Laibach › Rekapitulacija 1980-84

En 1982, Tomaž Hostnik se suicide en se pendant à un kozolec, sorte de séchoir à foin typique de la Slovénie. Bien que son groupe Laibach n’approuve pas et le renvoie à titre posthume, ils le voyaient comme une figure charismatique et meneuse du projet. Le collectif formé depuis deux ans a déjà eu maille à partir avec les autorités, plusieurs projets artistiques ayant été interdits avant même leur présentation mais cela ne le décourage pas pour autant. Le son d’alors est âpre, très âpre, si différent de ce que l’on connaît du groupe aujourd’hui… Un rock industriel rampant, grinçant et glauque, ponctué de percussions lourdes, de frottements, de bruits, axé sur l’ambiance bien plus que sur les mélodies fort peu marquées alors; peu de vocaux également et dans un style propagandiste (‘Cari amici soldati’, ‘Tod für Tod). La mort de Hostnik ne freine pas la démarche de Laibach qui le remplace par Milan Fras. Dans son pays, le collectif est de plus en plus en proie aux problèmes avec le gouvernement qui censure son art; Hostnik s’étant déjà présenté sur scène vêtu d’un uniforme, le combo va accentuer l’esthétique totalitaire de ses performances. Suite à leur interdiction d’utiliser le nom Laibach et de se produire en public dans leur patrie, ils partent en tournée européenne et s’installent en Angleterre, y lançant le projet du Neue Slovenische Kunst. Alors que nos Slovènes utilisent finalement leur nom pour la sortie de leur premier opus en 85, un label allemand décide de publier une compilation de leurs premiers travaux. Excellent initiative: c’est Laibach dans sa formule la plus brute et la plus industrielle qui nous est présentée. L’un des titres, le seul aux textes en anglais, ‘Perspektive’ se présente d’ailleurs carrément comme un manifeste des intentions du combo (‘Laibach takes over an organisational system of work, after the model of Industrial production and totalitarism, collective spirit, identification with ideology, which means: not the individual, but the organisation speaks. Our work is industrial, our language political. Laibach is a recognition of time universality. Its organisational activity is an Intense agitation and a constant systematic propagating, ideological offensive…’. La suite est dispo sur le net). Cette version ultime propose en outre deux compositions bonus dont un terrifiant ‘Vade retro Satanas’ trippant et hanté à souhait qui s’intègrent à merveille à cette atmosphère de tôle rouillée, de chaînes humides, de tambours d’acier et d’âpreté grinçante. Probablement ma phase favorite de Laibach, industrielle as fuck…