Opeth sont telles qu’une nouvelle dimension survient lors du superbe passage folk de la neuvième minute, tout en beauté délicate, assorti d’un court solo touchant tant il est taillé dans une dentelle très "guitare classique"… Après un break envasé très prog 70’s, la déferlante death revient pour quelques secondes qui concluent le morceau. Godhead’s Lament, qui s’ensuit, est forcément un bon cran en dessous dans sa tentative de marier couplets et ponts death et refrains en clair que d’aucuns trouveront un peu trop chevaleresques pour être honnêtes. Malgré cela, les circonvolutions de la guitare d’Åkerfeldt sont enchanteresses… On sent, lors de la deuxième moitié du titre, qu’Opeth a encore progressé, tandis que s’enchevêtrent sans fin arpèges acoustiques, break de basse boueux génial, riffs coulants au parfum 70’s et mélancolique inimitables, et le chant clair d’Åkerfeld, ce chant qui divise tant (là ou son registre death est incontestablement celui d’un ogre). Difficile de ne pas voir un léger côté midinette dans ces "ohh-oooohh" angéliques, malgré le fait qu’ils soient censés servir l’histoire des lyrics – racontée avec bien trop de préciosité pour être attachante si vous voulez mon avis. Ces réticences sont – comme toujours avec le groupe – balayées en un éclair lorsque survient la ballade acoustique du disque : Benighted. Juste parfait, rien à toucher. Du moins, avant la batterie. Ne tournons pas autour du pot : quand Åkerfeldt se met à susurrer de sa voix d’androgyne en usinant ses interminables arpèges nostalgiques, quelque chose de magique se passe. Une brume toute féminine s’abat sur les environs, et la nature semble exsuder une poésie nocturne et nordique dont eux seuls sont les dépositaires. Là où les ¾ des chanteurs métal, quand il se mettent à roucouler, sonnent comme ce gros con de Sylvester Stallone essayant de lever de la meuf, Åkerfeldt sussure un paysage impressionniste à base de vent dans les feuilles, d’une voix unique et translucide. C’est pour ce genre de moment qu’on écoute Opeth, même si l’alchimie est un peu rompue par l’intrusion de cette batterie au son presque 80’s (donc indélicat dans ce contexte) tout à fait hors de propos. La quintessence de ce style attendra l’album suivant, véritable acmé du long parcours d’Opeth. La charge death revient avec Moonlapse Vertigo, où la dynamique commence à s’essouffler un tantinet, malgré un break quasiment "rock calif’" vers le début. L’autre ballade féerique de l’album, c’est Face of Melinda, toujours enluminée par des tresses de guitare acoustique boisée… Titre que je soupçonne être un clin d’œil au "Melinda More or Less" des excellentissimes Curved Air, connaissant les goûts obscurs de cet anglophile d’Akerfeldt. Cette fois, aucune faute de goût ne vient entacher cette chanson pourtant moins magique que Benighted, l’envolée épique étant cette fois parfaitement réussie et prestigieuse. Une envolée qui embraye direct sur un Serendity Painted Death brutal et growlé avec amour, efficace dans son registre, sans non plus trop de fantaisie, malgré ce passage aux sonorités bizarres qui évoqueraient presque un vocoder (gloups). L’arpège final, plus nostalgique et sépia que jamais, se termine par une coupe franche, symbolisant la tragédie des paroles… Et White Cluster vient clouer le drame final à ce tableau. A ce stade, la formule est un peu trop maîtrisée et prévisible pour vraiment parler de grand disque. Ou bien n’est il pas tout simplement trop long ? J’oubliais : Still Life marque l’arrivée de Martin Mendez à la basse, formant avec son pote Martin Lopez la section rythmique du Opeth nouveau, qui pose tel deux clones dans le livret. Si la basse ronfle façon fretless (c’est sûrement une d’ailleurs) sur Face of Melinda, on en dira pas autant de la batterie, dont le son très inadapté aura gâché tout le disque pour beaucoup. Et le mix 5.1 fourni dans un DVD supplémentaire dans la réédition (extrêmement luxueuse et classe) ne change pas fondamentalement la donne. Aujourd’hui considéré comme un classique du groupe, Still Life fleure en tout cas la sincérité et l’amour du travail bien fait, sans jamais tomber dans une quelconque grandiloquence… Opeth, narratif et 70’s dans ses incartades, n’a vraiment, mais alors vraiment rien de metal prog (genre démonstratif et 80’s), ni dans l’intention ni dans le résultat.

note       Publiée le jeudi 24 juillet 2014

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Note moyenne        94 votes

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Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

Un comm’ qui fait réécouter un disque, comme souvent. Rien à faire, de ce côté de la ligne de démarcation. Du cousu-main. Rien ne déborde. Et totalement inutile. Opeth ou le bouddhisme version métal. Le Néant, c’est la Perfection. Ou inversement.

Message édité le 17-12-2023 à 15:25 par Coltranophile

Note donnée au disque :       
Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

J'y reviens assez régulièrement à cet album et je le trouve à chaque fois poignant et magnifique. J'ai la réédition en vinyle avec la pochette de Travis Smith retravaillée qui lui donne un attrait supplémentaire.

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caténaire Envoyez un message privé àcaténaire

Pas mon preferé de la deuxième periode, commencée avec Morning Rise: on est pas au niveau des 3 premiers, ni en violence ni en poesie. Le morceau d'introduction est particulierement maladroit, les parties douces font cliché, enfin c'est un avis. A partir de là, Opeth essayeront de proposer quelque chose de différent, à raison et parfois à tort. Des réussites incontestables font excuser une fin de carrière qui commence à sentir le rance.

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Arno Envoyez un message privé àArno

Jumbo: Ce n'est pas de la musique impressionniste !

E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

Jamais vraiment réussi à être impressionné par cet album, en dehors évidemment de l'impressionnant premier morceau. J'ai l'impression qu'il a été produit par Steven Wilson alors qu'il n'est arrivé que sur Blackwater Park qui sonne pourtant autrement plus mordant...

Note donnée au disque :