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Philippe Poirier › Les triangles allongés

détail des votes

Membre Note Date
Khyber      mercredi 27 septembre 2017 - 09:02

cd • 10 titres • 37:26 min

  • 1Le plan05:09
  • 2Unique03:08
  • 3Il04:18
  • 4Les triangles allongés02:45
  • 5Les minces03:55
  • 6Le rêve04:27
  • 7Tractus04:13
  • 8La chambre des merveilles03:52
  • 9Mon ange03:17
  • 10La boîte02:23

informations

Enregistré lors du Festival des Tombées de la nuit à Rennes par Laurent Dahyot.

Dessins : Phillipe Poirier

line up

Daniel Paboeuf (clarinette, saxophones), Philippe Poirier (chant, guitare, claviers, sax alto, samples), Roméo Poirier (guitare), David Euverte (claviers), Christian Lechevretel (trompette, bugle), Jérôme Bensoussan (clarinette, tuba), Régis Boulard (batterie)

chronique

  • chansons mathématiques

Au programme, la trigonométrie des sentiments. Avec sa pochette austère mais indubitablement classe, Phillipe Poirier dans un coin signe le meilleur album affilié à une chanson française exigeante, expérimentale sans être absconse depuis, mettons, les grandes heures de Bashung. Rien de moins. "Les triangles allongés" est le meilleur recueil que vous n'avez jamais entendu, la perle cachée de ses dix dernières années. Toujours très marqué par les boucles de samples qui procurent cette ambiance flottante, ces textures hypnotiques zébrées de lacérations héritées de musique improvisée, du free-jazz notamment, les compositions et arrangements de Poirier atteignent ici leur sommet de concision et de précision, la forme chanson ayant été littéralement avalée par ce chercheur acharné qui chante plus franchement que jamais, sans abandonner aussi son sprecht-gesang maintenant familier. En parallèle, car de géométrie il est question à tout niveau, la part belle est faite aux instruments acoustiques, aux cuivres en ordre protéiforme. Et l'écriture de Poirier, qui elle aussi atteint des sommets d'expressivité, tout en conservant cette étrangeté parfois inquiétante comme dans ce "Il" crépusculaire et fascinant, accompagné de hululements d'oiseaux de nuit et d'une guitare louvoyante sur ondes angoissées. Le titre éponyme et sa rythmique de chemin de fer, n'allons pas jusqu'à convoquer des clichés comme "krautrock" même si on pourrait y penser, est une perle à tout niveau, le texte étirant ses formes au gré de l'éloignement de deux points, de deux coeurs, les médianes et les angles changeant leurs coordonnées, une topographie mouvante des sentiments en poésie géométrique, avec ces irruptions de sons atonaux et ses élans de cuivres assombris. Des formes encore et toujours, celles du mondes, récupérées de l'album "Automne Six", reprises ici en version finalement plus concise, mise en boîte-chanson et bercée de cordes, bonheur de ré-entendre ce drôle de refrain "c'est beau, ça nous occupe", au son d'une vibration régulière tachetée de notes de guitare jetées là comme sur un tableau de Pollock. Tout est de cet acabit, quelque soient les atmosphères, parfois plus directement séduisantes, comme sur ce "Rêve", feutré et soyeux, interférences radios et cuivres en harmonie, ondulations de guitare et voix chaude, puis piano languide, voyage intérieur pris de douce chaleur vaguement fiévreuse. Les morceaux s'enchainent, depuis ce "Plan" qui donne le ton, à la fois entêtant et cérébral, rigoureux comme une équation mais imprévisible comme une fonction compliquée, des chansons à tracer sur papier Canson, des mots et des accords tracés comme des traits tirés d'un coup de règle, des courbes au compas, des formulations à l'équerre, pour retrouver le fil d'une histoire. La simplicité lumineuse de "La chambre des merveilles" qui souligne malgré tout un goût pour les histoires à dormir debout, une invitation à déambuler au milieu de monstres fantastiques empaillés dans un cerveau-grenier, animaux-affections intimidants pour qui s'y risque, seul Poirier peut se permettre d'utiliser un mot comme "taxinomie" et le faire sonner familier, intime. Car il ne s'agit bien que de ça, trouver des coordonnées exactes pour définir précisément des sentiments profonds, ainsi Poirier fait bien de la chanson dans le fond, des textes oniriques mais pas détachés de nos états-d'âme, n'importe qui peut en être bouleversé, pour peu d'être assez sensible à ces description parfois cryptiques, toujours fascinantes, Poirier étant un des plus précis narrateur de rêves qui soit. Il ne dédaigne d'ailleurs pas les cas concrets dès qu'ils se colorent de tons irréels, signant pour en terminer un fabuleux morceau au piano quasi-atonal, "La boîte", minimaliste aussi mélodiquement, simple histoire de sortie de club isolé dans la nuit, sur fond de bourdonnements entendus de l'extérieur, d'abord écrit pour Françoiz Breut, Poirier ne prenant même pas la peine de changer de point de vue, le désir ne connaissant pas de genre. Un album sublime, de la première à la dernière seconde. L'album d'un chercheur qui a trouvé. Un élixir contre la médiocrité. Sensuel et cérébral, aventureux et généreux. Forcément, un trésor bien caché.

note       Publiée le dimanche 7 décembre 2014

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    D'autant que c'est la saison de les ressortir, les albums solo de Poirier, il s'accordent toujours merveilleusement à l'automne.

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Pas vu cette chro, merde ça donne envie

    Khyber Envoyez un message privé àKhyber

    Ne passez pas à côté de ces chroniques, Poirier sous toutes ses coutures vaut largement le coup d'oreille!

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