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Momus › Hippopotamomus

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Membre Note Date
cyprine      jeudi 19 juillet 2012 - 09:36

cd • 11 titres • 38:02 min

  • 1Hippopotamomus04:24
  • 2I Ate a Girl Right Up03:17
  • 3Michelin Man01:55
  • 4A Dull Documentary03:13
  • 5Marquis of Sadness03:32
  • 6Bluestocking03:11
  • 7Ventriloquists and Dolls03:56
  • 8The Painter and His Model04:29
  • 9A Monkey for Sallie02:44
  • 10Pornography03:05
  • 11Song in Contravention04:36

informations

L'album original à la pochette au bibendum et la chanson "Michelin Man" a été rétiré de la vente suite à la menace de poursuites par la société Michelin, dont les cadres auraient été outrés par les paroles. L'album est ressorti avec ce morceau en moins et la pochette à l'hippopotame. Nick Currie a mis à disposition la version originale d'Hippopotamomus sur Ubu.Web en téléchargement : http://www.ubu.com/sound/momus_hippo.html

line up

Nick Currie

Musiciens additionnels : Preacher Harry Powell (voix hippo 1), Tammy Yoseloff (choeurs 5), Vicky Cassidy (chant 5), Zoé Pascale (la fille qui sussure du Duras 6), Noko (guitare 7)

chronique

Avec un titre et une pochette pareille, on sent bien le coup tordu. Nick Currie lâche la bride à ses expérimentations, laisse derrière lui les derniers pans d'ambition vaguement commerciale de signer quelques hits-single interlopes pour Creation. Momus s'enferme définitivement dans son monde et prend le large, pour bientôt quitter la Grande-Bretagne. De toute façon il va trop loin, sexiste, pervers, moralement inacceptable, trop intellectuel et du mauvais côté du Manche encore, par Gainsbourg obsédé (qui claque alors que l'album est enregistré). Album profondément salace, par devant et par derrière, les histoires de Currie dépassent les dernières bornes du bon goût, album profondément dégueulasse. Où ailleurs que dans la tête de cet écossais peut-on croiser un ventriloque à jambe de bois qui construit ses poupées à l'image de jeunes filles qu'il soumet à ses pulsions libidineuses ? Ou un peintre qui travaille sur un portrait à partir de lambeaux de vêtements féminins, sous-vêtements surtout, tel un Dr. Frankenstein pictural, et qui se demande bien quoi utiliser pour reproduire la texture de la chair, des lèvres, des seins, des dents... Où est le modèle, qu'en reste-t-il ? A-t-elle été dévorée comme la victime de ce cannibale facétieux qui a pris un peu trop littéralement l'expression "se taper une fille" ? C'était miam-miam dit-il, mais c'était juste un excès de désir, pardonnez-lui, il a l'air désolé, il avait faim de rondeurs féminines. Une vraie collection de dégénérés du cul, comme ce type qui baise la babysitter à la lumière télévisuelle d'un documentaire ennuyeux. Ne croyez-pas qu'il va s'arrêter quand il verra la petite fille à garder pénétrer dans la pièce, on croirait même que ça l'excite d'autant plus, ce voyeurisme enfantin. Du cul du cul du cul, à tous les étages, dans toutes les pièces. Même, et surtout, chez les intellos, chez l'écrivain résidant en université chez qui les étudiantes défilent pour se faire enfiler sous prétexte de partager un goût prononcé pour la poésie. Mauvais poèmes, mais bons rapports. D'ailleurs il n'y a pas mieux que les intellos pour développer un savoir-faire charnel, qu'y a-t-il de plus excitant qu'une femme de lettres qui manie l'art de la fellation avec autant de zèle que la celui de la lecture ? Namedropping littéraire pour femme en bas bleus, petit passage de Duras avant passage à la casserole, le sexe a toujours été cérébral. Tout est prétexte à y revenir, même les animaux familiers ou les symboles publicitaires. Le singe offert à la pauvre Sallie, non content de ravager un peu l'appartement, se tire sur la queue du matin au soir, vous trouvez ça classieux ? Plus rigolo et absurde encore, comment changer le fameux bonhomme Michelin en poupée gonflable qu'il convient de bien pomper pour la remplir et de bien rebondir dessus jusqu'à en faire craquer le lit. La firme n'aura pas apprécié, le morceau sautera illico, ainsi que l'artwork original. Niquer le Bibendum, et puis quoi encore ? Ah, ça aurait fait sans doute fait marrer Gainsbourg toutes ces histoires. Currie lui dédit l'album. Et il est bien là, à travers des référence explicites, comme l'"Hippopotamomus" qui en rappelle un autre, comme dans la litanie de références de la "Bluestocking". Et la mélodie de "Song in Contravention" qui transpire l'esprit du bonhomme alors mourant, et qui n'en parait que plus triste, sentiment appuyé par les sonorités spatiales mélancoliques qui indiquent clairement la direction des prochains albums. Mais pour l'instant, Momus jongle avec les samples miniatures, les rythmiques trip-hop faites maison, les envolées un peu psychés et planantes, une électro très sensualiste, des ritournelles de boite à musique, de la mini-techno funky et atmosphérique, bref, Momus ne se contente pas de narrer des histoires dégoulinantes de luxure suspecte, il invente une pop expérimentale à la grammaire et aux couleurs bien personnelles, souvent teintée d'un certain malaise pour peu qu'on ne partage pas son sens de l'humour très particulier. Une pop bricolée, électronique, intime, rigolarde et soyeuse, à la fois sophistiquée et artisanale. En point d'orgue, le très beau "Pornography", synthèse thématique et musicale de la patte de Nick Currie sur cet album où il atteint un nouveau plateau de maîtrise. "Pornography, it's just the stuff of every young girl's dreams. Just a young girl's diary, rendered into photography. It's just the body. Are you scared of the body ? Are you scared of me ?". Un album de pornographe, où la morale n'a pas lieu d'être, où la chair n'est jamais vraiment triste malgré tous les livres lus. Un album classé X, avec de bonnes blagues dedans.

note       Publiée le lundi 4 juin 2012

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Je reviendrai sur Circus Maximus et The Poison Boyfriend un de ces quatre...

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Momus sur Guts, c'est bon ça. Sacré personnage... me souviens encore de la gêne provoquée par Circus Maximus et sa reprise fébrile du grand Jacques (voir un ami pleurer) résonnant dans cette piaule estudiantine baignée d'une lumière blafarde. Un de ces rosbiffs pas facile d'approche dans leur hypersensibilité, leur complexité et leur perversité dandyfique mais vers lesquels je reviens toujours de temps à autre, comme Andy Partridge, un peu... Jamais écouté celui-ci, que j'avais déjà dans le viseur cimpte tenu de son statut quasi-culte, mais ce 6 de Mr 6 invite à presser le pas.